clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée
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parlent expressément <strong><strong>de</strong>s</strong> libéralités royales faites ou promises à tous les<br />
diocèses1. L’hagiographie ne nous mentionne pas une seule fois les re<strong>la</strong>tions du<br />
roi avec quelque saint sans nous faire connaître les ca<strong>de</strong>aux dont il le comb<strong>la</strong>.<br />
Nous l’avons vu prodiguer ses dons aux églises Saint-Martin <strong>de</strong> Tours <strong>et</strong> Saint-<br />
Hi<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> Poitiers ; nous l’avons vu enrichir aussi généreusement saint Germier<br />
<strong>de</strong> Toulouse <strong>et</strong> saint Perp<strong>et</strong> d’Auch ; nous savons avec quelle libéralité il aida<br />
saint Epta<strong>de</strong> à rach<strong>et</strong>er les captifs. Il ne fut pas moins prodigue envers saint<br />
Mé<strong>la</strong>ine <strong>de</strong> Rennes, qui put faire une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> bonnes œuvres avec les<br />
ressources que le roi m<strong>et</strong>tait à sa disposition2. L’église <strong>de</strong> Vannes se glorifiait <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>voir à ses pieuses <strong>la</strong>rgesses le trésor <strong>de</strong> reliques qu’elle conservait <strong>de</strong>puis les<br />
jours <strong>de</strong> saint Paterne, son premier évêque3. L’église <strong>de</strong> Nantes montrait avec<br />
orgueil, dès le douzième siècle, <strong>la</strong> charte contenant les faveurs dont l’avait<br />
comblée le premier roi <strong>de</strong> France4. Ce serait une tâche fastidieuse que <strong>de</strong><br />
relever, dans les biographes <strong>et</strong> les chroniqueurs, les récits souvent légendaires<br />
qui nous ont conservé <strong>la</strong> trace <strong>de</strong> toutes ces générosités, <strong>et</strong> il suffit <strong>de</strong> dire d’une<br />
manière générale que Clovis partagea <strong>la</strong>rgement avec l’Église les richesses<br />
considérables qui affluaient <strong>de</strong> toutes parts dans son trésor <strong>et</strong> dans son domaine.<br />
De tous les pré<strong>la</strong>ts sur lesquels il fit pleuvoir ainsi les preuves <strong>de</strong> sa munificence,<br />
le plus favorisé fut naturellement saint Remi <strong>de</strong> Reims. Dès le neuvième siècle,<br />
nous entendons <strong>la</strong> tradition énumérer les dons qu’il tenait <strong>de</strong> son généreux<br />
filleul. Ils consistaient surtout en domaines territoriaux, répartis dans plusieurs<br />
provinces <strong>de</strong> <strong>la</strong> France. Le saint ne voulut en gar<strong>de</strong>r que quelques-uns, situés<br />
1 De ob<strong>la</strong>tionibus vel agris quos domnus noster rex ecclesiis suo munere conferre<br />
dignatus est, vel adhuc non habentibus Deo inspirante contulerit, ipsorum agrorum vel<br />
clericorum immunitate concessa, id esse justissimum <strong>de</strong>finimus ut... Sirmond, Concilia<br />
Galliæ, I, p. 179 ; Maassen, Concilia ævi merov., I, p. 4.<br />
2 Vita sancti Me<strong>la</strong>nii, dans les Acta Sanctorum <strong><strong>de</strong>s</strong> Bol<strong>la</strong>ndistes. Sur les divers textes <strong>de</strong><br />
c<strong>et</strong>te vie, voir l’Appendice.<br />
3 Un sermon prêché dans <strong>la</strong> cathédrale <strong>de</strong> Nancy au douzième siècle <strong>et</strong> conservé dans le<br />
manuscrit 9093 <strong>la</strong>tin <strong>de</strong> <strong>la</strong> bibliothèque nationale à Paris contient le passage suivant :<br />
Circa initia <strong>et</strong>iam hujus nascentis ecclesiæ, divin misericordiæ dulcor in hoc se aperuit<br />
quod Clodovæus rex Francorum illustrissimus per beatum Paternum patronum nostrum<br />
transmisit huic ecclesiæ <strong><strong>de</strong>s</strong>i<strong>de</strong>rabilem thesaurum vi<strong>de</strong>lic<strong>et</strong> <strong>et</strong>c. Suit une énumération <strong>de</strong><br />
reliques. V. A. <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bor<strong>de</strong>rie, Histoire <strong>de</strong> Br<strong>et</strong>agne, t. I, p. 201, note 2 <strong>et</strong> p. 331.<br />
4 V. dans Dom Morice, Mémoires pour servir <strong>de</strong> preuves à l’histoire <strong>de</strong> Br<strong>et</strong>agne, t. I, p.<br />
547, le texte <strong>de</strong> <strong>la</strong> charte <strong>de</strong> Louis-le-Gros, datée <strong>de</strong> 1123, dans <strong>la</strong>quelle sont rappelées<br />
les libéralités <strong>de</strong> Clovis ; on y lit : Quoniam vir venerabilis Bricius Namn<strong>et</strong>icæ sedis<br />
episcopus præsentiam nostram non absque magno <strong>la</strong>bore itineris humiliter adiit <strong>et</strong><br />
præcepta antiquorum <strong>et</strong> venerabilium Francorum regum Karoli, Clodovæi <strong>et</strong> fini ipsius<br />
Clotarii attulit <strong>et</strong> ostendit, <strong>et</strong>c. L’authenticité <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te charte, contestée par Travers,<br />
Histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>et</strong> du comté <strong>de</strong> Nantes, I, p. 244 <strong>et</strong> par M. C. Port, Dictionnaire <strong>de</strong><br />
Maine-<strong>et</strong>-Loire, t. II, s. v. Loué, est défendue par M. L. Maître, Étu<strong>de</strong> critique sur <strong>la</strong><br />
charte du roi Louis VI, Rennes 1887 <strong>et</strong> par M. A. Luchaire, Louis VI le Gros, Annales <strong>de</strong><br />
sa vie <strong>et</strong> <strong>de</strong> son règne, pp. 153, 323 <strong>et</strong> suivantes. Au surplus, les défenseurs <strong>de</strong><br />
l’authenticité ne sont pas d’accord sur <strong>la</strong> personne <strong>de</strong> ce Clovis, père <strong>de</strong> Clotaire, car<br />
c<strong>et</strong>te désignation convient aussi bien à Clovis II qu’à Clovis Ier ; bien plus, si l’on adm<strong>et</strong><br />
qu’ici Clodovæus équivaut à <strong>la</strong> forme Hludovicus usitée au onzième siècle, on peut penser<br />
à l’une <strong><strong>de</strong>s</strong> séries royales Charlemagne, Louis le Débonnaire <strong>et</strong> Lothaire, ou encore<br />
Charles le Simple, Louis d’Outre-Mer, Lothaire, M. Luchaire penche pour une <strong>de</strong> ces<br />
<strong>de</strong>rnières hypothèses, M. Maître, o. c., <strong>et</strong> M. Orieux (Bull<strong>et</strong>in <strong>de</strong> <strong>la</strong> Société archéologique<br />
<strong>de</strong> Nantes, t. 39, 1898, p. 59), pensent à Clovis Ier. Selon moi, le rédacteur <strong>de</strong> l’acte,<br />
authentique ou non, n’a pu penser qu’à un Clovis, <strong>et</strong> je suis porté à croire que c’est<br />
Clovis Ier.