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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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La nature <strong><strong>de</strong>s</strong> travaux du concile suggère <strong>la</strong> même conclusion. Il n’y est question<br />

aucunement <strong><strong>de</strong>s</strong> besoins spéciaux <strong>de</strong> l’Église dans les provinces où il restait <strong>de</strong>i<br />

popu<strong>la</strong>tions païennes, à convertir. Toutes les résolutions supposent <strong><strong>de</strong>s</strong> contrées<br />

où <strong>la</strong> religion chrétienne est sans rivale. On se borne à légiférer pour <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

diocèses existants ; il n’est point parlé <strong>de</strong> ceux qui ont disparu dans <strong>la</strong> tourmente<br />

du cinquième siècle ; le nom du paganisme <strong>et</strong> <strong>la</strong> mention <strong><strong>de</strong>s</strong> superstitions<br />

païennes ne viennent pas une seule fois sous <strong>la</strong> plume <strong><strong>de</strong>s</strong> greffiers du syno<strong>de</strong>.<br />

Pas une seule fois non plus, les sollicitu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> Pères ne vont au <strong>de</strong>là <strong><strong>de</strong>s</strong> régions<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong>ngue <strong>et</strong> <strong>de</strong> civilisation romaines. La terre <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs germaniques ne semble<br />

pas plus exister pour eux que si elle avait été engloutie par les flots <strong>de</strong> l’Océan.<br />

Après plusieurs jours <strong>de</strong> délibération, le concile, qui avait siégé probablement<br />

dans <strong>la</strong> cathédrale Sainte-Croix, clôtura ses travaux le dimanche 10 juill<strong>et</strong> 511. Il<br />

avait arrêté trente <strong>et</strong> un canons que tous les évêques, Cyprien <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux <strong>et</strong><br />

les autres métropolitains en tête, signèrent avant <strong>de</strong> se séparer. Ces canons<br />

embrassaient un ensemble varié <strong>de</strong> résolutions se rapportant à <strong>la</strong> vie chrétienne,<br />

<strong>et</strong> en particulier au gouvernement ainsi qu’à l’administration <strong>de</strong> l’Église ; nous les<br />

passerons en revue dans un ordre méthodique.<br />

Parmi les questions soumises aux délibérations <strong><strong>de</strong>s</strong> pré<strong>la</strong>ts, il y en avait <strong>de</strong>ux qui<br />

présentaient un intérêt particulier pour l’État : celle du droit d’asile <strong>et</strong> celle du<br />

recrutement du clergé. Il s’agissait <strong>de</strong> délimiter en c<strong>et</strong>te manière les frontières<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux pouvoirs, ou, pour mieux dire, d’é<strong>la</strong>borer <strong><strong>de</strong>s</strong> solutions qui pussent être<br />

accueillies par l’autorité politique.<br />

En ce qui concerne le droit d’asile, l’assemblée confirma les dispositions inscrites<br />

dans le co<strong>de</strong> Théodosien, <strong>et</strong> reproduites dans <strong>la</strong> loi <strong><strong>de</strong>s</strong> Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>et</strong> dans celle<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Visigoths. Elle proc<strong>la</strong>ma le caractère invio<strong>la</strong>ble non seulement du sanctuaire<br />

lui-même, mais encore du vestibule ou atrium qui le précédait, <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> habitations<br />

ecclésiastiques qui entouraient le vestibule. La raison <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te extension <strong>de</strong><br />

l’immunité est manifeste : pour que le droit d’asile ne <strong>de</strong>vînt pas illusoire, il<br />

fal<strong>la</strong>it que le réfugié trouvât un logement dans le pourpris <strong>de</strong> l’édifice sacré ;<br />

sinon, il aurait pu être tenté <strong>de</strong> profaner le lieu saint lui-même en y dressant sa<br />

table <strong>et</strong> son lit. Le concile défendit à l’autorité publique <strong>de</strong> pénétrer dans les<br />

cloîtres pour y chercher le coupable, que ce fût un homici<strong>de</strong>, un adultère, un<br />

voleur, un ravisseur ou un esc<strong>la</strong>ve fugitif ; il défendit aussi au clergé <strong>de</strong> le livrer,<br />

avant que celui qui le poursuivait eût prêté le serment solennel, sur l’Évangile,<br />

qu’il ne. lui infligerait pas <strong>de</strong> châtiment corporel <strong>et</strong> qu’il se contenterait, soit <strong>de</strong><br />

reprendre son esc<strong>la</strong>ve, soit <strong>de</strong> recevoir une compensation. Si l’homme qui avait<br />

prêté ce serment le vio<strong>la</strong>it, il <strong>de</strong>vait être excommunié <strong>et</strong> séparé <strong>de</strong> <strong>la</strong> société <strong>de</strong><br />

tous les catholiques. Si, d’autre part, le coupable ne vou<strong>la</strong>it pas convenir d’une<br />

composition <strong>et</strong> s’enfuyait <strong>de</strong> l’enceinte, on ne pouvait pas en rendre responsable<br />

le clergé. Si c’était un esc<strong>la</strong>ve, <strong>et</strong> qu’il refusât <strong>de</strong> sortir après que son maître<br />

avait prêté le serment requis, alors celui-ci avait le droit d’aller s’emparer <strong>de</strong> sa<br />

personne.<br />

Telle fut <strong>la</strong> forme que le concile d’Orléans donna au droit d’asile dans le royaume<br />

franc1. On conviendra qu’à une époque d’anarchie il constituait une <strong><strong>de</strong>s</strong> plus<br />

singulièrement l’argument que je tire <strong>de</strong> l’absence <strong><strong>de</strong>s</strong> noms <strong><strong>de</strong>s</strong> évêques septentrionaux.<br />

Mais je crois que ce serait une conclusion erronée : on ne voit pas qu’avant le concile <strong>de</strong><br />

Paris on se soit conformé à <strong>la</strong> règle qu’il trace ; d’ailleurs, il est certain que tous les<br />

évêques francs ne furent pas à Orléans, puisque saint Remi y manqua.<br />

1 Canons 1, 2 <strong>et</strong> 3, dans Sirmond, I, p. 178 ; Maassen, pp. 2 <strong>et</strong> 3.

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