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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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péremptoire, que le Vita Vedasti est l’œuvre <strong>de</strong> Jonas, <strong>et</strong> que Grégoire <strong>de</strong> Tours,<br />

loin <strong>de</strong> le copier, lui a au contraire servi <strong>de</strong> source.<br />

La prétention <strong>de</strong> M. Hauck, <strong>de</strong> r<strong>et</strong>rouver isolées les <strong>de</strong>ux versions que Grégoire<br />

<strong>de</strong> Tours aurait contaminées, croule donc par le fon<strong>de</strong>ment, <strong>et</strong> ce n’est pas <strong>la</strong><br />

moindre défectuosité <strong>de</strong> sa thèse. Mais ce n’est pas tout. Les contradictions qu’il<br />

croit découvrir dans le récit <strong>de</strong> Grégoire n’existent, j’ose le dire, que dans son<br />

imagination. Aucun lecteur non prévenu ne les y verra, <strong>et</strong> <strong>de</strong> fait, elles n’ont<br />

jamais frappé les nombreux critiques qui, <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux siècles, ont soumis ce<br />

récit à l’analyse <strong>la</strong> plus minutieuse. Saint Remi, d’après M. Hauck, parle comme<br />

s’il ne savait rien du vœu fait par Clovis. Mais Grégoire <strong>de</strong> Tours, lui, le sait, <strong>et</strong><br />

comme c’est lui qui m<strong>et</strong> dans <strong>la</strong> bouche du saint les paroles dont notre critique<br />

fait état, l’argument s’évanouit en fumée. Prétendre que Grégoire aurait trouvé<br />

ces paroles dans quelque source antérieure, c’est méconnaître le procédé <strong>de</strong><br />

notre auteur, qui consiste à dramatiser <strong>et</strong> à faire le plus possible parler ses<br />

personnages. Rien, au surplus, dans le récit <strong>de</strong> Grégoire, ne perm<strong>et</strong> à Hauck <strong>de</strong><br />

soutenir que <strong>la</strong> guérison <strong>de</strong> son second fils a disposé Clovis à recevoir le baptême<br />

; c’est le contraire qui est vrai, puisqu’immédiatement après avoir raconté c<strong>et</strong>te<br />

guérison, Grégoire ajoute : Regina vero non cessabat predicare, ut Deum verum<br />

cognuscer<strong>et</strong> <strong>et</strong> ido<strong>la</strong> neglegerit. Sed nullo modo ad hæc cre<strong>de</strong>nda poterat<br />

commoveri, donec tan<strong>de</strong>m aliquando bellum contra A<strong>la</strong>mannos commover<strong>et</strong>ur, in<br />

quo compulsus est confiteri necessitate, quod prius voluntate negaverat. Voilà<br />

qui est c<strong>la</strong>ir : Clovis s’est toujours refusé à écouter Clotil<strong>de</strong>, jusqu’à ce qu’il a été<br />

amené, par <strong>la</strong> nécessité, à confesser une foi qu’il ne vou<strong>la</strong>it pas confesser <strong>de</strong><br />

plein gré. Je crois donc être en droit <strong>de</strong> conclure qu’il ne reste rien <strong>de</strong> l’hypothèse<br />

<strong>de</strong> M. Hauck.<br />

M. Levison, plus récemment (Zur Geschichte <strong><strong>de</strong>s</strong> Frankenkœnigs Chlodowech dans<br />

Bonner Jahrbücher, 103) a fait une nouvelle tentative pour écarter le récit <strong>de</strong><br />

Grégoire <strong>de</strong> Tours, en combinant les idées <strong>de</strong> MM. Krusch <strong>et</strong> Hauck. Il<br />

abandonne, à <strong>la</strong> vérité, l’hypothèse ruineuse <strong>de</strong> M. Krusch sur le lieu du baptême<br />

<strong>de</strong> Clovis, <strong>et</strong> il renonce à trouver avec M. Hauck une source <strong>de</strong> Grégoire <strong>de</strong> Tours<br />

dans le Vita Vedasti. Mais à part ces réserves, il adhère entièrement aux vues <strong>de</strong><br />

M. Krusch trouvant <strong><strong>de</strong>s</strong> arguments contre le récit <strong>de</strong> Grégoire <strong>de</strong> Tours dans <strong>la</strong><br />

l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> saint Nizier <strong>et</strong> dans celle <strong>de</strong> saint Avitus, <strong>et</strong> à celles <strong>de</strong> M. Hauck sur les<br />

<strong>de</strong>ux versions contradictoires qui auraient été contaminées par Grégoire <strong>de</strong><br />

Tours. Il découvre même <strong>de</strong> nouvelles difficultés contre le récit <strong>de</strong> celui-ci dans<br />

l’objection faite par Clovis aux instances <strong>de</strong> saint Remi : Populus qui me sequitur<br />

non patitur relinquere <strong>de</strong>os suos. Clovis, dit M. Levison, parle ici comme si<br />

personne ne savait rien <strong>de</strong> son vœu — da macht er, wie wenn niemand von<br />

seinem Gelüb<strong>de</strong> wisse, das Be<strong>de</strong>nken geltend, <strong>et</strong>c. — C<strong>et</strong>te objection ne tient<br />

pas <strong>de</strong>bout : encore une fois, c’est Grégoire <strong>de</strong> Tours qui m<strong>et</strong> ces paroles dans <strong>la</strong><br />

bouche <strong>de</strong> son héros, <strong>et</strong> Grégoire <strong>de</strong> Tours vient <strong>de</strong> raconter le vœu du champ <strong>de</strong><br />

bataille. Et puis, encore une fois, où serait <strong>la</strong> contradiction ? Comme si, au<br />

moment <strong>de</strong> remplir son vœu, Clovis n’avait pas pu être frappé <strong>de</strong> certaines<br />

difficultés, comme s’il n’avait pas dû en entr<strong>et</strong>enir saint Remi, comme si <strong>la</strong><br />

manière même dont il le fait n’attestait pas <strong>de</strong> sa part une résolution déjà<br />

arrêtée, qui est, dans <strong>la</strong> pensée du narrateur, le fruit <strong>de</strong> son vœu ! En vérité, on<br />

est étonné <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir discuter <strong>de</strong> pareilles assertions. Au surplus ce ne sont là,<br />

pour M. Levison, que les bagatelles <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte. Convaincu qu’on ne détruit que<br />

ce qu’on remp<strong>la</strong>ce, il imagine <strong>de</strong> construire un tout autre récit opposé à celui <strong>de</strong><br />

Grégoire <strong>de</strong> Tours. Il part <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te prémisse que <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Tours, bien qu’elle ne<br />

soit pas, comme l’a voulu M. Krusch, le lieu du baptême <strong>de</strong> Clovis, a dû

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