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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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Gaule, <strong><strong>de</strong>s</strong> cités qui lui restèrent fidèles <strong>et</strong> qui s’opposèrent au conquérant, ni<br />

combien <strong>de</strong> temps &ira <strong>la</strong> lutte. Il nous <strong>la</strong>isse ignorer dans quelles circonstances<br />

Syagrius se vit obligé finalement <strong>de</strong> passer <strong>la</strong> frontière gothique, <strong>et</strong> <strong>de</strong> se j<strong>et</strong>er<br />

dans les bras <strong><strong>de</strong>s</strong> anciens ennemis <strong>de</strong> son père ; il ne nous dit pas davantage<br />

pourquoi, au mépris <strong><strong>de</strong>s</strong> lois <strong>de</strong> l’hospitalité, A<strong>la</strong>ric livra à Clovis l’homme qui<br />

était venu se réfugier auprès <strong>de</strong> son foyer. C’est, dit le chroniqueur franc,<br />

l’habitu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> Goths <strong>de</strong> trembler1. C<strong>et</strong>te parole, qui est dictée à Grégoire <strong>de</strong><br />

Tours par son antipathie à <strong>la</strong> fois nationale <strong>et</strong> religieuse pour les Visigoths, est<br />

une bouta<strong>de</strong> <strong>et</strong> non une explication : car encore faudrait-il savoir pourquoi les<br />

Goths tremb<strong>la</strong>ient. Ne nous sera-t-il pas permis, <strong>de</strong>vant le silence <strong>de</strong> nos<br />

sources, <strong>de</strong> tâcher d’arriver à <strong>la</strong> vérité par les considérations suivantes ?<br />

Selon toute apparence, l’extradition <strong>de</strong> Syagrius par A<strong>la</strong>ric <strong>et</strong> <strong>la</strong> conquête <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

régions <strong>de</strong> <strong>la</strong> Loire par Clovis sont dans un rapport d’étroite connexité. Chassé <strong>de</strong><br />

son ancien domaine, soit aussitôt après <strong>la</strong> première bataille, soit, peut-être,<br />

après une série d’échecs successifs, le comte romain avait passé <strong>la</strong> frontière au<br />

moment où tout espoir <strong>de</strong> relever sa fortune semb<strong>la</strong>it définitivement perdu.<br />

Peut-être, dans sa détresse, avait-il fait appel aux armes <strong><strong>de</strong>s</strong> Visigoths ; peutêtre<br />

ceux-ci, en embrassant le parti du vaincu, avaient-ils eu avec le roi <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Francs un premier conflit, au cours duquel <strong>la</strong> fortune <strong><strong>de</strong>s</strong> armes les avait<br />

abandonnés, les forçant à l’acte suprême <strong>de</strong> lâch<strong>et</strong>é que leur imposait le<br />

vainqueur irrité. Ce ne sont pas là <strong>de</strong> simples conjectures, <strong>et</strong> l’on peut s’en<br />

rapporter au témoignage d’un chroniqueur contemporain qui nous fait assister,<br />

en 496 <strong>et</strong> en 498, à <strong><strong>de</strong>s</strong> luttes entre Francs <strong>et</strong> Visigoths à Saintes <strong>et</strong> à Bor<strong>de</strong>aux.<br />

C<strong>et</strong>te lutte ne fut pas tout à fait désastreuse pour les Visigoths : s’ils virent<br />

l’ennemi s’avancer jusqu’au cœur <strong>de</strong> leur royaume, ils surent lui arracher une<br />

partie <strong>de</strong> ses conquêtes, <strong>et</strong> le roi franc comprit qu’il avait intérêt à ne pas les<br />

pousser au désespoir. Il <strong>la</strong>issait <strong>de</strong>rrière lui <strong>la</strong> Gaule récemment conquise <strong>et</strong> où,<br />

sans doute, il restait encore <strong><strong>de</strong>s</strong> partisans <strong>de</strong> Syagrius ; il <strong>de</strong>vait s’efforcer d’y<br />

asseoir sa puissance <strong>et</strong> <strong>de</strong> s’y rendre popu<strong>la</strong>ire, plutôt que <strong>de</strong> combattre au loin<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> perm<strong>et</strong>tre à ses adversaires d’intriguer contre lui. De leur côté, les<br />

Visigoths vaincus, qui n’avaient aucune raison <strong>de</strong> défendre jusqu’à <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière<br />

extrémité le fils <strong>de</strong> leur ennemi, sentant au contraire le besoin <strong>de</strong> se recueillir<br />

après le règne persécuteur d’Euric, qui avait ébranlé <strong>la</strong> fidélité <strong><strong>de</strong>s</strong> provinces<br />

gauloises, durent croire qu’ils n’achèteraient pas <strong>la</strong> paix à un prix trop élevé, si,<br />

en échange <strong>de</strong> l’intégrité <strong>de</strong> leur territoire, ils livraient à Clovis l’hôte gênant qui<br />

attendait à Toulouse l’arrêt du <strong><strong>de</strong>s</strong>tin. Ce serait donc seulement à <strong>la</strong> fin <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

événements racontés dans ce chapitre <strong>et</strong> dans une partie du précé<strong>de</strong>nt qu’il<br />

faudrait p<strong>la</strong>cer l’extradition <strong>et</strong> <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> Syagrius2. La tragique <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée du fils<br />

d’Ægidius était, dans une époque comme celle-là, l’inévitable dénouement d’une<br />

lutte personnelle entre <strong>de</strong>ux rivaux se disputant le pouvoir. Depuis <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles, il<br />

était dans <strong>la</strong> tradition romaine que le vainqueur se débarrassait <strong>de</strong> ses<br />

compétiteurs par <strong>la</strong> mort. Et Syagrius n’était pas <strong>de</strong> ces rivaux qui peuvent se<br />

1 Ut Gothorum pavere mos est. (Grégoire <strong>de</strong> Tours, H. F., II, 27.)<br />

2 Quoi qu’on pense <strong>de</strong> toutes ces conjectures, sur lesquelles cf. Levison, Zur Geschichte<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Frankenkönigs Chlodovech dans Bonner Jahrbücher, t. 403, il est une chose que sans<br />

doute on m’accor<strong>de</strong>ra, à savoir que les événements dont Grégoire nous donne un résumé<br />

si sommaire se répartissent sur un certain espace <strong>de</strong> temps, <strong>et</strong> comprennent <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

péripéties que te narrateur a passées sous silence Que l’on veuille bien comparer, sous<br />

ce rapport, l’histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre contre les A<strong>la</strong>mans, qui, dans Grégoire, tient encore<br />

une fois dans quelques lignes, <strong>et</strong> dont les recherches mo<strong>de</strong>rnes nous ont fait connaître<br />

les diverses phases <strong>et</strong> <strong>la</strong> durée prolongée. (V. ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sous.)

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