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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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indique que <strong>la</strong> tradition remonte à une époque où <strong>la</strong> règle bénédictine ne s’était<br />

pas encore introduite en Gaule. A voir c<strong>et</strong>te <strong>antique</strong> maison’ surgir si près du<br />

berceau <strong>de</strong> <strong>la</strong> monarchie salienne, n’est-on pas autorisé à croire que Clovis aura<br />

voulu consacrer à <strong>la</strong> patrie <strong>de</strong> ses pères <strong>la</strong> première <strong>de</strong> ses fondations<br />

monastiques, <strong>et</strong> que ce cloître dédié à saint Georges aura d le jour à un vœu du<br />

roi très chrétien ?<br />

Pour trouver un souvenir rattaché à l’histoire <strong>de</strong> Clovis par une tradition aussi<br />

ancienne <strong>et</strong> aussi oubliée que celle <strong>de</strong> Baralle, il faut gagner l’extrémité<br />

méridionale du royaume, où Junant, dans le Quercy, se réc<strong>la</strong>mait, dès le<br />

neuvième siècle, du puissant conquérant <strong>de</strong> l’Aquitaine. Située dans <strong>la</strong> vallée du<br />

Lot, à une lieue environ <strong>de</strong> Figeac, l’abbaye était une <strong>de</strong> ces maisons mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tes<br />

<strong>et</strong> obscures comme il en a surgi beaucoup pendant les premiers âges <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie<br />

monastique en Gaule. Ses courtes annales ne contiennent rien, si ce n’est<br />

l’histoire <strong>de</strong> sa naissance <strong>et</strong> celle <strong>de</strong> sa mort, toutes <strong>de</strong>ux racontées avec c<strong>et</strong>te<br />

simplicité absolue qui exclut toute idée <strong>de</strong> fiction. Saint-Martin <strong>de</strong> Junant, dit un<br />

écrivain du douzième siècle, fut fondé par Clovis en l’honneur du saint évêque <strong>de</strong><br />

Tours, <strong>et</strong> doté d’honneurs <strong>et</strong> <strong>de</strong> richesses1. L’endroit <strong>de</strong> <strong>la</strong> vallée où s’élevait<br />

l’abbaye était fort resserré <strong>et</strong> exposé aux fréquentes inondations du Lot, ce qui<br />

empêchait <strong>la</strong> maison <strong>de</strong> se développer, <strong>et</strong> <strong>la</strong> maintenait en permanence dans un<br />

état <strong>de</strong> ruine <strong>et</strong> <strong>de</strong> dé<strong>la</strong>brement. Au neuvième siècle, le roi Pépin d’Aquitaine, fils<br />

<strong>de</strong> Louis le Débonnaire, imagina <strong>de</strong> <strong>la</strong> rattacher à l’abbaye Sainte Foi <strong>de</strong><br />

Conques, fondation <strong>de</strong> l’époque <strong>de</strong> Charlemagne. Seulement, quand il s’agit <strong>de</strong><br />

recueillir à Conques <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> Junant, les bâtiments se trouvèrent trop<br />

p<strong>et</strong>its, <strong>et</strong> alors on résolut <strong>de</strong> construire une succursale <strong>de</strong> Conques à Figeac, sur<br />

<strong>la</strong> Selle. Junant fut complètement abandonné ; ses édifices tombèrent en ruines,<br />

<strong>la</strong> trace même en disparut bientôt, <strong>et</strong>, sans le nom glorieux du conquérant <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Gaule associé au souvenir <strong>de</strong> ses premiers jours, l’histoire aurait oublié jusqu’à<br />

son existence. Combien ce souvenir doit avoir été vivace il y a mille ans, puisque<br />

<strong>de</strong>puis lors il a pu arriver intact jusqu’à nous, à travers <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles d’indifférence<br />

pendant lesquels il n’y avait plus personne pour s’y intéresser ! Rien ne p<strong>la</strong>i<strong>de</strong><br />

mieux en faveur <strong>de</strong> sa vénérable antiquité que ce rare phénomène <strong>de</strong><br />

conservation. Comme Baralle, Junant nous offre une tradition constituée dès le<br />

neuvième siècle, <strong>et</strong> à <strong>la</strong>quelle les générations n’ont plus rien ajouté. Il serait<br />

difficile <strong>de</strong> ne pas attribuer à ces <strong>de</strong>ux maisons le premier rang parmi toutes<br />

celles qui m<strong>et</strong>tent leurs origines sous le patronage <strong>de</strong> Clovis2. Junant n’est pas<br />

d’ailleurs le seul monastère d’Aquitaine qui ait <strong>de</strong> si grands souvenirs. La ville<br />

d’Auch, qui nous a déjà raconté une si curieuse tradition sur l’entrée <strong>de</strong> Clovis<br />

dans son enceinte, se souvenait également que l’abbaye <strong>de</strong> Saint-Martin, bâtie à<br />

ses portes, avait été fondée par lui à <strong>la</strong> prière <strong>de</strong> <strong>la</strong> reine Clotil<strong>de</strong>. Elle vou<strong>la</strong>it<br />

aussi qu’il eût ensuite fait don <strong>de</strong> ce monastère à l’église Notre-Dame d’Auch, <strong>et</strong><br />

il n’y a rien que <strong>de</strong> vraisemb<strong>la</strong>ble dans c<strong>et</strong>te version, bien que sous sa forme<br />

1 Circuiensque vicina loca, in Caturcinio in loco qui Junantus (Vinantus dans Chavanon,<br />

Adhémar <strong>de</strong> Chabannes, p. 21.) dicitur monasterium in honore beati Martini construxit <strong>et</strong><br />

ob amorem ipsius confessoris maximis honoribus ac diversis thesauris abundantissime<br />

ditavit. D’après le manuscrit d’Adhémar <strong>de</strong> Chabannes, dans Scriptores Rerum Meroving.,<br />

t. II, p. 210, note.<br />

2 Voir le manuscrit 2 d’Adhémar <strong>de</strong> Chabannes (douzième siècle), ad ann. 754 (M. G. H.,<br />

Scriptores, IV, p. 114). Les faux titres <strong>de</strong> Figeac ont fort embrouillé toute c<strong>et</strong>te question<br />

d’origines monastiques ; on <strong>la</strong> trouve tirée au c<strong>la</strong>ir dans G. Desjardins, Essai sur le<br />

cartu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> l’abbaye <strong>de</strong> Sainte-Foi <strong>de</strong> Conques en Rouergue (Bibl. <strong>de</strong> l’école <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Chartes, t. XXXIII, 1812).

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