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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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du Rhin en étaient pourvues ? Il faudrait répondre non, s’il suffisait qu’une thèse<br />

fût vraisemb<strong>la</strong>ble pour être vraie. Il faudrait répondre oui, si l’on pouvait soutenir<br />

qu’un fait historique n’a pas existé du moment qu’il n’est pas attesté à<br />

suffisance. Sans doute, les traditions <strong>de</strong> Reims <strong>et</strong> <strong>de</strong> Trèves font <strong>de</strong> saint Sixte <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> saint Materne <strong><strong>de</strong>s</strong> disciples du prince <strong><strong>de</strong>s</strong> Apôtres ; mais leur valeur est loin<br />

d’être à l’abri <strong>de</strong> toute contestation, <strong>et</strong> on ne peut opposer aucun argument<br />

péremptoire aux critiques qui veulent faire <strong><strong>de</strong>s</strong>cendre l’un <strong>et</strong> l’autre jusqu’au<br />

milieu du troisième siècle. Qu’importe d’ailleurs ? Ce qui est certain, c’est que les<br />

sièges <strong>de</strong> Reims <strong>et</strong> <strong>de</strong> Trèves sont les plus anciens <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux Belgiques, <strong>et</strong> qu’ils<br />

ont surgi bien avant que l’édit <strong>de</strong> Constantin reconnût les droits <strong>de</strong> l’Eglise<br />

catholique à l’existence.<br />

Quant aux autres sièges épiscopaux, ils n’ont pas l’antiquité <strong>de</strong> ceux <strong><strong>de</strong>s</strong> quatre<br />

métropoles. C’est en vain qu’ils exhibent <strong><strong>de</strong>s</strong> généalogies par lesquelles .ils<br />

préten<strong>de</strong>nt remonter jusqu’à saint Pierre. Les légen<strong><strong>de</strong>s</strong> qui leur attribuent une si<br />

illustre origine sont récentes, <strong>et</strong> l’on s’aperçoit, à leur manque <strong>de</strong> n<strong>et</strong>t<strong>et</strong>é <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

précision, combien elles sont peu sûres <strong>de</strong> ce qu’elles racontent. Ni saint Materne<br />

<strong>de</strong> Tongres, ni saint Saintin <strong>de</strong> Verdun, ni saint Mansuy <strong>de</strong> Toul, ni saint Lucien<br />

<strong>de</strong> Beauvais, ni saint Piaton <strong>de</strong> Tournai ne peuvent considérés comme <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

personnages du premier siècle. Pour les sièges d’Arras, <strong>de</strong> Thérouanne <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

Cambrai, ils sont, <strong>de</strong> leur propre aveu, postérieurs à l’époque apostolique,<br />

puisqu’ils ne se sont jamais réc<strong>la</strong>més <strong>de</strong> saint Pierre ni <strong>de</strong> ses disciples. S’ils ont<br />

eu <strong><strong>de</strong>s</strong> chrétiens avant <strong>la</strong> date où apparaît leur premier pasteur connu, c’est à<br />

Reims ou à Trèves qu’ils avaient alors leur évêque. On n’enlève rien à<br />

l’ancienn<strong>et</strong>é <strong>de</strong> leur foi en le constatant, <strong>et</strong> en s’efforçant <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre leurs annales<br />

primitives d’accord avec les enseignements généraux <strong>de</strong> l’histoire.<br />

Les diocèses <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième Belgique ont d’ailleurs une gloire plus haute <strong>et</strong> plus<br />

enviable, qu’on leur contestera moins facilement. A l’exemple <strong><strong>de</strong>s</strong> églises <strong>de</strong><br />

Reims, <strong>de</strong> Trèves <strong>et</strong> <strong>de</strong> Cologne, plusieurs trempent leurs racines dans un sol<br />

arrosé en abondance par le sang <strong><strong>de</strong>s</strong> martyrs. Elles ont rendu témoignage du<br />

Christ ré<strong>de</strong>mpteur <strong>de</strong>vant les juges <strong>et</strong> <strong>de</strong>vant les bourreaux, <strong>et</strong> le scepticisme le<br />

plus systématique ne peut, écarter <strong>la</strong> masse imposante <strong><strong>de</strong>s</strong> traditions qui<br />

établissent ce grand fait. Quelque part qu’il faille accor<strong>de</strong>r à l’imagination dans<br />

les récits <strong><strong>de</strong>s</strong> hagiographes locaux, l’œil découvre, sous le tissu <strong><strong>de</strong>s</strong> légen<strong><strong>de</strong>s</strong>, le<br />

fond <strong>de</strong> vérité historique qu’elles se sont attachées à orner <strong>de</strong> fleurs. Dès le<br />

quatrième siècle, Cologne vénérait, dans un oratoire aujourd’hui remp<strong>la</strong>cé par<br />

l’église Sainte-Ursule, les vierges qui avaient versé leur sang pour le nom du<br />

Christ1. La gloire <strong><strong>de</strong>s</strong> martyrs thébéens, dont les reliques se conservent dans les<br />

principales villes rhénanes, était célébrée dès lors ; Cologne leur rendait un<br />

culte2, <strong>et</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Xanten vénérait, dans les saints Mallosus <strong>et</strong> Victor, <strong>de</strong>ux<br />

soldats <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te pha<strong>la</strong>nge héroïque3. Reims, au sixième siècle, se souvenait avec<br />

reconnaissance <strong>de</strong> Timothée <strong>et</strong> d’Apollinaire, dont l’un périt pour avoir prêché<br />

l’Evangile au peuple, <strong>et</strong> l’autre pour s’être converti en assistant à son supplice4.<br />

Saint Piaton à Tournai, saint Quentin5 dans <strong>la</strong> ville qui porte aujourd’hui son<br />

1 V. l’inscription <strong>de</strong> Clematius dans Leb<strong>la</strong>nt, Inscriptions chrétiennes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule, I, p.<br />

570, qui <strong>la</strong> dit antérieure à 464 <strong>de</strong> notre ère. Klinkenberg, dans les Bonner Jahrbücher, t.<br />

LXXXVIII, <strong>la</strong> croit <strong>de</strong> <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> moitié du quatrième siècle.<br />

2 Grégoire <strong>de</strong> Tours, Gloria Martyrum, c. 64.<br />

3 Grégoire <strong>de</strong> Tours, Gloria Martyrum, c. 63.<br />

4 Grégoire <strong>de</strong> Tours, Gloria Martyrum, c. 54 ; Flodoard, Hist. Ecclés. rem., I, IV.<br />

5 Vita S. Eligii, l. II, c. 7.

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