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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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sauveur, dép<strong>la</strong>ce en un seul moment le centre <strong>de</strong> gravité <strong>de</strong> l’histoire, crée <strong>la</strong><br />

première <strong><strong>de</strong>s</strong> nations catholiques, <strong>et</strong> m<strong>et</strong> dans ses mains le gouvernail <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

civilisation. Pour ceux qui dédaigneraient d’accor<strong>de</strong>r quelque attention aux luttes<br />

intérieures <strong>de</strong> <strong>la</strong> conscience religieuse, les plus émouvantes <strong>et</strong> les plus nobles <strong>de</strong><br />

toutes, il y a, dans <strong>la</strong> gran<strong>de</strong>ur historique <strong>de</strong> ces résultats, <strong>de</strong> quoi attirer au<br />

moins, sur <strong>la</strong> conversion <strong>de</strong> Clovis, l’intérêt qui s’attache aux événements les<br />

plus considérables <strong>de</strong> l’ordre politique.<br />

En faisant dépendre tant <strong>de</strong> conséquences <strong>de</strong> <strong>la</strong> solution d’un problème<br />

psychologique, nous n’entendons pas présenter c<strong>et</strong>te solution comme un acte<br />

improvisé, ou comme un résultat sans cause. Beaucoup <strong>de</strong> circonstances<br />

s’étaient réunies pour acheminer en quelque sorte le roi franc vers le Dieu <strong>de</strong><br />

Clotil<strong>de</strong>, ou, si l’on veut ; pour fermer les issues par lesquelles son âme, à l’heure<br />

d’une délibération solennelle, eût pu s’en aller du côté d’une autre foi. Nous les<br />

avons vues se grouper <strong>et</strong> faire cercle autour <strong>de</strong> lui, <strong>et</strong> l’on peut dire, sous un<br />

certain rapport, que sa conscience était comme investie. Mais, pour qu’elle se<br />

rendit, il fal<strong>la</strong>it le mouvement libre <strong>et</strong> spontané d’une volonté qui gardait l’empire<br />

d’elle-même. Clovis eût pu, comme d’autres barbares illustres, comme<br />

Gon<strong>de</strong>baud, comme Théodoric le Grand, rester sourd à <strong>la</strong> voix qui sortait <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

choses, <strong>et</strong> refuser <strong>de</strong> j<strong>et</strong>er, dans <strong>la</strong> ba<strong>la</strong>nce du temps, le poids <strong>de</strong> <strong>la</strong> parole<br />

décisive. Sa gran<strong>de</strong>ur vient <strong>de</strong> l’avoir prononcée, sous l’influence <strong>de</strong> <strong>la</strong> grâce<br />

sans doute, mais dans <strong>la</strong> plénitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> sa liberté. Toutes les péripéties <strong>de</strong><br />

l’histoire sont venues, pendant quatorze siècles, prendre le mot d’ordre <strong>de</strong> son<br />

libre arbitre souverain.<br />

La victoire <strong>de</strong> Clovis avait une telle importance au point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l’histoire du<br />

mon<strong>de</strong>, qu’on a presque perdu <strong>de</strong> vue ses résultats immédiats. Et pourtant ils<br />

ont été considérables. D’emblée, le danger alémanique était définitivement<br />

écarté. Après avoir été, pendant <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles, <strong>la</strong> terreur <strong>de</strong> l’Empire, après avoir<br />

voulu <strong>de</strong>venir <strong>la</strong> terreur du peuple franc, c<strong>et</strong>te fière nation n’inspirait plus à ses<br />

voisins que <strong><strong>de</strong>s</strong> sentiments <strong>de</strong> pitié. Le vainqueur n’avait pas daigné poursuivre<br />

ses avantages : sur le champ <strong>de</strong> bataille, il avait accordé <strong>la</strong> paix à ce peuple sans<br />

roi, qui lui tendait <strong><strong>de</strong>s</strong> mains suppliantes. Un contemporain félicite Clovis d’avoir<br />

usé <strong>de</strong> miséricor<strong>de</strong> en c<strong>et</strong>te occasion, <strong>et</strong> déc<strong>la</strong>re que les A<strong>la</strong>mans témoignaient<br />

leur bonheur par <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>la</strong>rmes <strong>de</strong> joie1. Le roi <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs inaugurait par un acte <strong>de</strong><br />

clémence son entrée dans <strong>la</strong> famille <strong><strong>de</strong>s</strong> rois chrétiens.<br />

Mais les A<strong>la</strong>mans ne se résignèrent pas longtemps à porter le joug. Le premier<br />

abattement passé, ils relevèrent <strong>la</strong> tête, <strong>et</strong> probablement ils refusèrent <strong>de</strong> payer<br />

le tribut que le vainqueur leur avait imposé en signe d’hégémonie. Comment eûtil<br />

pu en être autrement ? Ils étaient nombreux encore, ceux d’entre eux que <strong>la</strong><br />

bataille avait épargnés, <strong>et</strong> que n’effrayaient pas les chances d’un nouveau<br />

recours à <strong>la</strong> fortune <strong><strong>de</strong>s</strong> armes, sans compter les jeunes gens qui n’avaient pas<br />

été <strong>de</strong> <strong>la</strong> défaite, <strong>et</strong> qui brû<strong>la</strong>ient d’être <strong>de</strong> <strong>la</strong> revanche. La générosité même avec<br />

<strong>la</strong>quelle Clovis les avait traités avait enhardi ces âmes farouches, pour qui <strong>la</strong><br />

modération était trop souvent l’équivalent <strong>de</strong> <strong>la</strong> lâch<strong>et</strong>é. Ils reprirent donc les<br />

armes, <strong>et</strong> il fallut, pour les réduire, <strong>de</strong> nouveaux combats. Ces combats<br />

paraissent s’être échelonnés sur plusieurs <strong><strong>de</strong>s</strong> années suivantes, <strong>et</strong> n’avoir pris<br />

fin que dans les premières années du sixième siècle. C<strong>et</strong>te fois, ce fut pour les<br />

A<strong>la</strong>mans non plus <strong>la</strong> défaite, mais l’écrasement. Poursuivis l’épée dans les reins<br />

par un vainqueur exaspéré, ils abandonnèrent en masse les heureuses vallées du<br />

1 S. Avitus, Epislolæ, l. c.

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