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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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fleuve avaient concentré leurs convoitises sur les riches <strong>et</strong> fertiles terres <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Ubiens, protégées par <strong>la</strong> puissante position <strong>de</strong> Cologne. Tout le quatrième siècle,<br />

ils furent tenus en échec par les empereurs, qui s’étaient établis à Trèves pour<br />

mieux les surveiller, <strong>et</strong> ils ne parvinrent pas à prendre pied sur <strong>la</strong> rive gauche<br />

d’une manière définitive. C’est seulement après le passage <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> invasion<br />

<strong>de</strong> 406 qu’elle leur tomba dans les mains, comme une proie sans maître.<br />

Ils entrèrent victorieux, <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te fois pour toujours, dans les murs <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong><br />

métropole du Rhin, <strong>et</strong> il est probable qu’ils ne lui épargnèrent aucune <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

atrocités <strong>de</strong> <strong>la</strong> conquête. Les Ubiens, <strong>de</strong> temps immémorial, étaient odieux à<br />

leurs congénères barbares ; leur complète conversion à <strong>la</strong> vie romaine les iso<strong>la</strong>it<br />

au milieu <strong>de</strong> leur race. Aussi peut-on croire que tout un fond <strong>de</strong> vieilles rancunes<br />

se déchargea sur <strong>la</strong> ville <strong>et</strong> sur le <strong>pays</strong>. L’incendie <strong><strong>de</strong>s</strong> monuments <strong>et</strong> le massacre<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> habitants étaient, en ces rencontres, le commencement <strong>de</strong> toute conquête ;<br />

après venait <strong>la</strong> spoliation violente <strong><strong>de</strong>s</strong> riches, qui <strong>de</strong>vaient cé<strong>de</strong>r leurs biens aux<br />

vainqueurs, heureux d’avoir <strong>la</strong> vie sauve à ce prix. Nous connaissons une <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

victimes <strong>de</strong> <strong>la</strong> catastrophe où sombra l’ancienne prospérité <strong>de</strong> Cologne : c’est<br />

une riche veuve, parente <strong>de</strong> Salvien, à qui <strong>la</strong> conquête enleva tout ce qu’elle<br />

possédait, <strong>et</strong> qui fut réduite à se m<strong>et</strong>tre en service chez les femmes <strong><strong>de</strong>s</strong> barbares<br />

ses spoliateurs1. La <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te matrone fut sans doute le lot commun <strong>de</strong><br />

toute l’aristocratie colonaise qui avait échappé au fer <strong><strong>de</strong>s</strong> conquérants.<br />

Toutefois, quand l’ivresse du carnage fut passée, ce qui survivait <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<br />

romaine ne fut plus inquiété dans sa condition diminuée. Romains <strong>et</strong> barbares<br />

cohabitèrent tranquillement dans l’enceinte démantelée, à l’ombre <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

monuments mutilés par Id violence <strong>et</strong> consumés par le feu. Les premiers<br />

continuèrent même pendant longtemps <strong>de</strong> former le fond <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<br />

colonaise ; ils ne furent assimilés qu’à <strong>la</strong> longue, grâce à l’afflux incessant <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

éléments barbares qui <strong>de</strong> <strong>la</strong> campagne se versaient dans <strong>la</strong> ville. Aujourd’hui<br />

encore, il n’est aucune partie <strong>de</strong> l’Allemagne où le mé<strong>la</strong>nge <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux races<br />

s’accuse dans un plus heureux ensemble <strong>de</strong> qualités diverses. C’est <strong>de</strong> leurs<br />

ancêtres, les Ubiens romanisés, que les Rhénans tiennent c<strong>et</strong>te humeur facile <strong>et</strong><br />

c<strong>et</strong>te vivacité d’esprit qui les distinguent <strong><strong>de</strong>s</strong> autres tribus germaniques, <strong>et</strong> qui<br />

est comme le souvenir <strong>de</strong> leur <strong>antique</strong> parenté avec les peuples <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule.<br />

Le nom <strong><strong>de</strong>s</strong> Ripuaires, sous lequel il est convenu <strong>de</strong> désigner tous les Francs<br />

d’arrière-gar<strong>de</strong> qui n’avaient pas quitté les rives du Rhin, ne fut dans l’origine<br />

qu’une simple désignation géographique. Re<strong>la</strong>tivement récent, puisqu’il apparaît<br />

pour <strong>la</strong> première fois dans un chroniqueur du sixième siècle2, il s’appliquait aux<br />

diverses peup<strong>la</strong><strong><strong>de</strong>s</strong> franques connues sous les noms <strong>de</strong> Chattes, d’Ampsivariens,<br />

<strong>de</strong> Hattuariens, <strong>de</strong> Bructères, dont les noms particuliers disparaissent <strong>de</strong><br />

l’histoire à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> fin du cinquième siècle. Tous ils ne forment plus qu’une<br />

seule <strong>et</strong> même nation, <strong>et</strong> ils vivent, on ne sait à partir <strong>de</strong> quand, sous l’autorité<br />

d’un seul roi. Le royaume <strong><strong>de</strong>s</strong> Ripuaires s’étendait sur les <strong>de</strong>ux rives du Rhin<br />

<strong>de</strong>puis l’île <strong><strong>de</strong>s</strong> Bataves jusqu’à <strong>la</strong> Lahn sur <strong>la</strong> rive droite, jusqu’au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> Trèves<br />

<strong>et</strong> à <strong>la</strong> haute Moselle sur <strong>la</strong> rive gauche. Si, comme on est autorisé à le croire, les<br />

Chattes avaient été rattachés aux Ripuaires, les frontières méridionales du<br />

royaume al<strong>la</strong>ient jusqu’à Mayence. Vers l’ouest, où <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> soumission <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Thuringiens belges par Clovis il confinait aux Saliens, il avait pour limite probable<br />

le cours inférieur <strong>de</strong> <strong>la</strong> Meuse. C’était, dans l’ensemble, un grand <strong>et</strong> beau<br />

1 Salvien, Epist., I.<br />

2 Dans Jordanès, c. 36, à l’occasion <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre contre Atti<strong>la</strong> en 451.

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