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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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campagne, <strong>et</strong> était arrivé au moins à <strong>la</strong> vingtième année. Des trois fils <strong>de</strong><br />

Clotil<strong>de</strong>, Clodomir, l’aîné, pouvait avoir seize ans ; les <strong>de</strong>ux autres, Chil<strong>de</strong>bert <strong>et</strong><br />

Clotaire, les suivaient <strong>de</strong> près. A côté <strong>de</strong> ces princes grandissait une fille qui<br />

portait, comme sa mère, le nom <strong>de</strong> Clotil<strong>de</strong>, <strong>et</strong> qui était encore enfant lorsque<br />

son père mourut1. L’héritage paternel fut morcelé en quatre parts, dont <strong>la</strong> plus<br />

considérable sans contredit fut celle <strong>de</strong> Thierry Ier. Outre l’Austrasie, on lui<br />

attribua encore les provinces dont il avait lui-même fait <strong>la</strong> conquête pendant <strong>la</strong><br />

guerre <strong>de</strong> 507, c’est-à-dire l’Auvergne avec le Ve<strong>la</strong>y, le Gévaudan, le Rouergue<br />

<strong>et</strong> le Quercy. Les héritiers du glorieux fondateur <strong>de</strong> <strong>la</strong> France eurent son énergie<br />

<strong>et</strong> ses qualités guerrières : ils continuèrent son œuvre, conquirent <strong>la</strong> Bourgogne,<br />

achevèrent <strong>la</strong> soumission <strong>de</strong> l’Aquitaine, domptèrent <strong>la</strong> Thuringe <strong>et</strong> humilièrent <strong>la</strong><br />

Saxe. Ils comprirent aussi l’influence sociale du christianisme, <strong>et</strong>, les premiers,<br />

ils firent passer dans les lois civiles quelques-unes <strong><strong>de</strong>s</strong> principales prescriptions<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> loi canonique. Si l’on ne connaissait leur vie privée, ils auraient <strong><strong>de</strong>s</strong> titres au<br />

respect <strong>de</strong> <strong>la</strong> postérité. Mais leurs tempéraments étaient d’une frénésie <strong>et</strong> d’une<br />

brutalité qui les ramenaient bien au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> Clovis, dans les âges les plus<br />

sombres <strong>de</strong> <strong>la</strong> barbarie primitive.<br />

Clotil<strong>de</strong> cependant vieillissait dans l’espèce d’isolement moral qui lui faisait sa<br />

supériorité sur son milieu. Sa vie, à partir <strong>de</strong> son veuvage, fut plus que jamais<br />

une suite <strong>de</strong> bonnes œuvres. Elle se faisait vénérer <strong>de</strong> tous, écrit un<br />

contemporain. L’aumône remplissait ses journées, <strong>et</strong> elle passait <strong>la</strong> nuit à veiller<br />

<strong>et</strong> à prier. Ses <strong>la</strong>rgesses ne cessèrent <strong>de</strong> se répandre sur les monastères <strong>et</strong> sur<br />

les lieux saints. La chast<strong>et</strong>é, <strong>la</strong> dignité <strong>la</strong> plus parfaite furent <strong>la</strong> marque <strong>de</strong> toute<br />

sa vie. Insensible aux vaines préoccupations du siècle, c<strong>et</strong>te femme qui avait<br />

pour fils <strong><strong>de</strong>s</strong> rois était un modèle d’humilité. Ce n’était pas une reine, c’était, à <strong>la</strong><br />

l<strong>et</strong>tre, une fidèle <strong>et</strong> consciencieuse servante <strong>de</strong> Dieu2.<br />

Nombreuses sont les églises qui se vantent <strong>de</strong> l’avoir eue pour fondatrice. On cite<br />

parmi les plus célèbres Saint-Georges <strong>de</strong> Chelles, où elle mit une p<strong>et</strong>ite<br />

congrégation <strong>de</strong> religieuses qui fut plus tard augmentée par <strong>la</strong> reine Bathil<strong>de</strong>, <strong>et</strong><br />

qui <strong>de</strong>vint une <strong><strong>de</strong>s</strong> perles monastiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> France, A Laon <strong>et</strong> à Tours, elle éleva<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> monastères qu’elle consacra, comme celui <strong>de</strong> Paris, au prince <strong><strong>de</strong>s</strong> apôtres. A<br />

Reims <strong>et</strong> à Rouen, elle répara <strong>et</strong> agrandit <strong><strong>de</strong>s</strong> églises qui avaient le même saint<br />

pour patron. A Andély, elle bâtit un couvent qu’elle p<strong>la</strong>ça sous l’invocation <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

sainte Vierge3. A Auxerre, elle éleva une superbe basilique sur le tombeau <strong>de</strong><br />

saint Germain4. La dévotion particulière qu’elle avait toujours eue pour saint<br />

Martin <strong>de</strong> Tours l’attira <strong>de</strong> bonne heure près du tombeau <strong>de</strong> ce saint : elle finit<br />

1 Sur Théo<strong>de</strong>chil<strong>de</strong>, voir ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus. Sur une autre prétendue fille du nom d’Emma ou<br />

d’Emmia, qui figure dans le martyrologe d’Usard, au 4 novembre, sous c<strong>et</strong>te indication :<br />

Sancta Emmia virgo eximiœ sanclitatis filia Chlodovei regis, voir Adrien <strong>de</strong> Valois, Rerum<br />

francicarum libri VIII, t. I, p. 32. Le prétendant Mun<strong>de</strong>ric, dont Grégoire <strong>de</strong> Tours raconte<br />

l’aventure (H. F., III, 14) semble avoir voulu se faire passer pour un fils <strong>de</strong> Clovis, né,<br />

comme Théodoric, d’une alliance irrégulière, peut-être <strong>de</strong> <strong>la</strong> même mère ; du moins nous<br />

voyons qu’il ne veut partager qu’avec Théodoric, <strong>et</strong> non avec les fils <strong>de</strong> Clotil<strong>de</strong>. Mais<br />

Grégoire <strong>de</strong> Tours montre par son récit même qu’il ne croit pas à <strong>la</strong> parenté.<br />

2 Grégoire <strong>de</strong> Tours, III, 18.<br />

3 Vita sanctæ Chlothildis, c. 11-13, dans M. G. H., Scriptores Rer. Meroving., t. I, pp.<br />

346-347.<br />

4 Miracu<strong>la</strong> sancti Germani Autissiodorensis, dans les Acta Sanctorum <strong><strong>de</strong>s</strong> Bol<strong>la</strong>ndistes, 31<br />

juill<strong>et</strong>, t. VII, p. 263.

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