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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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Ils furent exterminés, répond avec assurance un chroniqueur du huitième siècle.<br />

Clovis <strong>la</strong>issa <strong><strong>de</strong>s</strong> garnisons franques dans <strong>la</strong> Saintonge <strong>et</strong> dans le Bor<strong>de</strong><strong>la</strong>is pour<br />

détruire <strong>la</strong> race gothique1. Et Grégoire <strong>de</strong> Tours, plus autorisé, nous apprend que<br />

Clovis, maître d’Angoulême, en chassa les Goths2. Ces témoignages sont<br />

formels, <strong>et</strong> ils reçoivent une remarquable confirmation <strong>de</strong> ce fait qu’à partir <strong>de</strong><br />

508, on ne trouve plus <strong>de</strong> Visigoths ou du moins plus d’ariens en Gaule. Il<br />

semble qu’en réalité l’extermination <strong>de</strong> ce peuple ait été complète.<br />

Ne nous hâtons pis, toutefois, <strong>de</strong> tirer une pareille conclusion. Si peu nombreux<br />

qu’on les suppose en Aquitaine, si sang<strong>la</strong>ntes qu’on se figure les hécatombes du<br />

champ <strong>de</strong> bataille <strong>et</strong> les violences du len<strong>de</strong>main, il n’est pas facile d’exterminer<br />

tout un peuple. Combien ne dut-il pas rester, dans les provinces, <strong>de</strong> familles<br />

visigotiques enracinées dans le sol, pour qui l’émigration était impossible, <strong>et</strong> qui<br />

durent chercher à s’accommo<strong>de</strong>r du régime nouveau ! Un moyen s’offrait à elles<br />

: abjurer l’hérésie <strong>et</strong> se faire recevoir dans <strong>la</strong> communion catholique. Elles<br />

s’empressèrent d’y recourir, <strong>et</strong> nous voyons que dès les premières années qui<br />

suivirent <strong>la</strong> conquête, elles abjurèrent en masse. Le clergé arien donna l’exemple<br />

du r<strong>et</strong>our à <strong>la</strong> vraie foi, <strong>et</strong> les fidèles suivirent. L’Église accueillit avec joie <strong>et</strong><br />

empressement ces enfants prodigues <strong>de</strong> l’hérésie. Elle leur facilita le r<strong>et</strong>our en<br />

perm<strong>et</strong>tant aux évêques <strong>de</strong> <strong>la</strong>isser à leurs prêtres, s’ils en étaient dignes, leur<br />

rang hiérarchique après une simple imposition <strong><strong>de</strong>s</strong> mains, <strong>et</strong> elle consentit à ce<br />

que leurs sanctuaires fussent affectés au culte catholique3. Il y eut donc très peu<br />

<strong>de</strong> changement ; car, en <strong>de</strong>hors <strong><strong>de</strong>s</strong> sectaires fanatiques pour qui l’hérésie était<br />

un instrument <strong>de</strong> domination, personne n’était attaché à l’arianisme, <strong>et</strong> <strong>la</strong> plupart<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> ariens ignoraient <strong>la</strong> vraie nature du débat sur le Verbe, qui passionnait les<br />

théologiens. Ainsi tomba <strong>la</strong> fragile barrière qui séparait en <strong>de</strong>ux camps opposés<br />

les chrétiens <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule, <strong>et</strong> il n’y eut plus qu’un bercail <strong>et</strong> un pasteur4.<br />

L’État imita <strong>la</strong> générosité <strong>de</strong> l’Église. Il n’est dit nulle part quelle fut <strong>la</strong> condition<br />

politique <strong><strong>de</strong>s</strong> Visigoths convertis ; il n’est pas même dit quelle fut celle <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Aquitains catholiques. Mais tout nous amène à conclure que ces conditions furent<br />

i<strong>de</strong>ntiques, <strong>et</strong> nous savons déjà que les Aquitains suivirent celle <strong>de</strong> tous les<br />

autres <strong>hommes</strong> libres du royaume <strong>de</strong> Clovis. Ils acquirent d’emblée, <strong>et</strong> par le<br />

seul fait <strong>de</strong> leur passage sous son autorité, le nom, <strong>la</strong> qualité <strong>et</strong> les droits <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Francs. Le titre <strong>de</strong> Franc avait été, à chaque extension <strong>de</strong> <strong>la</strong> puissance franque,<br />

conféré libéralement à tous les <strong>hommes</strong> libres du <strong>pays</strong> conquis. Il en fut encore<br />

1 Liber historiæ, c. 17.<br />

2 Tunc exclusis Gothis urbem suo dominio subjugavit. Grégoire <strong>de</strong> Tours, II, 37.<br />

3 10. De clericis ab hæresi conversis <strong>et</strong> <strong>de</strong> basilicis Gothorum. — De hær<strong>et</strong>icis clericis,<br />

qui ad fi<strong>de</strong>m catholicam plena fi<strong>de</strong> ac voluntate venerunt, vel <strong>de</strong> basilicis quas in<br />

perversitate sua Gothi hactenus habuerunt id censuimus observari, ut si clerici fi<strong>de</strong>liter<br />

convertuntur, <strong>et</strong> fi<strong>de</strong>m catholicam integre confitentur, vel ita dignam vitam morum <strong>et</strong><br />

actuum prohitate custodiunt, officium quo eos episcopus dignos esse censuerit, cum<br />

impositæ manus benedictione suscipiant, <strong>et</strong> ecclesias simili, quo nostræ innovari solent,<br />

p<strong>la</strong>cuit ordine consecrari. Concile d’Orléans en 511, dans Sirmond, Concilia Galliæ, I, p.<br />

480. Le concile d’Épaone en 517, canon 33, tranche <strong>la</strong> question <strong><strong>de</strong>s</strong> sanctuaires ariens<br />

dans un sens opposé (Sirmond, o. c., I, p. 200) ; mais il avait pour ce<strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons<br />

spéciales qui sont en partie déduites dans une l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> saint Avitus, Epist, 7 (6), en<br />

partie restées dans sa plume <strong>et</strong> faciles à <strong>de</strong>viner.<br />

4 Dahn, Die Kœnige <strong>de</strong>r Germanen, V, p. 114, invoque <strong><strong>de</strong>s</strong> noms comme Ama<strong>la</strong>rius <strong>et</strong><br />

A<strong>la</strong>ricus pour établir qu’il y avait encore <strong><strong>de</strong>s</strong> Goths en Aquitaine. Je ne saurais me rallier<br />

aux considérations archéologiques <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Baye, dans Bull<strong>et</strong>in <strong>et</strong> Mémoires <strong>de</strong> <strong>la</strong> société<br />

archéologique <strong>et</strong> historique <strong>de</strong> <strong>la</strong> Charente, 6e série, t. I (1890-91).

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