clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée
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Ce ne fut pas tout. Al<strong>la</strong>nt plus loin dans <strong>la</strong> voie <strong><strong>de</strong>s</strong> réparations, A<strong>la</strong>ric II rendit à<br />
leurs troupeaux les évêques déposés. De ce nombre furent Verus <strong>de</strong> Tours1,<br />
Ruricius <strong>de</strong> Limoges <strong>et</strong> saint Césaire d’Arles ; ce <strong>de</strong>rnier, avant <strong>de</strong> reprendre<br />
possession <strong>de</strong> son siège, avait eu <strong>la</strong> satisfaction <strong>de</strong> voir son accusateur<br />
confondu2. Bien plus, ce grand homme fut autorisé à réunir un concile national.<br />
En eff<strong>et</strong>, au mois <strong>de</strong> septembre 506, vingt-quatre évêques <strong>et</strong> dix prêtres<br />
délégués d’autant d’évêques absents se réunirent à Ag<strong>de</strong>, dans l’église Saint-<br />
André. L’épiscopat catholique, après le ru<strong>de</strong> orage qui semb<strong>la</strong>it <strong>de</strong>voir le détruire,<br />
se r<strong>et</strong>rouvait à peu près au compl<strong>et</strong> dans ces pacifiques assises : les<br />
persécuteurs avaient perdu leurs peines, l’œuvre d’Euric crou<strong>la</strong>it <strong>de</strong>rrière lui !<br />
Après avoir prié solennellement à genoux pour le roi A<strong>la</strong>ric, leur très glorieux <strong>et</strong><br />
très magnifique seigneur, les Pères du concile se mirent à l’œuvre sans<br />
désemparer, <strong>et</strong> les quarante-sept canons authentiques qu’ils ont <strong>la</strong>issés sont <strong>la</strong><br />
preuve éloquente <strong>de</strong> l’énergie tranquille avec <strong>la</strong>quelle, au sortir <strong>de</strong> <strong>la</strong> fournaise,<br />
l’Église <strong><strong>de</strong>s</strong> Gaules reprenait le travail civilisateur interrompu <strong>de</strong>puis une<br />
génération. Le concile était plein <strong>de</strong> confiance <strong>et</strong> <strong>de</strong> vitalité : avant <strong>de</strong> se séparer,<br />
il décida qu’une nouvelle réunion se tiendrait l’année suivante à Toulouse, <strong>et</strong> que<br />
les pré<strong>la</strong>ts d’Espagne y seraient invités3.<br />
On ne peut donc pas contester qu’à un moment donné, <strong>la</strong> cour <strong>de</strong> Toulouse ait<br />
renoncé formellement à <strong>la</strong> politique du règne précé<strong>de</strong>nt, <strong>et</strong> essayé <strong>de</strong> se<br />
réconcilier avec les popu<strong>la</strong>tions catholiques. Mais toutes ces mesures qui, prises<br />
à temps, auraient peut-être conjuré l’orage, avaient le défaut <strong>de</strong> tout ce que les<br />
gouvernements font malgré eux : elles venaient trop tard. Dans les re<strong>la</strong>tions<br />
publiques, comme dans <strong>la</strong> vie privée, <strong>la</strong> pente <strong>de</strong> <strong>la</strong> désaffection ne se remonte<br />
pas, <strong>et</strong> on ne regagne point <strong>la</strong> confiance une fois qu’elle a été gaspillée. Les liens<br />
étaient rompus, les sympathies avaient émigré, tous les regards catholiques<br />
étaient tournés avec admiration <strong>et</strong> enthousiasme d’un autre côté. Partout Clovis<br />
était attendu, partout les cœurs se portaient au-<strong>de</strong>vant <strong>de</strong> son peuple, <strong>et</strong>,<br />
comme dit Grégoire <strong>de</strong> Tours, dans son naïf <strong>la</strong>ngage, on désirait ar<strong>de</strong>mment <strong>la</strong><br />
domination <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs4.<br />
1 Le nom <strong>de</strong> son délégué figure au bas <strong><strong>de</strong>s</strong> actes du concile d’Ag<strong>de</strong>, en 506. Voir<br />
Sirmond, Concilia Galliæ, t. I, p. 174.<br />
2 Vita Sancti Cesarii, c. 13, p. 640.<br />
3 Sirmond, o. c., I, pp, 160-171. Sur le concile <strong>de</strong> 507, qui <strong>de</strong>vait se tenir à Toulouse,<br />
voir le canon 71 d’Arles <strong>et</strong> <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> saint Césaire à Ruricius, dans l’édition <strong>de</strong> Krusch,<br />
p. 274.<br />
4 Grégoire <strong>de</strong> Tours, II, 35.