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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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LIVRE TROISIÈME.<br />

I. — LES DÉBUTS DE CLOVIS ET LA CONQUÊTE DE LA GAULE<br />

ROMAINE.<br />

Clovis avait quinze ans lorsqu’il succéda à son père comme roi <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs <strong>de</strong><br />

Tournai. Il était né en 466, au fort <strong><strong>de</strong>s</strong> combats que Childéric, après <strong>la</strong> mort<br />

d’Ægidius, livrait dans <strong>la</strong> vallée <strong>de</strong> <strong>la</strong> Loire aux Visigoths <strong>et</strong> aux Saxons. Si,<br />

comme c’est probable, <strong>la</strong> reine Basine avait accompagné son mari, Clovis aura<br />

vu le jour dans une <strong><strong>de</strong>s</strong> villes <strong>de</strong> <strong>la</strong> France centrale, peut-être à Orléans.<br />

Quand mourut Childéric, il y avait longtemps que son fils portait <strong>la</strong> framée. Chez<br />

les peuples barbares, les jeunes gens ne se voyaient pas soumis à <strong>la</strong><br />

séquestration studieuse que leur inflige le régime civilisé : ils étaient initiés plus<br />

tôt à <strong>la</strong> vie publique, <strong>et</strong> proc<strong>la</strong>més majeurs à un âge où <strong>de</strong> nos jours ils sont<br />

encore sur les bancs. La majorité commençait à douze ans dans <strong>la</strong> coutume <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Francs Saliens1 : il n’y eut donc aucune interruption dans l’exercice du pouvoir<br />

royal à Tournai.<br />

Clovis succédait <strong>de</strong> plein droit à son père, en vertu d’une hérédité qui était dès<br />

lors soli<strong>de</strong>ment établie dans son peuple. Il était roi <strong>de</strong> par <strong>la</strong> naissance, <strong>et</strong> les<br />

Francs n’eurent pas à délibérer sur <strong>la</strong> succession <strong>de</strong> Childéric2. Il ne fut pas élevé<br />

sur le pavois : ce mo<strong>de</strong> d’inauguration n’était pratiqué que dans le cas d’un libre<br />

choix fait par le peuple, c’est-à-dire quand le nouveau souverain manquait d’un<br />

titre héréditaire bien constaté. Les guerriers se bornèrent à acc<strong>la</strong>mer le prince<br />

qui continuait leur lignée royale, <strong>et</strong> dont <strong>la</strong> jeunesse était pour eux le gage d’un<br />

règne long <strong>et</strong> glorieux.<br />

Peu <strong>de</strong> jours s’étaient écoulés <strong>de</strong>puis l’avènement du fils <strong>de</strong> Childéric, lorsqu’un<br />

messager apporta à Tournai une l<strong>et</strong>tre qu’un heureux hasard nous a conservée.<br />

Elle était écrite par Remi, le saint évêque <strong>de</strong> Reims, un <strong><strong>de</strong>s</strong> plus illustres<br />

personnages <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule. Métropolitain <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième Belgique, il était <strong>la</strong> plus<br />

haute autorité religieuse <strong>de</strong> ce <strong>pays</strong>, <strong>et</strong> sa parole avait <strong>la</strong> valeur d’un oracle pour<br />

les fidèles. Remi, en félicitant le jeune monarque nouvellement monté sur le<br />

trône, lui envoyait <strong><strong>de</strong>s</strong> conseils <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> exhortations empreints <strong>de</strong> confiance <strong>et</strong><br />

d’affection paternelle. On se souviendra, en lisant sa l<strong>et</strong>tre, que le <strong><strong>de</strong>s</strong>tinataire<br />

avait quinze ans, <strong>et</strong> que dans ce siècle les barbares païens eux-mêmes<br />

s’inclinaient avec respect <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> gran<strong>de</strong>ur morale <strong><strong>de</strong>s</strong> évêques.<br />

Une gran<strong>de</strong> rumeur est arrivée à nous, écrivait l’évêque <strong>de</strong> Reims ; on dit que<br />

vous venez <strong>de</strong> prendre en main l’administration <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième Belgique. Ce<br />

n’est pas une nouveauté que vous commenciez à être ce qu’ont toujours été vos<br />

parents. Il faut veiller tout d’abord à ce que le jugement du Seigneur ne vous<br />

abandonne pas, <strong>et</strong> à ce que votre mérite se maintienne au somm<strong>et</strong> où l’a porté<br />

votre humilité ; car, selon le proverbe, les actes <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>hommes</strong> se jugent à leur fin.<br />

Vous <strong>de</strong>vez vous entourer <strong>de</strong> conseillers qui puissent vous faire honneur.<br />

Pratiquez le bien : soyez chaste <strong>et</strong> honnête. Montrez-vous plein <strong>de</strong> déférence<br />

pour vos évêques, <strong>et</strong> recourez toujours à leurs avis. Si vous vous enten<strong>de</strong>z avec<br />

1 Par<strong><strong>de</strong>s</strong>sus, Loi salique, pp. 451 <strong>et</strong> suiv.<br />

2 Junghans, p. 20.

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