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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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furent arrachés à <strong>la</strong> solitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> leur cellule pour, aller grossir les rangs <strong>de</strong><br />

l’armée visigothique1. Ils s’y rencontraient avec beaucoup <strong>de</strong> Romains<br />

catholiques dont les sentiments étaient les leurs, <strong>et</strong> qui souffraient <strong>de</strong> verser leur<br />

sang pour une cause qui semb<strong>la</strong>it se confondre avec celle <strong>de</strong> l’hérésie. Certes,<br />

ces braves gens n’étaient pas <strong><strong>de</strong>s</strong> traîtres, <strong>et</strong> on verra qu’ils surent vail<strong>la</strong>mment<br />

faire leur <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> soldat ; mais on conviendra qu’une armée ainsi composée ne<br />

<strong>de</strong>vait pas être animée <strong>de</strong> c<strong>et</strong> enthousiasme qui est <strong>la</strong> condition <strong>de</strong> <strong>la</strong> victoire. On<br />

se sentait battu d’avance ; on al<strong>la</strong>it au combat à travers les sourds gron<strong>de</strong>ments<br />

d’une popu<strong>la</strong>tion qui voyait <strong><strong>de</strong>s</strong> ennemis dans ses défenseurs.<br />

Quel contraste que celui <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux armées, <strong>et</strong> comme il exprimait bien<br />

l’opposition <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux régimes politiques ! Dans le camp <strong>de</strong> Clovis, tout était à<br />

l’allégresse : Romains <strong>et</strong> barbares se serraient avec le même entrain autour d’un<br />

chef popu<strong>la</strong>ire <strong>et</strong> aimé. Et comme il avait su s’y prendre pour exalter le courage<br />

<strong>et</strong> le zèle <strong><strong>de</strong>s</strong> siens, en leur présentant c<strong>et</strong>te nouvelle expédition comme une<br />

espèce <strong>de</strong> croisa<strong>de</strong> !<br />

Je ne puis supporter, avait-il dit, que ces ariens occupent une bonne partie <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Gaule. Marchons donc contre eux, <strong>et</strong>, après les avoir battus, soum<strong>et</strong>tons leur<br />

terre à notre autorité2. Des acc<strong>la</strong>mations unanimes avaient salué ces paroles, <strong>et</strong><br />

l’on s’était ébranlé.<br />

L’armée franque présentait un beau spectacle on s’y montrait le jeune prince<br />

Théodoric, fils aîné <strong>de</strong> Clovis, qui al<strong>la</strong>it faire ses premières armes sous les yeux<br />

du roi, <strong>et</strong> le prince Chlodéric, héritier présomptif du vieux roi <strong>de</strong> Cologne, qui<br />

avait amené à l’allié <strong>de</strong> son père les contingents francs <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ripuarie. Pendant<br />

qu’à travers les p<strong>la</strong>ines neustriennes on s’acheminait vers <strong>la</strong> Loire, les<br />

Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong>, <strong>de</strong> leur côté, se m<strong>et</strong>taient en route pour aller prendre le royaume<br />

visigoth à revers. Gon<strong>de</strong>baud lui-même était à <strong>la</strong> tête <strong>de</strong> ses troupes ; sous ses<br />

ordres, son fils aîné, Sigismond, commandait une partie <strong>de</strong> l’armée dans <strong>la</strong>quelle<br />

l’élément indigène <strong>et</strong> catholique était prépondérant. Tous les catholiques <strong>de</strong><br />

Burgondie accompagnaient <strong>de</strong> leurs vœux <strong>et</strong> <strong>de</strong> leurs prières l’armée nationale,<br />

qui al<strong>la</strong>it contribuer à <strong>la</strong> délivrance <strong>de</strong> leurs frères d’Aquitaine, <strong>et</strong> à l’humiliation<br />

d’une puissance hérétique <strong>et</strong> persécutrice.<br />

Partez heureux, écrivait saint Avitus à Sigismond, <strong>et</strong> revenez vainqueur. Gravez<br />

votre foi sur vos armes, rappelez à vos soldats les promesses divines, <strong>et</strong> par vos<br />

prières forcez le Ciel à vous venir en ai<strong>de</strong>3.<br />

Laissons les Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong> suivre par les montagnes <strong>de</strong> l’Auvergne l’itinéraire qui les<br />

fera pénétrer dans le Limousin, <strong>et</strong> attachons-nous à l’armée <strong>de</strong> Clovis. Arrivée<br />

dans <strong>la</strong> vallée <strong>de</strong> <strong>la</strong> Loire à <strong>la</strong> hauteur d’Orléans, elle avait pris par <strong>la</strong> chaussée<br />

romaine qui longeait <strong>la</strong> rive droite <strong>de</strong> ce fleuve, l’avait franchi dans les environs<br />

d’Amboise4, <strong>et</strong> <strong>de</strong> là, <strong>la</strong>issant à droite <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Tours qui <strong>de</strong>vait lui être dévouée<br />

<strong>de</strong>puis longtemps, elle s’était dirigée à gran<strong><strong>de</strong>s</strong> journées du côté <strong>de</strong> Poitiers. Une<br />

sévère discipline, bien difficile à faire respecter par une armée <strong>de</strong> barbares,<br />

régnait parmi les soldats. Par un édit royal, publié avant l’entrée en campagne,<br />

1 Vita sancti Aviti Eremitæ (dom Bouqu<strong>et</strong>, III, 390).<br />

2 Grégoire <strong>de</strong> Tours, II, 17. Cf. Histoire poétique <strong><strong>de</strong>s</strong> Mérovingiens, p. 267.<br />

3 S. Aviti, Epist., 45 (40).<br />

4 C’est là, en eff<strong>et</strong>, l’itinéraire le plus court pour aller <strong>de</strong> Paris à Poitiers ; <strong>de</strong> plus, <strong>la</strong> Vie<br />

<strong>de</strong> saint Dié parle d’une rencontre <strong>de</strong> Clovis avec ce saint, qui <strong>de</strong>meurait à Blois. Je me<br />

rallie donc à l’opinion <strong>de</strong> Pétigny, p. 503, contre Dubos, III, p. 287, <strong>et</strong> Junghans, p. 87,<br />

qui nomment Orléans.

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