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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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M. A. Hauck (Kirchengeschichte Deutsch<strong>la</strong>nds, tome I, (1887), p. 108, note 2), a<br />

imaginé une autre manière <strong>de</strong> se débarrasser du récit <strong>de</strong> Grégoire <strong>de</strong> Tours. Ce<br />

récit, selon lui, est contradictoire, parce qu’il est <strong>la</strong> contamination,<br />

ma<strong>la</strong>droitement faite par Grégoire lui-même, <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux versions antérieures qui<br />

racontaient d’une manière fort différente le baptême <strong>de</strong> Clovis. Selon <strong>la</strong><br />

première, le baptême est l’œuvre <strong><strong>de</strong>s</strong> exhortations <strong>de</strong> Clotil<strong>de</strong>. Celle-ci obtient<br />

d’abord <strong>de</strong> son époux qu’il <strong>la</strong>isse baptiser son fils aîné. Malgré <strong>la</strong> mort <strong>de</strong><br />

l’enfant, elle obtient <strong>la</strong> même faveur pour le second. La guérison <strong>de</strong> celui-ci à <strong>la</strong><br />

suite <strong><strong>de</strong>s</strong> prières <strong>de</strong> sa mère ne <strong>la</strong>isse pas <strong>de</strong> faire une impression sur le roi :<br />

aussi Clotil<strong>de</strong>, croyant le terrain préparé, man<strong>de</strong>-t-elle en secr<strong>et</strong> saint Remi, qui<br />

exhorte Clovis à se faire chrétien. Le roi est disposé à écouter le pré<strong>la</strong>t, mais il<br />

objecte <strong>la</strong> difficulté <strong>de</strong> faire c<strong>et</strong>te démarche sans l’aveu <strong>de</strong> son peuple. C<strong>et</strong>te<br />

difficulté ayant été écartée elle-même d’une manière presque surnaturelle, le<br />

baptême a enfin lieu. Telle serait, d’après M. Hauck, <strong>la</strong> première version qui a,<br />

selon lui, un caractère historique <strong>et</strong> qui se suffit à elle-même. La <strong>de</strong>uxième<br />

version (Grégoire <strong>de</strong> Tours, H. F., II, 30), qui explique <strong>la</strong> conversion par le vœu fait<br />

sur le champ <strong>de</strong> bataille, vient s’intercaler dans <strong>la</strong> première <strong>de</strong> <strong>la</strong> manière <strong>la</strong> plus<br />

importune, <strong>et</strong> est <strong>de</strong> plus en contradiction avec elle. Au chapitre 30, Clovis se<br />

convertit miraculeusement, au chapitre 31, il n’est pas converti, puisque saint<br />

Remi doit l’exhorter <strong>et</strong> lui montrer <strong>la</strong> vanité <strong>de</strong> ses dieux. Au chapitre 30, Clovis<br />

fait vœu <strong>de</strong> se faire baptiser ; au chapitre 31, ni lui ni saint Remi ne savent rien<br />

d’un vœu <strong>de</strong> ce genre. Voilà donc bien, selon M. Hauck, <strong>de</strong>ux versions<br />

contradictoires, que Grégoire s’est donné pour tâche <strong>de</strong> concilier. Or, nous avons<br />

<strong>la</strong> bonne chance, continue l’ingénieux critique, <strong>de</strong> les possé<strong>de</strong>r chacune<br />

isolément. La première se trouve dans <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> saint Nizier <strong>de</strong> Trèves à <strong>la</strong><br />

reine Clotsin<strong>de</strong> ; il n’y est pas dit mot du vœu fait sur le champ <strong>de</strong> bataille. Si<br />

Nizier avait connu ce fait, l’aurait-il passé sous silence, lui qui représente les<br />

victoires ultérieures <strong>de</strong> Clovis comme <strong>la</strong> récompense <strong>de</strong> sa conversion ? Ce serait<br />

raconter l’accessoire, <strong>et</strong> négliger le principal. (p. 109.) La secon<strong>de</strong> version se<br />

trouve, toujours d’après M. Hauck, dans le Vita Vedasti, qui est le premier à<br />

expliquer <strong>la</strong> victoire sur les A<strong>la</strong>mans <strong>et</strong>, par suite, le baptême <strong>de</strong> Clovis, par le<br />

vœu du champ <strong>de</strong> bataille. C’est au Vita Vedasti que Grégoire a emprunté c<strong>et</strong>te<br />

version miraculeuse, comme on peut le voir par l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> certains passages <strong>de</strong><br />

son récit avec <strong><strong>de</strong>s</strong> passages correspondants <strong>de</strong> l’hagiographe. Il est inutile<br />

d’ajouter que pour M. Hauck, <strong>la</strong> vraie version, c’est <strong>la</strong> première, celle qu’il déduit<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> saint Nizier <strong>de</strong> Trèves, <strong>et</strong> qui est d’ailleurs confirmée, à son sens,<br />

par <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> saint Avitus <strong>de</strong> Vienne à Clovis. Avitus ne dit mot du vœu fait sur<br />

le champ <strong>de</strong> bataille ; au contraire, il fait allusion aux hésitations <strong>de</strong> Clovis entre<br />

l’arianisme <strong>et</strong> le catholicisme, chose qui se comprend seulement dans l’hypothèse<br />

que sa conversion est le fruit <strong>de</strong> mûres réflexions <strong>et</strong> non d’une inspiration<br />

soudaine.<br />

Ce système est très ingénieux, <strong>et</strong> même, pour qui n’y regar<strong>de</strong> pas <strong>de</strong> près, très<br />

séduisant ; par malheur, il ne contient pas un atome <strong>de</strong> vérité, <strong>et</strong> il ne résiste<br />

pas au plus rapi<strong>de</strong> examen. Il est faux que <strong>la</strong> version <strong>de</strong> <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> saint Nizier<br />

soit en contradiction avec celle du Vita Vedasti ; nous l’avons montré ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus,<br />

<strong>et</strong> on pourrait même soutenir, sans être taxé <strong>de</strong> hardiesse excessive, qu’elle <strong>la</strong><br />

confirme implicitement. M. Hauck serait d’ailleurs bien embarrassé <strong>de</strong> prouver<br />

que Grégoire, qui écrivait son livre II en 573, à Tours, a eu connaissance <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> saint Nizier, écrite en 561 à une reine d’Italie. D’autre part, il est faux<br />

que Grégoire <strong>de</strong> Tours ait trouvé <strong>la</strong> version miraculeuse dans le Vita Vedasti ; M.<br />

Krusch s’est chargé lui-même <strong>de</strong> prouver, d’une manière à mon sens

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