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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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l’espoir <strong>et</strong> l’appui <strong>de</strong> <strong>la</strong> secte arienne, Go<strong>de</strong>gisil parait avoir été catholique ainsi<br />

que sa femme1.<br />

Quoi qu’il en soit, incapable <strong>de</strong> soutenir seul le poids <strong>de</strong> <strong>la</strong> lutte contre son frère,<br />

Go<strong>de</strong>gisil appe<strong>la</strong> Clovis à son secours. Le roi <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs avait, semble-t-il, plus<br />

d’un bon motif pour intervenir en sa faveur. C’est Go<strong>de</strong>gisil, on l’a vu, qui avait<br />

été le tuteur <strong>de</strong> Clotil<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> sa sœur ; elles avaient grandi à sa cour, <strong>et</strong>, sans<br />

doute, assise sur le trône <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs, <strong>la</strong> fille <strong>de</strong> Chilpéric gardait un souvenir<br />

reconnaissant au protecteur <strong>de</strong> ses jeunes années. Si, comme nous l’avons<br />

supposé, Go<strong>de</strong>gisil partageait <strong>la</strong> foi <strong>de</strong> Clotil<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> Clovis, il ne lui aura pas été<br />

difficile <strong>de</strong> les intéresser à sa cause. A ces raisons, il faut ajouter l’intérêt<br />

politique qu’avaient les Francs à protéger le plus faible <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux rivaux contre le<br />

plus fort, <strong>et</strong> aussi <strong>la</strong> pro, messe faite par Go<strong>de</strong>gisil <strong>de</strong> leur payer un tribut annuel<br />

aux taux qu’il leur p<strong>la</strong>irait <strong>de</strong> fixer2.<br />

A en croire notre chroniqueur, l’accord entre Clovis <strong>et</strong> Go<strong>de</strong>gisil aurait été<br />

négocié dans le plus grand secr<strong>et</strong>, <strong>et</strong> Gon<strong>de</strong>baud ne se serait douté <strong>de</strong> rien. Bien<br />

plus, voyant les armées franques envahir son territoire, il aurait imploré l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

son frère, <strong>et</strong> celui-ci lui aurait promis main forte à l’heure même où il s’ébran<strong>la</strong>it<br />

pour aller rejoindre l’armée <strong>de</strong> Clovis. Rien <strong>de</strong> moins probable. Si, comme il<br />

ressort du récit <strong>de</strong> Grégoire lui-même, <strong><strong>de</strong>s</strong> rivalités <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> dissentiments<br />

existaient déjà entre les <strong>de</strong>ux frères, comment Gon<strong>de</strong>baud aurait-il pu se<br />

méprendre sur le sens <strong>de</strong> l’intervention <strong>de</strong> Clovis, <strong>et</strong> n’y pas voir le fait d’un<br />

accord préa<strong>la</strong>ble avec Go<strong>de</strong>gisil ? Comment les négociations entre les <strong>de</strong>ux<br />

complices auraient-elles pu lui rester tellement cachées, qu’il eût <strong>la</strong> naïv<strong>et</strong>é <strong>de</strong><br />

compter sur le secours <strong>de</strong> son frère jusqu’au moment où les troupes <strong>de</strong> celui-ci,<br />

sous ses propres yeux, allèrent rejoindre les étendards <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs ? De pareilles<br />

méprises ne sont possibles que dans les récits popu<strong>la</strong>ires, où <strong>la</strong> vraisemb<strong>la</strong>nce<br />

est sacrifiée au besoin <strong>de</strong> produire un eff<strong>et</strong> dramatique ; on ne saurait les<br />

supposer chez un homme d’État qui a donné plus d’une preuve <strong>de</strong> perspicacité <strong>et</strong><br />

d’intelligence3.<br />

1 La dynastie fut toujours divisée au point <strong>de</strong> vue religieux. Go<strong>de</strong>gisil fut le tuteur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>de</strong>ux princesses catholiques, filles <strong>de</strong> Chilpéric : pourquoi, plutôt que Gon<strong>de</strong>baud, s’il<br />

n’avait pas été catholique ? De plus, pendant le peu <strong>de</strong> temps qu’il fut maître <strong>de</strong> Lyon,<br />

Go<strong>de</strong>gisil construisit dans c<strong>et</strong>te ville, avec sa femme Théo<strong>de</strong>lin<strong>de</strong>, le monastère <strong>de</strong> Saint-<br />

Pierre. Voir Par<strong><strong>de</strong>s</strong>sus, Diplomate, I, p 156, <strong>et</strong> cf. Binding, Das burgundisch-romanische<br />

Kœnigreich, p. 160. Il est vrai que Grégoire <strong>de</strong> Tours, Hist., Franc., livre III, préface,<br />

considère Go<strong>de</strong>gisil comme arien ; mais Grégoire ne connaît toute l’histoire <strong>de</strong> Burgondie<br />

qu’à travers <strong>la</strong> légen<strong>de</strong>.<br />

2 Grégoire <strong>de</strong> Tours, II, 32.<br />

3 L’exposé <strong>de</strong> l’origine <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre burgon<strong>de</strong> que nous faisons ici est en contradiction<br />

manifeste avec le Col<strong>la</strong>tio episcoporum, où Clovis apparaît comme l’agresseur. Mais on a<br />

reconnu <strong>de</strong> nos jours que ce document est apocryphe ; v. l’Appendice. Quand au récit <strong>de</strong><br />

Procope, De Bello gothico, I, 12, c’est un tissu d’inexactitu<strong><strong>de</strong>s</strong> : il a manifestement<br />

confondu <strong>la</strong> guerre <strong>de</strong> 523 <strong>et</strong> celle <strong>de</strong> 500, <strong>et</strong> il attribue à Théodoric une attitu<strong>de</strong> qui jure<br />

avec toute sa politique, <strong>et</strong> qui est d’ailleurs d’une parfaite invraisemb<strong>la</strong>nce. Dubos, III, p.<br />

221, <strong>et</strong> Pétigny, II, p. 469, ont tort d’accueillir <strong>la</strong> version <strong>de</strong> Procope, que Fauriel passe<br />

pru<strong>de</strong>mment sous silence, <strong>et</strong> que Manso, Geschichte <strong><strong>de</strong>s</strong> Ostgothischen Reiches, p. 69,<br />

note ; Junghans, p. 75 ; Binding, p. 154, note, rej<strong>et</strong>tent catégoriquement. Il faut écarter<br />

<strong>la</strong> version du Liber historiæ, c. 16, suivi par Hincmar, Vita sancti Remigii, 91, (Acta<br />

Sanctorum <strong><strong>de</strong>s</strong> Bol<strong>la</strong>ndistes, t. I, d’octobre, p. 153 E), qui prétend que Clovis dut marcher<br />

contre Go<strong>de</strong>gisil <strong>et</strong> Gon<strong>de</strong>baud unis. Pour Roricon (dom Bouqu<strong>et</strong>, III, p. 12) <strong>et</strong> Aimoin, I,<br />

19 (ibid., III, p. 40), ils sont dans <strong>la</strong> logique <strong>de</strong> <strong>la</strong> légen<strong>de</strong> en soutenant que Clovis

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