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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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vraie dévotion à l’Empire. Que le maître du mon<strong>de</strong> fût à Rome ou à Byzance, ils<br />

ne cessèrent d’être à ses pieds, <strong>et</strong> <strong>de</strong> lui parler dans <strong><strong>de</strong>s</strong> termes d’une<br />

obéissance humble <strong>et</strong> pour ainsi dire servile. Rome les récompensa avec <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

insignes <strong>et</strong> avec <strong><strong>de</strong>s</strong> dignités. A l’un <strong>de</strong> leurs rois, Gundioch, celui que le pape<br />

Hi<strong>la</strong>ire appe<strong>la</strong>it son fils1, elle donna le titre <strong>de</strong> maître <strong><strong>de</strong>s</strong> milices ; un autre,<br />

Chilpéric, reçut les honneurs du patriciat. Les rois burgon<strong><strong>de</strong>s</strong> étaient donc <strong>de</strong><br />

grands personnages, mais comme fonctionnaires romains plus encore que<br />

comme monarques indépendants. Gon<strong>de</strong>baud hérita du’ titre <strong>de</strong> patrice qu’avait<br />

porté son oncle ; ce<strong>la</strong> lui permit, à un moment donné, <strong>de</strong> créer un empereur : il<br />

est vrai que c’était le faible <strong>et</strong> éphémère Glycérius. Ces rois se considéraient <strong>de</strong><br />

plus en plus comme faisant partie du corps <strong>de</strong> l’Empire, <strong>et</strong> comme constitués à<br />

sa défense. Ils ne prêtèrent pas l’oreille aux suggestions <strong>de</strong> Romains qui, comme<br />

le préf<strong>et</strong> Arvandus, leur offraient le partage <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule avec les Visigoths.<br />

Lorsque ceux-ci, ambitieux <strong>et</strong> entreprenants à l’excès, mirent <strong>la</strong> main sur Arles <strong>et</strong><br />

sur Marseille, <strong>et</strong> manifestèrent l’intention <strong>de</strong> soum<strong>et</strong>tre toute <strong>la</strong> Gaule, les<br />

Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong> furent dans ce <strong>pays</strong> les meilleurs soutiens <strong>de</strong> l’Empire agonisant, <strong>et</strong> ils<br />

allèrent tenir garnison à Clermont en Auvergne, pour m<strong>et</strong>tre à l’abri d’un coup <strong>de</strong><br />

main ce <strong>de</strong>rnier poste <strong>de</strong> <strong>la</strong> civilisation romaine2. On ne leur en sut pas gré dans<br />

ce mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> déca<strong>de</strong>nts : on trouvait qu’ils faisaient fuir les Muses, <strong>et</strong> qu’ils<br />

sentaient mauvais avec leurs cheveux frottés <strong>de</strong> beurre rance3. Finalement, un<br />

empereur <strong>de</strong> rencontre abandonna sans combat, aux conquérants barbares,<br />

c<strong>et</strong>te province qui n’avait eu que <strong><strong>de</strong>s</strong> barbares pour défenseurs. Euric <strong>et</strong> ses<br />

Visigoths entrèrent à Clermont en vertu du pacte conclu avec eux par Julius<br />

Nepos, malgré les supplications désespérées <strong><strong>de</strong>s</strong> patriotes arvernes. Quant aux<br />

Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong>, dupés mais chamarrés d’honneurs stériles, ils purent voir, pendant<br />

qu’ils restaient volontairement enfermés dans leurs montagnes, les Visigoths<br />

parcourir <strong>la</strong> Gaule jusqu’à <strong>la</strong> Loire, <strong>et</strong> leur fermer à jamais l’accès <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer, en<br />

s’emparant <strong>de</strong> ces côtes lumineuses <strong>et</strong> parfumées <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Méditerranée</strong>, l’éternel<br />

obj<strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> convoitises <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>hommes</strong> du Nord.<br />

Ainsi, comme leurs voisins les A<strong>la</strong>mans, les Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong> ne parvinrent pas à se<br />

procurer le grand débouché <strong>de</strong> l’Océan : ils restèrent, pour leur malheur, un<br />

peuple sans issue. Ils avaient, il est vrai, é<strong>la</strong>rgi leur domaine primitif. Après<br />

Mauriac, l’heure avait sonné où quiconque vou<strong>la</strong>it m<strong>et</strong>tre <strong>la</strong> main sur l’héritage<br />

<strong>de</strong> Rome en avait emporté sa part. Les Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong> avaient pu s’étendre du côté<br />

du sud jusqu’à Avignon, <strong>de</strong> l’est jusqu’à Windisch, du nord jusqu’à Besançon, à<br />

Langres <strong>et</strong> à Dijon. Ils n’allèrent jamais plus loin, parce qu’ils ne surent pas<br />

profiter <strong><strong>de</strong>s</strong> occasions propices. Non qu’ils manquassent d’ambition, ou qu’ils<br />

fussent exempts <strong>de</strong> l’âpre passion du barbare pour <strong>la</strong> terre romaine <strong>et</strong> pour le<br />

butin. Mais ils n’avaient ni le génie militaire ni l’esprit politique <strong>de</strong> leurs puissants<br />

congénères. Lorsque <strong>la</strong> guerre d’Odoacre <strong>et</strong> <strong>de</strong> Théodoric éc<strong>la</strong>ta dans leur<br />

voisinage, elle leur offrit une occasion unique d’intervenir comme arbitres<br />

souverains entre les <strong>de</strong>ux adversaires. Au lieu <strong>de</strong> ce<strong>la</strong>, ils se contentèrent <strong>de</strong><br />

tomber en pil<strong>la</strong>rds sur <strong>la</strong> haute Italie, où ils allèrent chercher du butin <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

captifs. Après quoi ils furent trop heureux, lorsque finalement Théodoric fut resté<br />

le maître, d’obtenir <strong>la</strong> main <strong>de</strong> sa fille pour leur prince Sigismond. C’est ainsi<br />

1 Sirmond, Concil. Gall., I, p. 132. Ce qui ne prouve pas qu’il fût catholique, car ce titre<br />

est donné par le même pape au prince visigoth Frédéric (Sirmond, o. c., I, p. 128), <strong>et</strong> par<br />

le pape Jean à Théodoric le Grand.<br />

2 Sidoine Apollinaire, Epist., III, 4 <strong>et</strong> 8.<br />

3 Id., Carm., XII.

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