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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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A Toulouse, les conquérants se partagèrent en trois corps d’armée qui allèrent,<br />

chacun dans une direction différente, achever <strong>la</strong> conquête <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule<br />

visigothique. Clovis s’était réservé toutes les cités occi<strong>de</strong>ntales, <strong>et</strong> aussi <strong>la</strong> région<br />

située entre <strong>la</strong> Garonne <strong>et</strong> les Pyrénées.<br />

En somme, il restait chargé <strong>de</strong> <strong>la</strong> partie <strong>la</strong> plus difficile <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te tâche : il <strong>de</strong>vait,<br />

non seulement donner <strong>la</strong> chasse à l’ennemi s’il faisait un r<strong>et</strong>our offensif, mais,<br />

après en avoir n<strong>et</strong>toyé les p<strong>la</strong>ines, l’aller chercher dans les r<strong>et</strong>raites<br />

montagneuses <strong><strong>de</strong>s</strong> Pyrénées, où il était si facile à <strong><strong>de</strong>s</strong> poignées d’<strong>hommes</strong><br />

résolus d’arrêter <strong>la</strong> marche d’une armée victorieuse. Malheureusement l’histoire<br />

est mu<strong>et</strong>te sur c<strong>et</strong>te phase <strong>de</strong> <strong>la</strong> campagne d’Aquitaine, <strong>et</strong> nous ne pouvons que<br />

par <strong>la</strong> conjecture en entrevoir les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> lignes. Laissant <strong>de</strong>rrière lui les villes <strong>de</strong><br />

Bor<strong>de</strong>aux, <strong>de</strong> Saintes <strong>et</strong> d’Angoulême, qu’il se réservait <strong>de</strong> prendre au r<strong>et</strong>our, le<br />

roi <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs pénétra directement dans <strong>la</strong> contrée comprise entre <strong>la</strong> Garonne <strong>et</strong><br />

les Pyrénées, que les Romains avaient appelée <strong>la</strong> Novempopu<strong>la</strong>nie, <strong>et</strong> qui a pris<br />

plus tard le nom <strong>de</strong> Gascogne. C<strong>et</strong>te contrée se compose <strong>de</strong> plusieurs parties fort<br />

différentes. Le long <strong>de</strong> l’Océan, <strong>de</strong>puis Bor<strong>de</strong>aux jusque vers Bayonne, ce sont<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> p<strong>la</strong>ines basses <strong>et</strong> marécageuses dans lesquelles on ne rencontrait alors<br />

qu’une popu<strong>la</strong>tion c<strong>la</strong>irsemée <strong>et</strong> peu <strong>de</strong> villes. Plus loin, les terres se relèvent,<br />

faisant comme un vaste effort pour supporter le gigantesque massif <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Pyrénées, du haut <strong><strong>de</strong>s</strong>quelles d’innombrables rivières se précipitent à travers <strong>de</strong><br />

fertiles vallées vers <strong>la</strong> Garonne <strong>et</strong> vers l’Adour. Enfin, on pénètre dans les régions<br />

montagneuses <strong>et</strong> d’accès difficile, où nichaient <strong>de</strong> tout temps quantité <strong>de</strong> p<strong>et</strong>ites<br />

peup<strong>la</strong><strong><strong>de</strong>s</strong> énergiques <strong>et</strong> amoureuses <strong>de</strong> leur liberté. Ici, pour peu que <strong>la</strong><br />

popu<strong>la</strong>tion lui fût hostile, l’armée conquérante <strong>de</strong>vait se résigner à tous les<br />

ennuis <strong>et</strong> à toutes les péripéties d’une guerre <strong>de</strong> montagne : occuper chaque<br />

poste l’un après l’autre, s’éparpiller en une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> corps, être toujours sur<br />

le qui-vive pour surveiller l’ennemi invisible que chaque rocher, chaque détour du<br />

chemin pouvait brusquement j<strong>et</strong>er sur vous.<br />

Dans quelle mesure Clovis parvint-il à triompher <strong>de</strong> ces obstacles ? Un<br />

chroniqueur du septième siècle croit pouvoir nous apprendre qu’il conquit le <strong>pays</strong><br />

entier jusqu’aux Pyrénées1 ; mais, en y regardant <strong>de</strong> près, on est tenté <strong>de</strong> croire<br />

qu’il ne fit reconnaître son autorité que dans <strong>la</strong> basse Novempopu<strong>la</strong>nie. Nous<br />

voyons, par un document digne <strong>de</strong> foi, qu’à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> son règne les villes d’Eauze,<br />

Bazas, Auch, étaient en son pouvoir, <strong>et</strong> nous savons d’autre part qu’il était<br />

également maître du Bor<strong>de</strong><strong>la</strong>is. Mais, chose étrange, lorsqu’en 511 il réunit au<br />

concile d’Orléans les évêques <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule, ceux <strong><strong>de</strong>s</strong> diocèses montagneux<br />

échelonnés au pied <strong><strong>de</strong>s</strong> Pyrénées manquaient en masse au ren<strong>de</strong>z-vous : on n’y<br />

rencontrait ni Couserans, ni Saint-Bertrand <strong>de</strong> Comminges, ni Tarbes, ni Oléron,<br />

ni Bénarn, <strong>et</strong> l’on y eût cherché vainement les évêques <strong>de</strong> Dax, <strong>de</strong> Lectoure,<br />

d’Aire <strong>et</strong> d’Agen. Or tous ces diocèses, à part les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers, avaient été<br />

représentés cinq ans auparavant au concile d’Ag<strong>de</strong>. N’avons-nous pas le droit<br />

d’en conclure que, tout au moins à <strong>la</strong> date <strong>de</strong> 511, les popu<strong>la</strong>tions gasconnes<br />

défendaient encore, contre le vainqueur <strong><strong>de</strong>s</strong> Visigoths, une indépendance avec<br />

<strong>la</strong>quelle Charlemagne lui-même se vit obligé <strong>de</strong> compter2 ?<br />

1 Frédégaire, III, 24. Roricon (dom Bouqu<strong>et</strong>, p. 18) sait même que Clovis arriva jusqu’à<br />

Perpignan, détruisant villes <strong>et</strong> châteaux <strong>et</strong> emportant un butin immense.<br />

2 C’est l’opinion <strong>de</strong> Fauriel, II, pp. 72 <strong>et</strong> 73, ainsi que <strong>de</strong> Pétigny, II, p. 556. Il serait<br />

dangereux d’aller plus loin, <strong>et</strong> <strong>de</strong> chercher, comme fait Bonn<strong>et</strong>, Die Anfænge <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

karolingischen Hauses, p. 197, qui veut absolument voir le Ligeris <strong>de</strong> <strong>la</strong> Loi salique dans<br />

<strong>la</strong> Leyre, p<strong>et</strong>it cours d’eau du bassin d’Arcachon, à limiter à c<strong>et</strong>te rivière les conquêtes <strong>de</strong>

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