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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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VIII. — DERNIERS JOURS ET MORT DE CLOVIS.<br />

Les <strong>de</strong>rnières années <strong>de</strong> Clovis s’écoulèrent à Paris, où, selon l’expression <strong>de</strong> son<br />

historien, il avait fixé le siège <strong>de</strong> son royaume1. C’est là que nous le trouvons au<br />

r<strong>et</strong>our <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre d’Aquitaine, <strong>et</strong> que son fils, Thierry, vint le rejoindre après<br />

son infructueuse campagne <strong>de</strong> Provence2.<br />

Séduit, comme l’avait été avant lui Julien l’Apostat, par les charmes <strong>de</strong> ce séjour,<br />

Clovis légua à ses enfants sa prédilection pour Lutèce.<br />

Avec son beau fleuve, son air salubre, son ciel d’une rare douceur, son sol<br />

fécond, ses collines aux f<strong>la</strong>ncs couverts <strong>de</strong> vignobles <strong>et</strong> au somm<strong>et</strong> ombragé <strong>de</strong><br />

forêts, sa popu<strong>la</strong>tion industrieuse <strong>et</strong> dès lors enrichie par le trafic, son île qui<br />

s’épanouissait au milieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> Seine comme un superbe joyau, Paris était le<br />

séjour le plus délicieux <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule3. Ses environs, où <strong>la</strong> Seine se déroule avec<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> courbes harmonieuses au milieu d’un <strong>pays</strong>age riche <strong>et</strong> pittoresque, n’avaient<br />

pas une moindre attraction pour un barbare passionné, comme tous les<br />

Mérovingiens, pour <strong>la</strong> vie <strong><strong>de</strong>s</strong> champs. Plus d’une <strong><strong>de</strong>s</strong> nombreuses rési<strong>de</strong>nces<br />

royales que les rois Francs possédèrent dans c<strong>et</strong>te région, telles que Clichy,<br />

Épineuil, Chelles, Rueuil, Bonneuil <strong>et</strong> d’autres encore furent peut-être inaugurées<br />

par le vainqueur d’A<strong>la</strong>ric lui-même4.<br />

Selon toute probabilité, Clovis <strong>de</strong>meurait à Paris dans le pa<strong>la</strong>is <strong>de</strong> Constance<br />

Chlore, situé sur <strong>la</strong> rive gauche <strong>de</strong> <strong>la</strong> Seine, en face <strong>de</strong> l’île <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cité, <strong>et</strong> le long<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> chaussée romaine <strong>de</strong> Paris à Orléans5. Ce grandiose édifice, dont les ruines<br />

massives <strong>et</strong> sombres évoquent si puissamment les austères souvenirs du passé<br />

au milieu du jeune <strong>et</strong> bruyant quartier Saint-Michel, avait échappé aux<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>tructions <strong><strong>de</strong>s</strong> Huns, <strong>et</strong> le roi barbare s’y trouvait <strong>de</strong> plein droit le successeur<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> empereurs. Les jardins du pa<strong>la</strong>is, bornés <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux côtés longs par<br />

l’emp<strong>la</strong>cement <strong><strong>de</strong>s</strong> rues Bonaparte <strong>et</strong> Saint-Jacques, s’étendaient vers le nord<br />

jusqu’au fleuve, pleins <strong>de</strong> vieux arbres contemporains <strong>de</strong> Camulogène. C’est sur<br />

leur immense superficie que Chil<strong>de</strong>bert put découper plus tard, à l’ouest, le<br />

domaine qu’il assigna à sa nouvelle église Saint-Vincent, mieux connue <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

postérité sous le nom <strong>de</strong> Saint-Germain-<strong><strong>de</strong>s</strong>-Prés. Installé au <strong>la</strong>rge dans <strong>la</strong><br />

superbe rési<strong>de</strong>nce impériale, toujours somptueuse bien qu’un peu dé<strong>la</strong>brée, le roi<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Francs y cou<strong>la</strong>it, pendant les rares intervalles <strong>de</strong> ses guerres, <strong><strong>de</strong>s</strong> heures<br />

d’un rapi<strong>de</strong> repos au milieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> jeune famille qui croissait à ses côtés.<br />

Des fenêtres du pa<strong>la</strong>is royal, qui regardait le soleil levant, un calme <strong>et</strong> doux<br />

spectacle s’offrait aux yeux. L’opulente vallée s’y éta<strong>la</strong>it avec délices dans <strong>la</strong><br />

fraîcheur <strong>de</strong> sa verdure <strong>et</strong> sous <strong>la</strong> sérénité <strong>de</strong> son ciel, qui perm<strong>et</strong>tait, au dire<br />

1 Egressus autem a Turonus Parisius venit ibique cathedram regni sui constituit. Grégoire<br />

<strong>de</strong> Tours, II, 38.<br />

2 Id., Ibid.<br />

3 C’était l’impression <strong><strong>de</strong>s</strong> contemporains. Qu’on lise ce dithyrambe qu’un auteur<br />

méridional, un Toulousain selon M. J. Hav<strong>et</strong> (Œuvres, t. I, p. 223-225), écrivant vers 800<br />

<strong>la</strong> Passio sanctorum niartyrum Dionisii <strong>et</strong>c., Quia ess<strong>et</strong> salubis ære, jocunda flumine,<br />

fecunda terris, arboribus nemorosa <strong>et</strong> ven<strong>et</strong>is uberrima, constipata populis, refecta<br />

commerciis, <strong>et</strong>c., (M. G. H., Auctores Antiquissimi, t. IV, pp. 101-105.)<br />

4 A. <strong>de</strong> Valois, t. I, p. 299.<br />

5 Du<strong>la</strong>ure, Histoire <strong>de</strong> Paris, éd. <strong>de</strong> 1832, t. I, p. 168. Cf. Paris à travers les âges, t. I, p.<br />

17.

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