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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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f<strong>la</strong>tter, après <strong>la</strong> défaite, <strong>de</strong> rencontrer quelque clémence dans le cœur <strong>de</strong> leur<br />

ennemi.<br />

Tant qu’il vivait, il représentait dans une certaine mesure <strong>la</strong> tradition romaine.<br />

Rien ne garantissait qu’un jour il ne pourrait pas, avec l’appui d’un roi rival,<br />

troubler le roi <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs dans <strong>la</strong> possession <strong>de</strong> sa conquête, en évoquant les<br />

grands souvenirs <strong>de</strong> l’Empire disparu. D’ailleurs, si faible que l’eût rendu sa<br />

défaite, il avait un parti qui <strong>de</strong>vait gar<strong>de</strong>r <strong>de</strong> l’espoir aussi longtemps que son<br />

chef restait vivant <strong>et</strong> libre : il fal<strong>la</strong>it lui ôter d’un coup toutes ses illusions. Peutêtre<br />

aussi les suggestions <strong>de</strong> <strong>la</strong> rancune personnelle vinrent-elles se mêler aux<br />

calculs <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique. Quoi qu’il en soit, Syagrius, j<strong>et</strong>é dans les fers, fut épargné<br />

quelque temps ; puis, en secr<strong>et</strong>, sans doute pour ne pas provoquer ouvertement<br />

ses partisans, Clovis fit tomber sa tête sous <strong>la</strong> hache du bourreau1. Par c<strong>et</strong> acte<br />

<strong>de</strong> froi<strong>de</strong> cruauté, il vengeait sans le savoir, sur le <strong>de</strong>rnier <strong><strong>de</strong>s</strong> Romains, <strong>la</strong> mort<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> rois francs, ses aïeux peut-être, qui, cent soixante-dix ans auparavant<br />

avaient péri dans l’amphithéâtre <strong>de</strong> Trèves, sous <strong>la</strong> <strong>de</strong>nt <strong><strong>de</strong>s</strong> bêtes féroces.<br />

En re<strong>la</strong>tant c<strong>et</strong>te mort, nous avons sans doute anticipé sur les événements, car<br />

Grégoire <strong>de</strong> Tours, qu’il ne faut d’ailleurs pas prendre au pied <strong>de</strong> <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre, nous<br />

dit que Syagrius périt seulement après que Clovis eut achevé <strong>la</strong> conquête <strong>de</strong> son<br />

royaume. Nous savons ce que nous <strong>de</strong>vons entendre par c<strong>et</strong>te expression<br />

ambitieuse, <strong>et</strong> nous ne reviendrons pas sur <strong>la</strong> distinction que nous avons faite<br />

entre <strong>la</strong> Gaule romaine <strong>et</strong> <strong>la</strong> Gaule <strong>de</strong> Syagrius.<br />

Soissons avait ouvert ses portes au vainqueur dès le len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> <strong>la</strong> bataille, <strong>et</strong><br />

Clovis s’y était installé aussitôt comme dans sa capitale. Tournai fut oublié, <strong>et</strong> les<br />

Francs germaniques <strong><strong>de</strong>s</strong> bords <strong>de</strong> l’Escaut virent leur souverain abandonner,<br />

pour n’y plus reparaître jamais, le pa<strong>la</strong>is <strong>de</strong> <strong>la</strong> vieille cité mérovingienne. Pendant<br />

quelque temps, on se souvint encore <strong>de</strong> son ancienne gloire, <strong>et</strong> un hagiographe<br />

du septième siècle l’appelle <strong>la</strong> ville royale2. Mais ce fut tout. L’abandon <strong>de</strong><br />

Tournai, comme celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> fabuleuse Dispargum, marquait une nouvelle étape<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> carrière rapi<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> rois francs. Clovis s’instal<strong>la</strong> dans le pa<strong>la</strong>is <strong>de</strong> Syagrius,<br />

<strong>et</strong> prit possession <strong>de</strong> tout le domaine du fisc impérial, resté sans maître. Ce fut<br />

l’origine <strong>de</strong> ses richesses, qui constituèrent un <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments essentiels <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

puissance <strong>de</strong> sa dynastie. Ce domaine comprenait un bon nombre <strong>de</strong> vil<strong>la</strong>s que<br />

nous r<strong>et</strong>rouverons par <strong>la</strong> suite dans le patrimoine <strong><strong>de</strong>s</strong> rois mérovingiens. On sait<br />

avec quelle prédilection ils résidèrent dans ces <strong>de</strong>meures champêtres, <strong>et</strong> l’on ne<br />

peut douter que ce goût n’ait été partagé par Clovis. Lui aussi, il aima le séjour<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> belles campagnes où il r<strong>et</strong>rouvait le grand air <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté germanique, avec<br />

le voisinage <strong><strong>de</strong>s</strong> forêts giboyeuses. On croit savoir le nom d’une <strong><strong>de</strong>s</strong> fermes qu’il<br />

aura habitées : c’est Juvigny, à dix kilomètres <strong>de</strong> sa capitale, à l’entrée d’une<br />

vallée étroite <strong>et</strong> près <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaussée romaine qui conduit <strong>de</strong> Soissons à Saint-<br />

Quentin3. Le même honneur est revendiqué, mais avec <strong><strong>de</strong>s</strong> titres plus douteux,<br />

par le vil<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> Crouy, sur l’Aisne, à cinq kilomètres au nord <strong>de</strong> Soissons4.<br />

Certes, nous ne pouvons pas garantir l’authenticité <strong><strong>de</strong>s</strong> traditions qui font rési<strong>de</strong>r<br />

Clovis dans ces localités, mais elles ont un <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> probabilité <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

vraisemb<strong>la</strong>nce qui nous autorise à les mentionner ici. Et il n’est pas indifférent<br />

1 Quem Chlodovechus receptum custodiæ mancipare præcepit, regnoque ejus acceptum,<br />

eum g<strong>la</strong>dio c<strong>la</strong>m feriri mandavit. Grégoire <strong>de</strong> Tours, II, 27.<br />

2 Voyez <strong>la</strong> Vie <strong>de</strong> saint Eloi dans Ghesquière, Acta sanctorum Belgii, III, p. 229.<br />

3 Vita sancti Arnulfi martyris, dans dom Bouqu<strong>et</strong>, III, p. 383. Sur c<strong>et</strong>te localité, lire <strong>la</strong><br />

notice <strong>de</strong> Melleville, Dictionnaire historique <strong>de</strong> l’Aisne, t. I, p. 328.<br />

4 Pécheur, Annales du diocèse <strong>de</strong> Soissons, t. I, p. 115.

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