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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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témoigner sa reconnaissance au saint en lui menant sa royale conquête ? C’était,<br />

en même temps, procurer à Clovis lui-même <strong>la</strong> grâce d’être le témoin ocu<strong>la</strong>ire<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> prodiges que <strong>la</strong> miséricor<strong>de</strong> <strong>de</strong> Dieu réalisait tous les jours auprès du<br />

glorieux tombeau, <strong>et</strong> aviver sa foi au spectacle <strong>de</strong> tant <strong>de</strong> merveilles. Il ne serait<br />

donc nullement invraisemb<strong>la</strong>ble que Clovis eût inauguré <strong>la</strong> nombreuse série <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

pèlerinages <strong>de</strong> souverains aux reliques du confesseur <strong>de</strong> <strong>la</strong> Touraine. Il est vrai<br />

que Tours appartenait pour lors aux Visigoths ; mais le roi, <strong>de</strong> ce peuple, qui ne<br />

savait pas même défendre <strong>la</strong> tête <strong>de</strong> ses hôtes contre les exigences <strong>de</strong> son<br />

puissant voisin, aurait-il voulu s’opposer à ce que Clovis vînt faire ses dévotions<br />

auprès d’un sanctuaire qui était le ren<strong>de</strong>z-vous <strong><strong>de</strong>s</strong> fidèles <strong>de</strong> toute l’Europe ?<br />

C’est à peine, d’ailleurs, si le roi <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs s’y trouvait en <strong>pays</strong> étranger : il<br />

n’avait que <strong>la</strong> Loire à passer, <strong>et</strong> il pouvait visiter le sanctuaire sans entrer dans <strong>la</strong><br />

ville même, qui était éloignée d’un quart <strong>de</strong> lieu environ.<br />

Toutefois, il faut bien l’avouer, le silence gardé sur un événement <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te nature<br />

par Grégoire <strong>de</strong> Tours, qui était le mieux p<strong>la</strong>cé pour le connaître <strong>et</strong> le plus<br />

intéressé à le raconter, ne perm<strong>et</strong> pas à l’historien <strong>de</strong> se prononcer d’une<br />

manière catégorique à ce suj<strong>et</strong>1.<br />

Cependant le grand jour <strong>de</strong> <strong>la</strong> régénération <strong>de</strong> Clovis approchait. L’auguste<br />

cérémonie <strong>de</strong>vait avoir lieu à Reims, qui était <strong>la</strong> métropole <strong>de</strong> <strong>la</strong> Belgique<br />

secon<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> saint Remi. Quelle autre ville était plus digne d’un tel<br />

honneur, <strong>et</strong> à qui son pré<strong>la</strong>t eût-il consenti à le cé<strong>de</strong>r ? Grégoire <strong>de</strong> Tours, il est<br />

vrai, ne nomme pas expressément Reims comme théâtre <strong>de</strong> ce grand<br />

événement, mais ce silence même est une présomption en faveur <strong>de</strong> <strong>la</strong> tradition<br />

rémoise, car le rôle attribué à saint Rémi implique celui <strong>de</strong> sa ville épiscopale. S’il<br />

en avait été autrement, l’historien n’eût pu se dispenser <strong>de</strong> nommer <strong>la</strong> ville<br />

préférée à <strong>la</strong> cité champenoise, à moins d’induire gratuitement <strong>la</strong> postérité en<br />

erreur2. Tous les chroniqueurs ont été unanimes à reconnaître Reims dans <strong>la</strong><br />

ville baptismale <strong>de</strong> Clovis, <strong>et</strong> jamais aucune autre cité gauloise ne lui a disputé<br />

son titre d’honneur.<br />

Il est probable que Clovis vint s’établir à Reims avec Clotil<strong>de</strong> quelques jours<br />

avant le baptême, si l’on ne préfère adm<strong>et</strong>tre qu’il y séjourna toute l’arrièresaison<br />

pour se préparer au sacrement. Selon toute apparence, le couple royal<br />

prit un logement dans le pa<strong>la</strong>is qui surgissait alors au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte Base.<br />

1 J’ai fait droit aux judicieuses réserves formulées par le R. P. Chérot dans l’un <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

articles qu’il e consacrés à <strong>la</strong> première édition <strong>de</strong> ce livre. (V. Étu<strong><strong>de</strong>s</strong> Religieuses, t. 67,<br />

(avril 1896) p. 639 <strong>et</strong> suivantes.<br />

2 Déjà Frédégaire III, 21 (Script. rer. Merov, II, p. 101), (III, p. 408), <strong>et</strong> le Vita S.<br />

Vedasti, c. 3, (o. c. III, p. 408) ont interprété le témoignage <strong>de</strong> Grégoire <strong>de</strong> Tours dans<br />

le sens favorable à Reims. M. Krusch le reconnaît, mais au lieu d’en conclure que c’était<br />

le sens le plus obvie du texte, il croit au contraire que c<strong>et</strong>te interprétation est contredite<br />

par l’arcessire <strong>de</strong> Grégoire. Mais l’objection <strong>de</strong> M. Krusca est aujourd’hui énervée par <strong>la</strong><br />

conjecture du P. Jubaru. La thèse <strong>de</strong> M. Krusch repose sur une interprétation vicieuse <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> saint Nizier <strong>de</strong> Trèves à <strong>la</strong> reine Clotsin<strong>de</strong>, femme d’Alboïn. Dans c<strong>et</strong>te l<strong>et</strong>tre,<br />

l’évêque ne se propose nullement <strong>de</strong> raconter le baptême <strong>de</strong> Clovis, mais il se contente<br />

d’y faire allusion en passant pour trouver dans c<strong>et</strong>te histoire un exemple édifiant pour le<br />

roi <strong><strong>de</strong>s</strong> Lombards. Comment M. Krusch peut-il écrire : Die Ansicht dass die Taufe<br />

Chlodovechs in Reims erfolgt sei ist also ein für alle mal aufsugeben. (Krusch, Zwei<br />

Heiligenleben <strong><strong>de</strong>s</strong> Jonas von Susa dans Mittheilungen <strong><strong>de</strong>s</strong> Instituts für östreichische<br />

Geschichte, XIV, p. 441.

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