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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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Nous <strong>de</strong>vons avouer toutefois qu’après mûr examen, nos préférences vont plutôt<br />

maintenant à celle du P. Jubaru, pour <strong><strong>de</strong>s</strong> motifs que nous allons énoncer.<br />

C<strong>et</strong>te opinion a été proposée pour <strong>la</strong> première fois au dix-huitième siècle par<br />

l’abbé Lebeuf. Dans une <strong>de</strong> ses savantes dissertations1, c<strong>et</strong> érudit prétend qu’il y<br />

avait à Reims un pa<strong>la</strong>is royal d’où Clovis sortit pour aller au baptistère, <strong>et</strong> que<br />

c’était l’ancien pa<strong>la</strong>is <strong><strong>de</strong>s</strong> empereurs romains, rési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> Valentinien Ier, qui y<br />

rendit plusieurs décr<strong>et</strong>s dont le texte nous a été conservé dans le co<strong>de</strong><br />

Théodosien2. Les décr<strong>et</strong>s en question sont datés du 27 janvier, du 13 février <strong>et</strong><br />

du 29 mars 367 ; ils nous montrent que Valentinien a bien en eff<strong>et</strong> séjourné à<br />

Reims durant les premiers mois <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te année.<br />

Plus tard, Clovis <strong>et</strong> ses successeurs ont pu occuper à leur tour <strong>la</strong> <strong>de</strong>meure<br />

impériale. Le fils <strong>de</strong> Clovis, Thierry Ier, parait avoir habité Reims3 ; Sigebert Ier,<br />

neveu <strong>de</strong> Thierry, y avait établi le siège <strong>de</strong> son gouvernement, au témoignage <strong>de</strong><br />

Grégoire <strong>de</strong> Tours4. Le séjour permanent d’un roi suppose l’existence d’un pa<strong>la</strong>is<br />

; Reims, qui conservait encore <strong><strong>de</strong>s</strong> restes <strong>de</strong> son <strong>antique</strong> splen<strong>de</strong>ur, avait pu<br />

aisément offrir aux princes mérovingiens un abri parmi les monuments qui<br />

avaient été élevés du temps <strong>de</strong> l’empire. Le pa<strong>la</strong>is <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné aux empereurs était<br />

tout désigné pour leur servir <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce ; c’est là sans doute qu’ils s’étaient<br />

fixés <strong>et</strong> qu’ils tenaient leur cour ; c’est bien, nous dit-on, <strong>la</strong> domus regia<br />

désignée par Hincmar, le lieu où Clovis a passé <strong>la</strong> nuit qui précéda son baptême.<br />

Mais en quel endroit se trouvait ce pa<strong>la</strong>is ? On a pensé qu’il <strong>de</strong>vait être voisin <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> porte Basée, l’<strong>antique</strong> porta Basilica, l’une <strong><strong>de</strong>s</strong> entrées principales <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville.<br />

C<strong>et</strong>te porte, détruite seulement au dix-huitième siècle, était à l’origine, comme <strong>la</strong><br />

porte <strong>de</strong> Mars qui a eu un meilleur sort <strong>et</strong> subsiste encore aujourd’hui, un arc <strong>de</strong><br />

triomphe érigé, dans <strong><strong>de</strong>s</strong> temps prospères, à l’entrée <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité, au point <strong>de</strong><br />

départ <strong><strong>de</strong>s</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> voies qui reliaient Reims aux autres villes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule5. A <strong>la</strong><br />

fin du troisième siècle, sous <strong>la</strong> menace <strong><strong>de</strong>s</strong> invasions barbares, on se vit forcé,<br />

pour faciliter <strong>la</strong> défense, d’abandonner les faubourgs <strong>et</strong> leurs opulentes vil<strong>la</strong>s, <strong>de</strong><br />

rentrer dans les étroites limites <strong>de</strong> l’ancienne cité, <strong>et</strong> d’entourer c<strong>et</strong> espace<br />

restreint d’une ceinture <strong>de</strong> remparts. L’arc <strong>de</strong> triomphe <strong>de</strong> <strong>la</strong> porta Basilica <strong>de</strong>vint<br />

une porte fortifiée <strong>de</strong> <strong>la</strong> nouvelle enceinte6. C<strong>et</strong>te position était très importante ;<br />

elle donnait accès à <strong>la</strong> via Cæsareæ, l’une <strong><strong>de</strong>s</strong> voies les plus notables <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

région ; elle jouait dans <strong>la</strong> protection <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville un rôle capital. Il n’est pas<br />

étonnant qu’un pa<strong>la</strong>is ait été élevé en ce lieu <strong>et</strong> compris dans ce système<br />

défensif. On connaît ailleurs d’autres exemples analogues : c’est ainsi que <strong>la</strong><br />

porta Nigra <strong>de</strong> Trèves a été également transformée en pa<strong>la</strong>is. Au moyen âge, <strong>la</strong><br />

tradition s’est conservée, <strong>et</strong> l’on a, <strong>de</strong> même, construit <strong><strong>de</strong>s</strong> châteaux aux portes<br />

1 Dissertation sur plusieurs circonstances du règne <strong>de</strong> Clovis, Paris (1738), p. 10 <strong>et</strong> 11.<br />

2 Marlot, M<strong>et</strong>rop. Remensis historia, t. I, p. 43 ; cf. Hist. <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Reims, t. I, p. 554.<br />

3 Marlot, M<strong>et</strong>r. Rem. hist., t. I, p. 175.<br />

4 ... Sigiberto quoque regnum Theu<strong>de</strong>rici, se<strong>de</strong>mque habere Remerisem. L. IV, ch. XXII.<br />

Voyez D. Bouqu<strong>et</strong>, Rec. <strong><strong>de</strong>s</strong> historiens <strong>de</strong> <strong>la</strong> France, t. II. p. 214, note e.<br />

5 Voyez notre notice sur Les Portes <strong>antique</strong>s <strong>de</strong> Reims, dans les Travaux <strong>de</strong> l’Académie<br />

<strong>de</strong> Reims, t. LXV (année 1878-79), p. 442 <strong>et</strong> suiv.<br />

6 Elle portait aussi le nom <strong>de</strong> porta Col<strong>la</strong>ticia, qui parait répondre à. l’expression <strong>de</strong> porte<br />

coleïce dans l’ancienne <strong>la</strong>ngue française, <strong>et</strong> qui désigne une porte munie d’une herse<br />

(ibid., p. 444).

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