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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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<strong>de</strong> leur épiscopat, <strong>et</strong> <strong>la</strong> réforme <strong>de</strong> Grégoire VII, qui a arraché <strong>la</strong> civilisation au<br />

joug mortel <strong>de</strong> <strong>la</strong> féodalité guerrière, est celle <strong>de</strong> leurs moines.<br />

Grand par l’épée, le génie franc a été grand aussi par<strong>la</strong> pensée. Il a créé <strong>la</strong><br />

sco<strong>la</strong>stique, c<strong>et</strong>te vigoureuse métho<strong>de</strong> d’éducation <strong>de</strong> l’esprit mo<strong>de</strong>rne ; l’art<br />

ogival, qui a. semé <strong>de</strong> chefs-d’œuvre le sol <strong>de</strong> l’Occi<strong>de</strong>nt ; l’épopée carolingienne,<br />

plus haute dans son inspiration <strong>et</strong> plus parfaite dans son p<strong>la</strong>n que le chefd’œuvre<br />

d’Homère. Après quatorze siècles d’une vitalité incomparable, il n’a<br />

point encore défailli : il brûle sous <strong>la</strong> cendre <strong><strong>de</strong>s</strong> révolutions, il reste plein <strong>de</strong><br />

chaleur <strong>et</strong> <strong>de</strong> vie, <strong>et</strong> quand on y porte <strong>la</strong> main, on sent palpiter l’âme du mon<strong>de</strong>.<br />

La foi catholique n’a pas <strong>de</strong> centre plus radieux, <strong>et</strong> <strong>la</strong> civilisation ne peut pas se<br />

passer <strong>de</strong> <strong>la</strong> race franque.<br />

Rien dans l’origine <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te race ne semb<strong>la</strong>it présager <strong>de</strong> si hautes <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées.<br />

Cantonnée à l’extrémité du mon<strong>de</strong> civilisé, dans les marécages incultes <strong>de</strong><br />

Batavie, elle était une <strong><strong>de</strong>s</strong> plus arriérées au moment où l’héritage <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

civilisation <strong>antique</strong> s’ouvrit. Le nom <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs, qui se résumait alors dans celui<br />

<strong>de</strong> leurs protagonistes les Sicambres, était synonyme <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>tructeurs sauvages,<br />

<strong>et</strong> <strong>la</strong> réputation qu’ils s’étaient faite dans l’Empire ressemb<strong>la</strong>it à celle qu’euxmêmes<br />

ont faite plus tard aux Normands <strong>et</strong> aux Hongrois. Braves <strong>et</strong><br />

entreprenants, comme l’étaient d’ailleurs tous les barbares, ils ne se<br />

distinguaient pas par les aptitu<strong><strong>de</strong>s</strong> supérieures qui bril<strong>la</strong>ient à un si haut <strong>de</strong>gré<br />

chez d’autres peuples germaniques. Sans notion d’État ni <strong>de</strong> civilisation, sans<br />

l<strong>et</strong>tres, sans art, sans idée nationale, ils étaient bien en <strong><strong>de</strong>s</strong>sous <strong><strong>de</strong>s</strong> Goths qui,<br />

au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> <strong>la</strong> crise universelle, fondèrent <strong><strong>de</strong>s</strong> royaumes où ils convièrent à<br />

une fraternelle col<strong>la</strong>boration le passé <strong>et</strong> l’avenir, <strong>la</strong> vieillesse du mon<strong>de</strong> romain <strong>et</strong><br />

<strong>la</strong> jeunesse du mon<strong>de</strong> barbare. Eux, ils portaient le fer <strong>et</strong> le feu dans les _régions<br />

qu’ils conquéraient, <strong>et</strong> ne s’y établissaient qu’après avoir exterminé les habitants<br />

<strong>et</strong> anéanti <strong>la</strong> civilisation.<br />

D’où vient donc <strong>la</strong> gran<strong>de</strong>ur historique du peuple franc ? Tout entière du choix<br />

fait <strong>de</strong> ce peuple par <strong>la</strong> volonté transcendante qui a créé le mon<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rne. A<br />

l’aurore <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>, il a été appelé, <strong>et</strong> il a répondu à l’appel. Avec une joyeuse<br />

confiance il a mis sa main dans <strong>la</strong> main <strong>de</strong> l’Église catholique, il a été son docile<br />

disciple <strong>et</strong> plus tard son énergique défenseur, <strong>et</strong> il a reçu d’elle le f<strong>la</strong>mbeau <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

vie, pour le porter à travers les nations. C’est l’histoire <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te fécon<strong>de</strong> alliance<br />

<strong>de</strong> l’Église <strong>et</strong> du génie franc qui fait l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> ce livre.<br />

Il semb<strong>la</strong>it, pendant les premiers siècles <strong>de</strong> notre ère, que l’Empire romain eût<br />

créé l’état définitif dans lequel l’humanité <strong>de</strong>vait achever ses <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées. Ses<br />

penseurs l’ont cru, ils l’ont dit avec <strong><strong>de</strong>s</strong> accents d’une majesté étonnante, <strong>et</strong> tout<br />

le genre humain a partagé pendant longtemps leur conviction. Les chrétiens euxmêmes<br />

ne refusaient pas leur créance à c<strong>et</strong>te espèce <strong>de</strong> dogme politique. Ils<br />

trouvaient dans leurs Livres saints <strong><strong>de</strong>s</strong> prophéties qui, interprétées au sens<br />

usuel, annonçaient l’Empire romain comme le <strong>de</strong>rnier <strong>et</strong> le plus durable <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

terre, <strong>et</strong>, se persuadant qu’après lui viendrait <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> tout, ils le respectaient<br />

comme <strong>la</strong> suprême sauvegar<strong>de</strong> que Dieu avait accordée à <strong>la</strong> paix terrestre. Il<br />

faut entendre leurs apologistes, Méliton <strong>et</strong> Tertullien par exemple, s’en expliquer<br />

vis-à-vis <strong><strong>de</strong>s</strong> persécuteurs. Comment, leur disent-ils en substance, pourrionsnous<br />

être <strong><strong>de</strong>s</strong> ennemis <strong>de</strong> l’Empire, nous qui sommes persuadés qu’il durera<br />

autant que le mon<strong>de</strong> ? Telle était, chez les fils <strong>et</strong> les frères <strong><strong>de</strong>s</strong> martyrs,<br />

l’intensité du patriotisme romain : ils croyaient à l’éternité <strong>de</strong> Rome, même alors<br />

qu’ils mouraient plutôt que <strong>de</strong> se soum<strong>et</strong>tre à ses injustes lois.

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