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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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trahi par une époque incapable <strong>de</strong> supporter <strong>la</strong> vertu sur le trône : c’était<br />

Majorien. Pourquoi refuserait-on d’adm<strong>et</strong>tre, avec un historien, que c’est le<br />

prestige personnel <strong>de</strong> l’empereur qui a gagné .Ægidius à <strong>la</strong> cause <strong>de</strong> l’Empire, <strong>et</strong><br />

qui a fait <strong>de</strong> lui ce qu’il est resté jusqu’à <strong>la</strong> fin, le champion <strong>de</strong> <strong>la</strong> civilisation aux<br />

abois1 ? Devenu maître <strong><strong>de</strong>s</strong> milices, Ægidius se consacra tout entier à <strong>la</strong> Gaule,<br />

<strong>et</strong> nous le r<strong>et</strong>rouvons partout où il s’agit <strong>de</strong> tenir tête aux barbares. En 459, il<br />

protège <strong>la</strong> ville d’Arles contre les Visigoths. En 460, il accompagne Majorien en<br />

Espagne pour prendre part à l’expédition proj<strong>et</strong>ée contre les Vandales. Lorsque,<br />

victime <strong>de</strong> toutes les trahisons, l’empereur eut succombé (460), Ægidius, dont le<br />

point d’appui était <strong>la</strong> Gaule, proj<strong>et</strong>a d’aller le venger en Italie même. Et il l’aurait<br />

fait, si Ricimer n’avait eu l’art <strong>de</strong> j<strong>et</strong>er sur lui les Visigoths, qui l’occupèrent dans<br />

son propre <strong>pays</strong>. Ægidius leur tint vail<strong>la</strong>mment tête ; mais un autre traître, le<br />

comte Agrippinus, <strong>de</strong> connivence peut-être avec Ricimer, leur livra <strong>la</strong> ville <strong>de</strong><br />

Narbonne2. Ce fut un coup sensible pour le patriote romain. Il se vit obligé<br />

d’évacuer toute <strong>la</strong> Gaule méridionale, <strong>et</strong> <strong>de</strong> se r<strong>et</strong>irer sur <strong>la</strong> Loire, <strong>la</strong>issant le Midi<br />

à l’influence barbare, <strong>et</strong> coupé <strong>de</strong> ses communications avec <strong>la</strong> Ville éternelle.<br />

Sa <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée était fixée désormais, <strong>et</strong> celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule ultérieure également. Lui,<br />

il cessait d’être le général <strong>de</strong> Rome pour n’être plus que le défenseur d’une<br />

province. Celle-ci était définitivement détachée <strong>de</strong> l’Empire, <strong>et</strong> commençait, au<br />

travers <strong>de</strong> mille épreuves, le cours <strong>de</strong> son existence désormais séparée.<br />

Ægidius ne resta pas longtemps en repos. Les Visigoths le poursuivirent jusque<br />

dans <strong>la</strong> vallée <strong>de</strong> <strong>la</strong> Loire, bien décidés, paraît-il, à en finir avec le seul homme<br />

qui mît obstacle à l’accomplissement <strong>de</strong> leurs p<strong>la</strong>ns. Mais le sort <strong><strong>de</strong>s</strong> armes leur<br />

fut contraire. Frédéric, le frère <strong>de</strong> leur roi, périt dans une sang<strong>la</strong>nte défaite que<br />

lui infligea le générai romain entre <strong>la</strong> Loire <strong>et</strong> le Loir<strong>et</strong>, en avant d’Orléans<br />

menacé3. C<strong>et</strong>te victoire assura pour une génération encore l’indépendance <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Gaule centrale, <strong>de</strong>venue au milieu du déluge <strong>de</strong> <strong>la</strong> barbarie le <strong>de</strong>rnier îlot <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

vie romaine.<br />

Or, c’est dans <strong>la</strong> bataille d’Orléans que nous r<strong>et</strong>rouvons Childéric, combattant à<br />

titre d’allié dans les rangs <strong>de</strong> l’armée d’Ægidius. Etait-ce <strong>la</strong> première fois qu’il y<br />

apparaissait à <strong>la</strong> tête <strong>de</strong> son peuple, ou n’avait-il pas participé aux campagnes<br />

antérieures du général romain ? Ce n’est certes pas sa jeunesse qui l’en eût<br />

empêché. Il n’avait guère qu’une vingtaine d’années, mais l’âge <strong>de</strong> <strong>la</strong> majorité<br />

sonnait tôt pour les barbares, <strong>et</strong> chez les Saliens, dès douze ans on portait <strong>la</strong><br />

framée. Ç’avait été un trait d’habil<strong>et</strong>é d’Ægidius que d’attacher à sa fortune le<br />

jeune roi <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs ; en ce<strong>la</strong> encore il continuait <strong>la</strong> tradition politique d’Aétius.<br />

Le secours <strong>de</strong> Childéric lui venait d’autant plus à point qu’un nouvel ennemi<br />

venait d’entrer en scène : c’étaient les Saxons.<br />

Il s’en fallut <strong>de</strong> peu que ce peuple, prévenant les Francs ses rivaux, ne fît luimême<br />

<strong>la</strong> conquête <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule. A partir du troisième siècle, on les vit sur tous<br />

ses rivages, <strong>de</strong>puis l’Escaut jusqu’à <strong>la</strong> Seine, <strong>et</strong> on les y rencontrait si souvent,<br />

que <strong>la</strong> côte avait fini par s’appeler <strong>la</strong> côte saxonne (littus saxonicum). Un <strong>de</strong> leurs<br />

groupes s’était fixé <strong>de</strong> bonne heure, on l’a vu, dans le <strong>pays</strong> <strong>de</strong> Boulogne ; un<br />

second avait pris possession <strong><strong>de</strong>s</strong> environs <strong>de</strong> Bayeux en Normandie ; un<br />

troisième s’était emparé <strong><strong>de</strong>s</strong> îles boisées qui remplissaient le lit <strong>de</strong> <strong>la</strong> Loire, près<br />

1 Sidoine Apollinaire, Carm., V, 553 ; Vita sancti Lupicini dans les Acta Sanctorum <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Bol<strong>la</strong>ndistes, 21 mars ; Grégoire <strong>de</strong> Tours, II, 11 ; Idacius, 218 (Mommsen).<br />

2 Idacius, 217 (Mommsen) ; Isidore, Chronicon Gothorum. Cf. le Vita Lupicini.<br />

3 Idacius, 218 (Mommsen).

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