27.06.2013 Views

clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

De ce cycle national, rien ne nous a été conservé, si ce n’est une fable<br />

généalogique <strong>et</strong> quelques lignes fort sèches dans lesquelles, à ce qu’il paraît,<br />

Grégoire <strong>de</strong> Tours a résumé les récits re<strong>la</strong>tifs, dans sa source, à l’origine <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Francs. Mais, en é<strong>la</strong>guant soigneusement tout ce qui présentait un caractère trop<br />

mythologique, le vénérable narrateur a mutilé sa narration jusqu’au point <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

rendre presque inintelligible. On y lit avec surprise qu’au dire <strong>de</strong> <strong>la</strong> tradition<br />

popu<strong>la</strong>ire, les Francs étaient originaires <strong>de</strong> <strong>la</strong> Pannonie, <strong>et</strong> qu’ils avaient quitté ce<br />

<strong>pays</strong> pour venir <strong>de</strong>meurer sur les bords du Rhin. Plus tard, continue le narrateur,<br />

ils passèrent le fleuve, <strong>et</strong>, après s’être établis en Thuringie, ils mirent à <strong>la</strong> tête <strong>de</strong><br />

leurs diverses tribus <strong><strong>de</strong>s</strong> princes choisis dans leur famille <strong>la</strong> plus noble1.<br />

Si l’on peut s’en rapporter à c<strong>et</strong>te tradition, c’est vers le milieu du quatrième<br />

siècle qu’il faudrait p<strong>la</strong>cer l’origine <strong>de</strong> <strong>la</strong> dynastie mérovingienne. Mais, au<br />

moment où l’on écrivit pour <strong>la</strong> première fois ‘son histoire, les souvenirs ne<br />

remontaient pas si haut. L’historien <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs a fait <strong>de</strong> sérieux mais stériles<br />

efforts pour percer les ténèbres qui couvraient les origines <strong>de</strong> son peuple, <strong>et</strong> pour<br />

r<strong>et</strong>rouver, dans les chroniqueurs <strong>et</strong> les annalistes du quatrième siècle, <strong>la</strong> trace <strong>de</strong><br />

ses premiers rois ; il n’y a pas réussi, <strong>et</strong>, trompé par leur <strong>la</strong>ngage, il s’est<br />

finalement <strong>de</strong>mandé si c’étaient bien <strong><strong>de</strong>s</strong> rois, ou plutôt <strong>de</strong> simples ducs, qui<br />

étaient à <strong>la</strong> tête <strong><strong>de</strong>s</strong> conquérants <strong>de</strong> <strong>la</strong> Belgique2. Mieux informé, Grégoire <strong>de</strong><br />

Tours aurait ajouté à sa liste les noms <strong>de</strong> quelques personnages que nous avons<br />

rencontrés au cours <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te histoire : Genobaud, que nous avons vu, à <strong>la</strong> fin du<br />

troisième siècle, s’humilier <strong>de</strong>vant Maximien ; Ascaric <strong>et</strong> Ragaise, dont le sang<br />

cou<strong>la</strong> sous <strong>la</strong> <strong>de</strong>nt <strong><strong>de</strong>s</strong> bêtes féroces à Trèves par ordre <strong>de</strong> Constantin le Grand ;<br />

le prince Nebisgast, prisonnier <strong>de</strong> Julien l’Apostat, dont le père gouvernait une<br />

peup<strong>la</strong><strong>de</strong> franque vers le milieu du quatrième siècle ; Mellobaud, qui <strong>de</strong>vint sous<br />

Valentinien l’allié fidèle <strong>de</strong> l’Empire. Tous ces personnages sont restés inconnus<br />

<strong>de</strong> l’historiographie franque, qui aurait peut-être trouvé parmi eux les ancêtres<br />

<strong>de</strong> Clovis. Elle connaît, à vrai dire, les noms <strong>de</strong> Genobaud, <strong>de</strong> Marcomir <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

Sunno, trois chefs d’outre-Rhin qui, comme nous l’avons vu, ont envahi <strong>la</strong> Gaule<br />

du temps <strong>de</strong> Théodose le Grand ; mais il serait téméraire d’affirmer qu’ils sont<br />

alliés à <strong>la</strong> famille qui régna sur les Francs <strong>de</strong> <strong>la</strong> Belgique, <strong>et</strong> Grégoire <strong>de</strong> Tours ne<br />

parait pas le croire. En revanche, il semble bien qu’il considère comme<br />

Mérovingien le roi Richimir, dont le fils Théo<strong>de</strong>mir tomba avec sa mère Ascy<strong>la</strong> au<br />

pouvoir <strong><strong>de</strong>s</strong> Romains, qui firent périr <strong>la</strong> mère <strong>et</strong> le fils sous le g<strong>la</strong>ive du bourreau.<br />

Ces trois personnages sont mentionnés par le chroniqueur immédiatement après<br />

le passage où il a raconté l’origine <strong><strong>de</strong>s</strong> rois chevelus, <strong>et</strong> avant celui où il fait<br />

mention <strong>de</strong> Clodion pour <strong>la</strong> première fois3. Il semble bien que, dans sa pensée,<br />

ils fassent partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> même souche que ce <strong>de</strong>rnier.<br />

1 Tradunt enim multi, eos<strong>de</strong>m (sc. Francos) <strong>de</strong> Pannonia fuisse <strong>de</strong>gressus, <strong>et</strong> primum<br />

qui<strong>de</strong>m litora Rheni omnes incoluisse, <strong>de</strong>hinc transacto Rheno, Thoringiam transmeasse,<br />

ibique juxta pagos vel civitates regis crinitos super se creavisse <strong>de</strong> prima <strong>et</strong> ut ita dicam<br />

nobiliore suorum familia. (Grégoire <strong>de</strong> Tours, II, 9.) Je renvoie le lecteur au commentaire<br />

que j’ai donné <strong>de</strong> ce passage dans l’Histoire poétique <strong><strong>de</strong>s</strong> Mérovingiens, pp. 101 à 120.<br />

2 Voir <strong>la</strong> trace <strong>de</strong> ces curieuses hésitations dans le chapitre IX <strong>de</strong> son livre II. Il se<br />

trompe d’ailleurs manifestement sur <strong>la</strong> portée du passage <strong>de</strong> Sulpice Alexandre qu’il cite,<br />

<strong>et</strong> où il est dit : Eo tempore Genobau<strong>de</strong> Marcomere <strong>et</strong> Sunnone ducibus Franci in<br />

Germaniam prorumpere. Sur quoi Grégoire écrit : Cum multa <strong>de</strong> eis (sc. Francis) Sulpicii<br />

Alexandri narr<strong>et</strong> historia, non tamen regem primum eorum ul<strong>la</strong>tinus nominat, sed duces<br />

eos habuisse dicit. Le contresens est manifeste.<br />

3 Je suis obligé <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre le passage tout entier sous les yeux du lecteur pour qu’il<br />

puisse se rendre compte <strong>de</strong> l’enchaînement <strong><strong>de</strong>s</strong> idées. Tradunt enim multi eos<strong>de</strong>m (sc.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!