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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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uns <strong>et</strong> lé vasse<strong>la</strong>ge <strong><strong>de</strong>s</strong> autres. D’ailleurs, les terres dont les Francs venaient <strong>de</strong><br />

s’emparer étaient précisément celles dont Rome n’avait rien su faire, <strong>et</strong> qui,<br />

composées <strong>de</strong> <strong>la</strong>n<strong><strong>de</strong>s</strong> stériles vers l’est, vers l’ouest <strong>de</strong> forêts marécageuses,<br />

étaient restées <strong>de</strong>puis quatre siècles barbares <strong>et</strong> inhabitées. Aucune portion du<br />

sol effectivement occupé par <strong>la</strong> civilisation romaine ne leur fut abandonnée. Ils<br />

ne pénétrèrent dans aucune cité, dans aucune ville forte. Tongres <strong>et</strong> Tournai<br />

restèrent au pouvoir <strong>de</strong> l’Empire, avec les, gran<strong><strong>de</strong>s</strong> chaussées stratégiques qui<br />

maintenaient les communications entre Cologne <strong>et</strong> <strong>la</strong> Gaule. Plus d’un optimiste<br />

<strong>de</strong> l’époque aura pu se dire, en renouve<strong>la</strong>nt un mot <strong>de</strong> Gallien, que les sables <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> Campine n’étaient pas indispensables au bonheur <strong>de</strong> l’Empire.<br />

Nous avons maintenant à exposer d’où venaient les peup<strong>la</strong><strong><strong>de</strong>s</strong> franques qui<br />

s’établirent ainsi en Belgique. Toutes les <strong>de</strong>ux, celles <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ménapie comme celles<br />

du <strong>pays</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> Toxandres, sortaient <strong>de</strong> l’île <strong><strong>de</strong>s</strong> Bataves, qui était <strong>de</strong>puis longtemps<br />

<strong>de</strong>venue le vestibule <strong>de</strong> l’Empire pour toutes les tribus <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille franque.<br />

Attirées par <strong>la</strong> richesse du sol provincial, ou poussées par les peuples cantonnés<br />

en arrière d’elles, elles passaient en Batavie, y absorbaient plus ou moins ce<br />

qu’elles trouvaient <strong>de</strong> popu<strong>la</strong>tion indigène, puis, après c<strong>et</strong>te halte, se rem<strong>et</strong>taient<br />

en marche <strong>et</strong> pénétraient en <strong>pays</strong> romain. Le souvenir <strong>de</strong> ces migrations nous a<br />

été conservé d’une manière un peu vague, mais exacte cependant, par un<br />

historien du cinquième siècle ; selon lui, c’est pour échapper à <strong>la</strong> pression <strong>de</strong><br />

leurs voisins les Saxons que les Francs se sont établis en Batavie1. Une <strong>de</strong> leurs<br />

peup<strong>la</strong><strong><strong>de</strong>s</strong>, celle <strong><strong>de</strong>s</strong> Saliens, a pendant quelque temps conservé son nom sur <strong>la</strong><br />

rive gauche. Il se r<strong>et</strong>rouve, en eff<strong>et</strong>, au milieu du quatrième siècle, sous <strong>la</strong> plume<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> historiens contemporains2, puis encore un peu plus tard dans l’Almanach <strong>de</strong><br />

l’Empire3. Après ce<strong>la</strong> il disparaît, ou du moins, les rares fois qu’il en est fait<br />

mention, il n’a plus, comme celui <strong><strong>de</strong>s</strong> Sicambres, qu’une valeur purement<br />

poétique4. Il n’est pas prouvé qu’il faille l’i<strong>de</strong>ntifier avec l’adjectif salique, qui<br />

semble désigner plutôt <strong>la</strong> qualité du propriétaire libre. La loi salique, c’est, selon<br />

toute apparence, <strong>la</strong> loi <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>hommes</strong> <strong>de</strong> condition salique, <strong>et</strong> non celle <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>hommes</strong> <strong>de</strong> race salienne.<br />

Les Saliens ne sont donc, en réalité, qu’une fraction du groupe occi<strong>de</strong>ntal <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Francs, qui comprenait encore <strong><strong>de</strong>s</strong> Bataves, <strong><strong>de</strong>s</strong> Gugernes, <strong><strong>de</strong>s</strong> Chamaves <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Tongres. Dès le cinquième siècle, tous ces noms étaient oubliés, <strong>et</strong> le peuple<br />

sorti <strong>de</strong> leur fusion s’appe<strong>la</strong>it, comme sur <strong>la</strong> rive droite, le peuple <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs. Les<br />

historiens ont pris l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> comprendre sous <strong>la</strong> désignation <strong>de</strong> Saliens les<br />

peuples francs autres que les Ripuaires5. C’est une erreur. Le peuple sur lequel<br />

régna <strong>la</strong> dynastie mérovingienne ne s’est connu lui-même que sous le nom <strong>de</strong><br />

Francs, qui désignait également les Ripuaires. L’opposition entre ceux-ci <strong>et</strong> les<br />

1 Zosime, III, 3.<br />

2 Julien, Opera, éd. <strong>de</strong> Paris, 1630, p. 514 ; Ammien Marcellin, XVII, 8 ; Zosime, III, 6.<br />

3 La Notitia dignitatum imperii mentionne une cohorte <strong>de</strong> Saliens dans l’armée du<br />

magister peditum d’Occi<strong>de</strong>nt, une <strong>de</strong> Salii seniores dans celle du maître <strong>de</strong> <strong>la</strong> cavalerie<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Gaules, une <strong>de</strong> Salii juniores Gallicani en Espagne.<br />

4 Ainsi dans C<strong>la</strong>udien, De <strong>la</strong>udibus Stilichonis, I, 211, <strong>et</strong> dans Sidoine Apollinaire,<br />

Carmina, VII, 237.<br />

5 Le nom <strong><strong>de</strong>s</strong> Ripuaires apparaît pour <strong>la</strong> première fois dans Jordanès, c. 36, qui distingue<br />

entre Riparii <strong>et</strong> Franci, avec <strong>la</strong> même inexactitu<strong>de</strong> que, par exemple, Sidoine Apollinaire,<br />

Carm., VII, 236 <strong>et</strong> 237, oppose Salius à Francus.

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