27.06.2013 Views

clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong><strong>de</strong>s</strong> désespérés, <strong>et</strong> il se fit proc<strong>la</strong>mer empereur. Quelques <strong>la</strong>mbeaux d’étoffe<br />

rouge, arrachés à un étendard militaire, furent <strong>la</strong> pourpre <strong>de</strong> son inauguration.<br />

La nouvelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> révolte <strong>de</strong> Silvanus tomba comme un coup <strong>de</strong> foudre sur <strong>la</strong><br />

cour imbécile qui avait tout fait pour pousser c<strong>et</strong> honnête homme à <strong>la</strong> défection.<br />

Lorsqu’elle arriva le soir au pa<strong>la</strong>is <strong>de</strong> Mi<strong>la</strong>n, le conseil impérial fut convoqué<br />

d’urgence, <strong>et</strong> l’on siégea au milieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> nuit pour délibérer sur <strong>la</strong> situation. Tout<br />

le mon<strong>de</strong> fut d’accord qu’il n’y avait qu’un homme pour <strong>la</strong> rétablir : c’était un<br />

vieux général du nom d’Ursicinus, que <strong>de</strong> basses intrigues avaient récemment<br />

dépouillé <strong>de</strong> son comman<strong>de</strong>ment militaire en Orient. On convint que l’empereur<br />

ferait semb<strong>la</strong>nt d’ignorer <strong>la</strong> révolte <strong>de</strong> Silvanus, qu’il lui présenterait Ursicinus<br />

comme son successeurs <strong>et</strong> qu’il le rappellerait à <strong>la</strong> cour par une l<strong>et</strong>tre conçue en<br />

termes ‘<strong>de</strong> à plus f<strong>la</strong>tteurs pour lui. Ursicinus avait carte b<strong>la</strong>nche pour le reste.<br />

On ne lui donna pas seulement le temps <strong>de</strong> prouver qu’il était innocent <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

prétendus crimes qui avaient entraîné sa disgrâce, tant on était pressé <strong>de</strong> le voir<br />

partir, <strong>et</strong> tant on croyait peu à sa culpabilité. Les conseillers <strong>de</strong> l’empereur<br />

étaient heureux d’avoir mis aux prises les <strong>de</strong>ux serviteurs les plus méritants <strong>de</strong><br />

leur maître ; <strong>de</strong> toute manière, ils avaient gagné quelque chose. Ursicinus partit<br />

en toute hâte, accompagné d’une escorte dans <strong>la</strong>quelle se trouvait l’intègre<br />

narrateur auquel nous <strong>de</strong>vons <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong> ce triste épiso<strong>de</strong>1. Il vou<strong>la</strong>it<br />

arriver assez tôt pour que Silvanus pût le croire parti <strong>de</strong> Mi<strong>la</strong>n avant que <strong>la</strong><br />

nouvelle <strong>de</strong> sa révolte y fût arrivée.<br />

Ursicinus trouva Cologne dans une animation extraordinaire ; elle était remplie<br />

<strong>de</strong> soldats, <strong>et</strong> agitée par les préparatifs que Silvanus faisait pour recevoir l’assaut<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> troupes impériales. Il vit bien qu’il était inutile d’attaquer <strong>de</strong> front un homme<br />

si bien entouré, <strong>et</strong> qu’il ne fal<strong>la</strong>it compter, pour réussir, que sur <strong>la</strong> ruse. Lui qui<br />

avait été récemment encore victime <strong><strong>de</strong>s</strong> intrigants <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> calomniateurs, il<br />

recourut, pour perdre Silvanus, aux basses <strong>et</strong> honteuses manœuvres dont il avait<br />

eu à souffrir lui-même. Il faut remarquer qu’Ursicinus passait pour avoir du<br />

mérite, <strong>et</strong> qu’il travail<strong>la</strong>it pour son maître légitime ; mais c’est le propre <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

déca<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> marquer d’une tare <strong>de</strong> dégradation les vertus les ,plus<br />

respectables, en les employant à <strong><strong>de</strong>s</strong> œuvres indignes d’elles. Ursicinus gagna <strong>la</strong><br />

confiance <strong>de</strong> Silvanus en affectant <strong>de</strong> se p<strong>la</strong>indre avec lui <strong><strong>de</strong>s</strong> procédés <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

cour, <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’ingratitu<strong>de</strong> qui était <strong>la</strong> seule récompense <strong><strong>de</strong>s</strong> honnêtes gens.<br />

Pendant que <strong>de</strong> <strong>la</strong> sorte il endormait Silvanus <strong>et</strong> le plongeait dans une fausse<br />

sécurité, sous main il gagnait ses officiers <strong>et</strong> préparait sa chute. Un beau matin,<br />

au lever du soleil, le complot éc<strong>la</strong>ta. Attaqué par une ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> rebelles qui<br />

massacrèrent sa gar<strong>de</strong> du corps, Silvanus, qui se rendait à <strong>la</strong> messe, fut obligé<br />

<strong>de</strong> se réfugier en toute hâte dans <strong>la</strong> chapelle chrétienne ; mais il y fut poursuivi<br />

<strong>et</strong> massacré.<br />

Ainsi périt c<strong>et</strong> infortuné, qui avait mieux mérité <strong>de</strong> l’Empire, <strong>et</strong> dont <strong>la</strong> cour était<br />

parvenue à faire un usurpateur malgré lui. II <strong>la</strong>issait une mémoire sans reproche,<br />

<strong>et</strong> le silence <strong>de</strong> l’historien qui fit partie <strong>de</strong> l’ambassa<strong>de</strong> envoyée pour le perdre<br />

est un éloquent témoignage rendu à ses vertus d’homme <strong>et</strong> à son honneur <strong>de</strong><br />

guerrier. Il avait su inspirer <strong><strong>de</strong>s</strong> amitiés fidèles, comme fut celle <strong>de</strong> Ma<strong>la</strong>ric, <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

nobles dévouements, comme celui dont on va parler. Parmi ses domestiques, il y<br />

avait un chétif p<strong>et</strong>it homme du nom <strong>de</strong> Proculus, qu’on avait mis à <strong>la</strong> torture<br />

après sa mort pour lui faire avouer les crimes imaginaires <strong>de</strong> son maître, <strong>et</strong><br />

révéler les noms <strong>de</strong> ses prétendus complices. Tout le mon<strong>de</strong> tremb<strong>la</strong>it que le<br />

1 Lire toute l’histoire <strong>de</strong> Silvanus dans Ammien Marcellin, XV, 5 <strong>et</strong> 6.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!