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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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légen<strong>de</strong> ajoute que le roi, sur le conseil <strong>de</strong> son chape<strong>la</strong>in saint Aptonius, avait<br />

fait élever en vue <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong><strong>de</strong>s</strong> reliques <strong>de</strong> Notre-Seigneur, <strong>et</strong><br />

qu’instantanément les murailles s’écroulèrent. Pour récompenser Aptonius,<br />

Clovis, <strong>de</strong>venu maître <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, après en avoir chassé l’évêque arien, l’y aurait<br />

intronisé à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> celui-ci, <strong>et</strong> contribué à l’érection <strong>de</strong> <strong>la</strong> cathédrale1.<br />

D’Angoulême, Clovis revint par Poitiers, <strong>et</strong> <strong>de</strong> là il arriva à Tours. Selon toute<br />

apparence, ce n’était pas <strong>la</strong> première fois qu’il m<strong>et</strong>tait le pied dans c<strong>et</strong>te ville<br />

fameuse, à <strong>la</strong>quelle le tombeau <strong>de</strong> saint Martin faisait alors une célébrité sans<br />

pareille dans <strong>la</strong> Gaule entière.<br />

Tours était un municipe romain <strong>de</strong> dimensions médiocres, dont <strong>la</strong> massive<br />

enceinte circu<strong>la</strong>ire subsiste encore aujourd’hui aux environs <strong>de</strong> <strong>la</strong> cathédrale<br />

Saint-Gatien, <strong>et</strong> qu’un pont <strong>de</strong> bateaux m<strong>et</strong>tait en communication avec <strong>la</strong> rive<br />

droite <strong>de</strong> <strong>la</strong> Loire. La vie chrétienne y avait commencé dès avant les persécutions<br />

; mais c’est seulement après <strong>la</strong> paix religieuse qu’on avait pu fon<strong>de</strong>r au milieu <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> ville le premier sanctuaire, bâti sur l’emp<strong>la</strong>cement <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison d’un riche<br />

chrétien. Quand saint Martin était venu, Tours <strong>et</strong> son diocèse avaient été<br />

transformés rapi<strong>de</strong>ment par son fécond aposto<strong>la</strong>t. La cathédrale avait été<br />

agrandie, <strong><strong>de</strong>s</strong> églises rurales élevées dans les principales localités avoisinantes,<br />

un monastère, Marmoutier, avait surgi dans les solitu<strong><strong>de</strong>s</strong> sur l’autre rive ; le<br />

paganisme avait été totalement exterminé, <strong>et</strong> <strong>la</strong> Touraine jouissait d’un <strong>de</strong>gré <strong>de</strong><br />

civilisation bien rare à c<strong>et</strong>te époque dans <strong>la</strong> Gaule centrale. Mort, saint Martin<br />

continua <strong>de</strong> prési<strong>de</strong>r à <strong>la</strong> vie religieuse <strong>de</strong> son diocèse, qui se concentrait autour<br />

<strong>de</strong> son tombeau, <strong>et</strong> y attirait d’innombrables pèlerins.<br />

Ce tombeau se trouvait à dix minutes à l’ouest <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, le long <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaussée<br />

romaine. Il fut d’abord recouvert d’un mo<strong><strong>de</strong>s</strong>te oratoire en bois, que l’évêque<br />

saint Perp<strong>et</strong>, au Ve siècle, remp<strong>la</strong>ça par une spacieuse basilique. L’érudition<br />

mo<strong>de</strong>rne a reconstitué le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> ce sanctuaire fameux. C’était une basilique à <strong>la</strong><br />

romaine, avec une absi<strong>de</strong> en hémicycle au fond, <strong>et</strong>, <strong>de</strong> chacun <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux côtés<br />

longs, <strong>de</strong>ux étages <strong>de</strong> colonnes dont le premier était supporté par une<br />

architrave, <strong>et</strong> qui reliaient les nefs <strong>la</strong>térales à celle du milieu. Le transept était<br />

éc<strong>la</strong>iré par une tour-<strong>la</strong>nterneau surmontée d’un campanile Le corps du saint<br />

gisait à l’entrée du chœur, les pieds tournés vers l’Orient, <strong>la</strong> tête regardant<br />

l’autel ; ses successeurs dormaient autour <strong>de</strong> lui dans <strong><strong>de</strong>s</strong> arcosolium qui<br />

reçurent, au Ve <strong>et</strong> VIe siècle, <strong>la</strong> plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> évêques <strong>de</strong> Tours. Tous les murs<br />

étaient ornés d’inscriptions poétiques dues à Sidoine Apollinaire <strong>et</strong> à Paulin <strong>de</strong><br />

Périgueux, qui les avaient composées à <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> saint Perp<strong>et</strong>. Ainsi les<br />

<strong>de</strong>rniers accents <strong>de</strong> <strong>la</strong> poésie c<strong>la</strong>ssique magnifiaient le confesseur, pendant que<br />

les cierges <strong>et</strong> les <strong>la</strong>mpes f<strong>la</strong>mbaient en son honneur autour <strong>de</strong> sa tombe, <strong>et</strong> que<br />

<strong>la</strong> foule <strong><strong>de</strong>s</strong> malheureux <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> suppliants, prosternée <strong>de</strong>vant l’autel, l’invoquait<br />

auteur reproduit ici une source ancienne. Sur l’interprétation du fait, je ne saurais être<br />

d’accord avec M. Malnory, qui écrit : Angoulême, dit Grégoire <strong>de</strong> Tours, vit tomber ses<br />

murs à l’aspect <strong>de</strong> Clovis : ce<strong>la</strong> veut dire, sans, doute que le parti catholique romain lui<br />

en ouvrit les portes. Saint Césaire, p. 68. Il n’y a, selon moi, à moins d’adm<strong>et</strong>tre le<br />

miracle, que <strong>de</strong>ux manières d’expliquer le fait : ou bien il y a eu un événement naturel<br />

qui a été regardé comme miraculeux, on bien nous sommes en présence d’une invention<br />

pure <strong>et</strong> simple. Si les catholiques avaient livré <strong>la</strong> ville au roi, ils s’en seraient vantés, <strong>et</strong><br />

Grégoire l’aurait su.<br />

1 Historia Pontificum <strong>et</strong> comitum Engolismensium, dans Labbe, Bibliotheca nova<br />

manuscriptorum, t. II, p. 219.

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