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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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se trouvait avant <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> Silvanus ne lui suffisait pas. Ce qu’il rêvait, c’était <strong>de</strong><br />

faire rebrousser chemin aux événements qui avaient amené l’établissement <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Francs en Gaule, <strong>et</strong> <strong>de</strong> rej<strong>et</strong>er au <strong>de</strong>là du Rhin ces audacieux vio<strong>la</strong>teurs du<br />

territoire impérial. Il y avait un intérêt capital pour l’Empire à re<strong>de</strong>venir le maître<br />

du cours inférieur <strong>de</strong> ce fleuve. C’était <strong>la</strong> plus importante voie <strong>de</strong> communication<br />

entre <strong>la</strong> Gaule <strong>et</strong> <strong>la</strong> Br<strong>et</strong>agne. Les flottilles qui revenaient tous les ans <strong>de</strong> l’île<br />

avec le blé nécessaire à <strong>la</strong> subsistance <strong><strong>de</strong>s</strong> troupes remontaient le Rhin <strong>et</strong> ses<br />

affluents, <strong>et</strong> déchargeaient leur cargaison dans les localités qui s’élevaient sur<br />

leurs rives ; <strong>de</strong> là, elles étaient distribuées facilement dans les divers<br />

campements <strong>de</strong> leurs vallées.<br />

Mais <strong>de</strong>puis que les barbares occupaient les <strong>de</strong>ux bords du fleuve ainsi que ses<br />

embouchures, rien n’était plus difficile que le ravitaillement <strong><strong>de</strong>s</strong> garnisons <strong>de</strong><br />

Belgique <strong>et</strong> <strong>de</strong> Germanie. Il fal<strong>la</strong>it tout décharger à Boulogne <strong>et</strong> dans d’autres<br />

ports <strong>de</strong> <strong>la</strong> Manche, d’où, au prix <strong>de</strong> difficultés considérables, <strong>et</strong> non sans grands<br />

frais, on faisait les transports dans l’intérieur au moyen <strong>de</strong> chariots. Outre c<strong>et</strong>te<br />

difficulté vraiment capitale, qui <strong>de</strong>vait être très vivement ressentie par les<br />

gouverneurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule, on <strong>de</strong>vine les embarras du commerce paralysé par <strong>la</strong><br />

ferm<strong>et</strong>ure <strong><strong>de</strong>s</strong> principaux débouchés. Telle était <strong>la</strong> détresse, que le préf<strong>et</strong> du<br />

prétoire <strong><strong>de</strong>s</strong> Gaules, Florentins, avait offert aux Francs <strong>de</strong>ux mille livres d’argent<br />

s’ils consentaient à rétablir <strong>la</strong> liberté <strong>de</strong> <strong>la</strong> navigation sur le Rhin.<br />

Julien trouva c<strong>et</strong>te négociation indigne d’un général romain : il résolut d’ouvrir le<br />

Rhin <strong>de</strong> vive force, en m<strong>et</strong>tant à <strong>la</strong> raison ces orgueilleux Saliens qui<br />

prétendaient en interdire <strong>la</strong> navigation aux flottilles romaines. Faisant prendre à<br />

ses soldats <strong><strong>de</strong>s</strong> approvisionnements pour vingt jours, il se dirigea avec une<br />

célérité extrême du côté <strong>de</strong> <strong>la</strong> Toxandrie, au sud du Rhin <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Meuse, où ils<br />

étaient établis <strong>de</strong>puis 341. Les barbares le croyaient encore à Paris que déjà il<br />

était à Tongres, <strong>et</strong> l’ambassa<strong>de</strong> qu’ils lui envoyèrent le trouva dans c<strong>et</strong>te ville.<br />

Leur arrogance était tombée : ils ne <strong>de</strong>mandaient plus que <strong>la</strong> faveur <strong>de</strong> vivre en<br />

paix dans leurs nouvelles <strong>de</strong>meures, <strong>et</strong>, pour le reste, ils prom<strong>et</strong>taient sans<br />

doute fidélité <strong>et</strong> service militaire à l’Empire. Julien crut à bon droit qu’on ne<br />

pouvait pas compter sur ces natures mobiles, tant qu’on ne leur aurait pas fait<br />

sentir le poids <strong><strong>de</strong>s</strong> armes romaines. Il renvoya donc leurs ambassa<strong>de</strong>urs avec<br />

une réponse évasive ; puis, rapi<strong>de</strong> comme l’éc<strong>la</strong>ir, il apparut immédiatement<br />

dans leur <strong>pays</strong> avec une portion <strong>de</strong> son armée, pendant que l’autre partie, qui<br />

s’avançait le long <strong>de</strong> <strong>la</strong> Meuse sous <strong>la</strong> conduite du maître <strong>de</strong> <strong>la</strong> cavalerie, venait<br />

les prendre à revers.<br />

Surpris <strong>et</strong> désorganisés, les Saliens ne purent songer à <strong>la</strong> moindre résistance, <strong>et</strong><br />

furent trop heureux <strong>de</strong> voir le général romain, victorieux sans avoir combattu,<br />

accor<strong>de</strong>r enfin <strong>la</strong> paix à leurs instantes supplications. Il va sans dire que <strong>la</strong> libre<br />

navigation du Rhin fut pour les barbares <strong>la</strong> condition <strong>et</strong> pour les Romains le plus<br />

précieux résultat <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix1. Julien, qui avait fait construire quatre cents<br />

barques en Br<strong>et</strong>agne, <strong>et</strong> qui en avait rassemblé <strong>de</strong>ux cents en Gaule, disposa,<br />

dès le len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> sa victoire, d’une flottille nombreuse, qui rétablit<br />

immédiatement les communications <strong>de</strong> l’Empire avec sa gran<strong>de</strong> province<br />

d’outremer. Pour un <strong>de</strong>mi-siècle encore, grâce à ces opérations, <strong>la</strong> frontière <strong>de</strong><br />

1 On le voit, les Saliens occupent tout le cours inférieur du bas Rhin sur <strong>la</strong> rive gauche, <strong>et</strong><br />

une victoire remportée sur eux en Toxandrie suffit pour ouvrir ce fleuve. Il n’y a donc eu<br />

qu’un seul peuple franc sur c<strong>et</strong>te rive, du moins à partir <strong>de</strong> 341.

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