clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée
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ou altéré dans les trois autres familles. Selon M. Narbey, au contraire, suivi par<br />
M. Krusch, le plus ancien se r<strong>et</strong>rouverait dans les manuscrits <strong>de</strong> <strong>la</strong> secon<strong>de</strong><br />
famille <strong>de</strong> M. Kohler, <strong>et</strong> c’est d’après ceux-ci, dont le nombre est porté à treize<br />
par les recherches <strong>de</strong> M. Krusch, que ce <strong>de</strong>rnier, comme M. Narbey lui-même, a<br />
établi son texte. C<strong>et</strong>te discussion n’est pas close d’une manière définitive, car,<br />
comme le fait remarquer Mgr. Duchesne, rien n’empêche que les manuscrits <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième famille Kohler, tout en présentant un texte moins altéré au point <strong>de</strong><br />
vue <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’orthographe, ne fût-ce que parce qu’ils sont en général<br />
plus anciens, aient été d’autre part l’obj<strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> interpo<strong>la</strong>tions dont les manuscrits<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> première famille Kohler sont exempts d’après ce <strong>de</strong>rnier éditeur. On ne<br />
peut donc pas dire que malgré tous les travaux sur ce document hagiographique,<br />
nous soyons aujourd’hui en possession d’une édition définitive. MM. Kohler <strong>et</strong><br />
Krusch ont d’ailleurs mis parfaitement en lumière, chacun dans un sens opposé,<br />
les indices qui p<strong>la</strong>i<strong>de</strong>nt en faveur <strong>de</strong> l’antériorité <strong>de</strong> l’une <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’autre <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux<br />
familles.<br />
La question <strong>de</strong> <strong>la</strong> date à <strong>la</strong>quelle fut composée <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> sainte Geneviève<br />
présente une importance capitale. L’auteur, qui avoue n’avoir pas connu <strong>la</strong><br />
sainte, nous dit qu’il écrit dix-huit ans après <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> celle-ci, c’est-à-dire, par<br />
conséquent, en 519 ou 520. C’est sur <strong>la</strong> foi <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te affirmation qu’on a été à peu<br />
près unanime à considérer son travail comme ayant <strong>la</strong> valeur d’une œuvre<br />
presque contemporaine. Toutefois, certaines assertions <strong>de</strong> l’auteur, qui<br />
semb<strong>la</strong>ient difficiles à concilier avec ce que nous savons <strong>de</strong> l’histoire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
Mérovingiens, <strong>et</strong> en particulier les épiso<strong><strong>de</strong>s</strong> où il est parlé <strong>de</strong> Childéric <strong>et</strong> du siège<br />
<strong>de</strong> dix ou cinq ans soutenu par <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Paris contre les Francs, avaient déjà<br />
inspiré <strong>de</strong> <strong>la</strong> défiance à Adrien <strong>de</strong> Valois (Rerum Francicarum, libri VIII, Paris, 1646,<br />
t. I, pp. 317-319), sans que cependant il s’avisât <strong>de</strong> contester l’authenticité du<br />
document. Bol<strong>la</strong>ndus, lui, n’avait pu se persua<strong>de</strong>r totalement que <strong>la</strong> Vie qu’il<br />
publiait était le texte primitif (Ea<strong>de</strong>mne tamen sit qua ; est in manibus ingenue fateor<br />
inihi non liquere, p. 137), mais ces doutes, exprimés en passant, avaient été peu<br />
remarqués. Vers <strong>la</strong> fin du dix-septième siècle, le génovéfain C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> du Molin<strong>et</strong>,<br />
dans son Histoire <strong>de</strong> sainte Geneviève <strong>et</strong> <strong>de</strong> son abbaye royale <strong>et</strong> apostolique,<br />
conservée en manuscrit à <strong>la</strong> bibliothèque <strong>de</strong> Sainte-Geneviève à Paris, <strong>et</strong>,<br />
quelque temps après lui, C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> du Moulin<strong>et</strong>, abbé <strong><strong>de</strong>s</strong> Tuileries, dans une L<strong>et</strong>tre<br />
critique sur les différentes Vies <strong>de</strong> sainte Geneviève, également en manuscrit à <strong>la</strong><br />
même bibliothèque, émirent l’opinion que l’ouvrage était tout au plus du<br />
neuvième siècle. Mais ces <strong>de</strong>ux livres, n’ayant jamais vu le jour, restèrent sans<br />
influence sur <strong>la</strong> conviction générale ; au surplus, tous les <strong>de</strong>ux partaient d’un<br />
faux point <strong>de</strong> vue en prenant le texte <strong>de</strong> <strong>la</strong> quatrième famille Kohler, rempli<br />
d’interpo<strong>la</strong>tions <strong>et</strong> d’anachronismes, pour le texte original. Enfin, un protestant<br />
suédois du nom <strong>de</strong> Wallin porta <strong>la</strong> question <strong>de</strong>vant le public dans une véhémente<br />
dissertation intitulée : De sancta Genovefa... disquisitio historico-critico<br />
theologica, Wittenberg, 1723, in 4°. Pour Wallin, qui travail<strong>la</strong>it selon l’esprit <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
centuriateurs <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong>bourg <strong>et</strong> avec une rare absence <strong>de</strong> sérénité scientifique,<br />
l’auteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> Vie était un faussaire du neuvième siècle qui l’avait inventée <strong>de</strong><br />
toutes pièces, <strong>et</strong> il n’était pas même certain que sainte Geneviève eût jamais<br />
existé (si qua unquam fuit, p. 55). Wallin alléguait contre l’authenticité divers<br />
arguments dont quelques-uns ne <strong>la</strong>issent pas d’être spécieux, mais il était<br />
beaucoup plus faible dans <strong>la</strong> réfutation <strong>de</strong> ceux qu’on alléguait en sa faveur ;<br />
c’est ainsi que, d’après lui, si l’auteur parle une <strong>la</strong>ngue manifestement<br />
mérovingienne, c’est une ruse <strong>de</strong> plus pour se donner un vernis d’antiquité.<br />
L’opinion <strong>de</strong> Wallin était d’ailleurs restée sans écho jusqu’à nos jours, <strong>et</strong> un seul