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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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<strong>de</strong> tous ceux du sixième siècle, se communiqua au monastère <strong>et</strong> à <strong>la</strong> montagne<br />

elle-même. Du haut <strong>de</strong> sa colline, Geneviève fut <strong>la</strong> patronne céleste <strong>de</strong> Paris<br />

adolescent ; <strong>de</strong> là, comme un phare tranquille <strong>et</strong> lumineux, sa pure <strong>et</strong> touchante<br />

mémoire bril<strong>la</strong> sur <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> ville qu’elle aimait, <strong>et</strong> sur <strong>la</strong> dynastie dont le<br />

fondateur reposait à son ombre, comme un client fidèle. Aucune gloire française<br />

n’est composée <strong>de</strong> rayons plus purs ; aucune n’a pénétré à une telle profon<strong>de</strong>ur<br />

dans l’âme du peuple, pas même celle <strong>de</strong> Jeanne d’Arc, c<strong>et</strong>te Geneviève du<br />

quinzième siècle ; sœur cad<strong>et</strong>te <strong>de</strong> <strong>la</strong> vierge <strong>de</strong> Paris. Quoi d’étonnant si, dès les<br />

premières générations après sa mort, elle était pour <strong>la</strong> foule <strong>la</strong> seule habitante<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> basilique du mont Lutèce, tandis que le tombeau <strong>de</strong> Clovis, isolé <strong>de</strong> <strong>la</strong> série<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> sépultures royales qui s’alignaient à Saint-Denis, s’oubliait peu à peu <strong>et</strong> ne<br />

fut bientôt plus connu que <strong><strong>de</strong>s</strong> moines qui le gardaient ?<br />

Que <strong>de</strong>vinrent les sarcophages royaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte <strong>de</strong> Sainte-Geneviève, <strong>et</strong> que<br />

<strong>de</strong>vint en particulier celui <strong>de</strong> Clovis ? Abandonné aux heures du danger par les<br />

moines, qui fuyaient avec <strong>la</strong> châsse <strong>de</strong> <strong>la</strong> sainte, il resta exposé trois fois en un<br />

siècle aux outrages <strong><strong>de</strong>s</strong> Normands, qui vinrent piller les environs <strong>de</strong> Paris en 845,<br />

en 857 <strong>et</strong> en 885. Fut-il violé à l’une <strong>de</strong> ces occasions, ou les cendres<br />

échappèrent-elles à <strong>la</strong> triple profanation du sanctuaire ? Nous l’ignorons ; mais<br />

les multiples tourmentes du neuvième siècle <strong>et</strong> <strong>la</strong> sécu<strong>la</strong>risation <strong><strong>de</strong>s</strong> chanoines<br />

au dixième ne durent pas augmenter à Sainte-Geneviève <strong>la</strong> sollicitu<strong>de</strong> pour un<br />

souvenir qui n’était pas protégé contre l’oubli par l’auréole <strong>de</strong> <strong>la</strong> saint<strong>et</strong>é.<br />

C’est seulement au’ douzième siècle, quand une réforme profon<strong>de</strong> <strong>et</strong> salutaire<br />

eut rappelé les chanoines réguliers dans le cloître tombé en déca<strong>de</strong>nce, qu’on se<br />

souvint enfin du trésor national que <strong>la</strong> France avait confié à <strong>la</strong> gar<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Génovéfains. L’illustre abbé Étienne <strong>de</strong> Tournai, qui gouverna <strong>la</strong> communauté <strong>de</strong><br />

1176 à 1191, consacra ses quinze années <strong>de</strong> pré<strong>la</strong>ture à <strong>la</strong> restauration morale<br />

<strong>et</strong> matérielle <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison. Le sanctuaire portait encore les traces <strong>la</strong>mentables<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> profanations d’autrefois ; sur les murs calcinés apparaissaient par espaces<br />

les restes <strong><strong>de</strong>s</strong> mosaïques primitives. Étienne répara ces ruines, orna l’église d’un<br />

nouveau p<strong>la</strong>fond <strong>la</strong>mbrissé, <strong>et</strong> couvrit le tout d’une toiture <strong>de</strong> plomb1. Par ses<br />

soins, le tombeau <strong>de</strong> Clovis fut transporté dans l’église supérieure à l’entrée du<br />

chœur. C’était un monument d’élévation médiocre, sur lequel était couchée <strong>la</strong><br />

statue <strong>de</strong> ce roi2. La base en était ornée d’une inscription en vers <strong>la</strong>tins, due à <strong>la</strong><br />

plume d’Étienne lui-même3. Ce mausolée subsista pendant plusieurs siècles dans<br />

1 Sur les travaux d’Étienne à Sainte-Geneviève, il faut lire sa propre correspondance,<br />

l<strong>et</strong>tres 176, 177, 178, 181 <strong>et</strong> 182, édition Desilve, Paris-Valenciennes, 1893.<br />

2 Étienne ne parle pas <strong>de</strong> ce tombeau, mais il est décrit comme un monument <strong>de</strong> peu<br />

d’élévation avec une statue royale couchée <strong><strong>de</strong>s</strong>sus, par Lejuge, l’Histoire <strong>de</strong> sainte<br />

Geneviefve, patronne <strong>de</strong> Paris, 1586, fol. 174, verso, <strong>et</strong> par Dubreuil, le Théâtre <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

antiguitez <strong>de</strong> Paris, 1612, p. 271, qui donne une reproduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> statue, p. 272.<br />

3 C<strong>et</strong>te inscription, faussement attribuée à saint Remi, se trouve dans un manuscrit<br />

d’Aimoin du quatorzième siècle (Bibliothèque nationale, manuscrit 5925, ancien fonds<br />

<strong>la</strong>tin) : mais les meilleurs manuscrits <strong>de</strong> c<strong>et</strong> auteur ne <strong>la</strong> contiennent pas, <strong>et</strong> elle n’est<br />

manifestement pas <strong>de</strong> lui, quoi qu’en dise l’Histoire littéraire, t. III, p. 161 (voir dom<br />

Bouqu<strong>et</strong>, t. II, p. 538, note, <strong>et</strong> t. III, p. 44, note). Elle a donc été composée entre le<br />

onzième <strong>et</strong> le quatorzième siècle. De plus, elle s’est réellement trouvée sur le tombeau<br />

<strong>de</strong> Clovis, où l’a vue Robert Gaguin, Compendium super gestis Francorum, fol. 6, verso.<br />

Nous savons en outre qu’Étienne était poète ; v. sur ce point ses propres paroles dans<br />

ses l<strong>et</strong>tres 43 (au cardinal Pierre <strong>de</strong> Tusculum), <strong>et</strong> 277 (à l’abbé <strong>de</strong> <strong>la</strong> Sauve). Nous<br />

possédons <strong>de</strong> lui l’épitaphe du roi Louis VII (Desilve, L<strong>et</strong>tres d’Étienne <strong>de</strong> Tournai, p.<br />

443) <strong>et</strong> celle <strong>de</strong> Maurice <strong>de</strong> Sully, évêque <strong>de</strong> Paris. Il a composé aussi un office <strong>de</strong> saint

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