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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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ont fondé son unité politique sur <strong>la</strong> base d’une parfaite égalité <strong><strong>de</strong>s</strong> races ; ils ont<br />

assis son unité morale <strong>et</strong> religieuse sur l’adhésion sans réserve à <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> Jésus-<br />

Christ. Devant c<strong>et</strong>te nation jeune <strong>et</strong> ar<strong>de</strong>nte, ils ont p<strong>la</strong>cé un grand idéal, celui<br />

que les meilleurs <strong>de</strong> ses enfants poursuivront pendant <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles, <strong>et</strong> pour <strong>la</strong><br />

réalisation duquel ils verseront joyeusement les flots <strong>de</strong> leur sang.<br />

Quel vain travail, par conséquent, que celui qui consiste à faire l’analyse<br />

chimique du génie <strong>de</strong> <strong>la</strong> France, en cherchant, avec certains historiens, à y<br />

démêler l’apport <strong>de</strong> Rome <strong>et</strong> l’apport <strong><strong>de</strong>s</strong> barbares, combinés avec l’apport<br />

chrétien ! On peut décomposer ainsi les organismes matériels, mais l’âme d’une<br />

nation n’est pas faite à <strong>la</strong> manière d’une mosaïque ; elle est le souffle immatériel<br />

envoyé d’en haut, qui vient animer le limon terrestre <strong>et</strong> qui y fait r<strong>et</strong>entir à<br />

travers toutes les parcelles son comman<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> vie.<br />

Ce<strong>la</strong> ne veut pas dire, cependant, qu’il faille renoncer à décrire le comment <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong>te incarnation créatrice. Si le principe <strong>de</strong> vie est un <strong>et</strong> indivisible, les éléments<br />

matériels qu’il a mis en œuvre, fécondés <strong>et</strong> organisés en corps vivant, sollicitent<br />

au contraire l’analyse <strong>de</strong> l’historien. Et nulle part ; mieux qu’à <strong>la</strong> fin d’un livre<br />

consacré à l’origine <strong>de</strong> <strong>la</strong> nation f<strong>la</strong>nque, un travail <strong>de</strong> ce genre ne semble<br />

réc<strong>la</strong>mé par le suj<strong>et</strong>.<br />

Le nouveau royaume n’est ni romain ni germanique, <strong>et</strong> on aura caractérisé sa<br />

vraie nature en se bornant à dire qu’il est mo<strong>de</strong>rne. Étranger ou, pour mieux<br />

dire, indifférent aux anciennes oppositions entre le mon<strong>de</strong> romain <strong>et</strong> le mon<strong>de</strong><br />

barbare, il emprunte à l’un <strong>et</strong> à l’autre les éléments constitutifs, les choisissant<br />

avec une souveraine liberté selon les besoins. Semb<strong>la</strong>ble à un architecte<br />

bâtissant son édifice au milieu <strong><strong>de</strong>s</strong> ruines <strong>antique</strong>s, il prend <strong>de</strong> toutes parts les<br />

pierres qui conviennent le mieux à sa construction, tantôt les encastrant<br />

purement <strong>et</strong> simplement dans ses murs sans leur enlever leur marque <strong>de</strong><br />

provenance, tantôt les r<strong>et</strong>ail<strong>la</strong>nt pour les faire servir à leur <strong><strong>de</strong>s</strong>tination nouvelle.<br />

Nul parti pris <strong>de</strong> faire prévaloir un mon<strong>de</strong> sur l’autre, non plus que d’établir<br />

l’équilibre entre eux. L’œuvre sera <strong>la</strong> fille <strong><strong>de</strong>s</strong> besoins du jour, <strong>et</strong> l’expression <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

aspirations d’un mon<strong>de</strong> qui commence à vivre.<br />

La royauté franque ne se considère pas comme l’héritière <strong><strong>de</strong>s</strong> Césars, <strong>et</strong> elle ne<br />

cherche pas davantage à continuer <strong>la</strong> tradition <strong><strong>de</strong>s</strong> monarchies barbares <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Germanie. Elle a renoncé à <strong>la</strong> fiction du césarisme, qui n’est plus comprise <strong>et</strong> qui<br />

ne répond plus à l’état <strong><strong>de</strong>s</strong> esprits. Le roi n’est ni l’incarnation <strong>de</strong> l’État, ni le<br />

mandataire <strong>de</strong> <strong>la</strong> nation. Il est roi <strong>de</strong> par sa naissance <strong>et</strong> <strong>de</strong> par <strong>la</strong> conquête à <strong>la</strong><br />

fois, <strong>et</strong> son royaume est son patrimoine comme l’alleu est celui <strong>de</strong> l’homme libre.<br />

Ses enfants sont les héritiers naturels <strong>de</strong> sa qualité royale, qui fait partie <strong>de</strong> leur<br />

rang, <strong>et</strong> <strong>de</strong> son royaume, qu’ils se partagent à sa mort comme on ferait <strong>de</strong> tout<br />

autre héritage.<br />

<strong>et</strong> 100, qui fait sur l’origine du mot <strong><strong>de</strong>s</strong> raisonnements hors <strong>de</strong> saison) lui faire dire que<br />

les évêques ont fait <strong>la</strong> France comme les abeilles font leur ruche. Sous c<strong>et</strong>te forme, le<br />

mot est le produit <strong>de</strong> <strong>la</strong> col<strong>la</strong>boration très involontaire <strong>de</strong> Gibbon <strong>et</strong> <strong>de</strong> Joseph <strong>de</strong> Maistre,<br />

ou plutôt <strong>de</strong> <strong>la</strong> légèr<strong>et</strong>é avec <strong>la</strong>quelle on a lu ce <strong>de</strong>rnier. Voici comment s’exprime Gibbon<br />

en par<strong>la</strong>nt <strong><strong>de</strong>s</strong> évêques : Les progrès <strong>de</strong> <strong>la</strong> superstition augmentèrent leur influence, <strong>et</strong><br />

l’on peut attribuer en quelque façon l’établissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> monarchie franque à l’alliance<br />

<strong>de</strong> cent pré<strong>la</strong>ts qui commandaient dans les villes révoltées ou indépendantes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule.<br />

Et voici ce qu’écrit J. <strong>de</strong> Maistre dans le livre Du Pape (éd. Pé<strong>la</strong>gaud, 1870, p. 7) : Les<br />

évêques, c’est Gibbon qui l’observe, ont fait le royaume <strong>de</strong> France ; rien n’est plus vrai.<br />

Les évêques ont construit c<strong>et</strong>te monarchie, comme les abeilles construisent une ruche.

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