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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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aison ces turbulents voisins. Il partit <strong>de</strong> Cologne au cœur <strong>de</strong> l’hiver, c’est-à-dire<br />

à un moment où les forêts, entièrement dénudées, ne pouvaient ni cacher <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

embusca<strong><strong>de</strong>s</strong> ni servir <strong>de</strong> r<strong>et</strong>raite à <strong><strong>de</strong>s</strong> fuyards. Il ravagea d’abord le territoire<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Bructères, <strong>et</strong> se j<strong>et</strong>a ensuite sur celui <strong><strong>de</strong>s</strong> Chamaves. Aucune résistance ne<br />

fut opposée par les Francs au cruel qui promenait le fer <strong>et</strong> le feu dans sa terre<br />

natale. Tout au plus quelques ban<strong><strong>de</strong>s</strong> d’Ampsivariens <strong>et</strong> <strong>de</strong> Cattes, sous les<br />

ordres <strong>de</strong> Marcomir, se montrèrent-elles au loin sur les hauteurs, mais sans oser<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>cendre dans <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ine, <strong>et</strong> Arbogast revint après avoir humilié les barbares <strong>et</strong><br />

vengé l’échec <strong>de</strong> Quintinus1.<br />

Le contraste entre ces <strong>de</strong>ux faits d’armes est bien instructif. Invincibles pour <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

généraux romains les Francs n’étaient vaincus que par un <strong><strong>de</strong>s</strong> leurs. C’était un<br />

barbare qui était allé reprendre leur butin à <strong><strong>de</strong>s</strong> barbares, <strong>et</strong> Rome ne tenait<br />

<strong>de</strong>bout qu’en s’appuyant sur les gens <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te race. Après avoir épouvanté ces<br />

peup<strong>la</strong><strong><strong>de</strong>s</strong>, Arbogast pouvait traiter avec elles ; ainsi il les désarmait <strong>de</strong>ux fois, <strong>et</strong><br />

il assurait ses <strong>de</strong>rrières au moment d’aller combattre Théodose. C’est ce qui<br />

explique l’apparition <strong>de</strong> son faux empereur Eugène sur les bords du Rhin, en<br />

393, pour renouveler, dit un écrivain, les anciens traités avec les A<strong>la</strong>mans <strong>et</strong> les<br />

Francs2. Entraînés sans doute par <strong>la</strong> parole d’Arbogast, beaucoup <strong>de</strong> ces<br />

barbares, d’ailleurs avi<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> butin, <strong>et</strong> apprenant qu’il s’agissait <strong>de</strong> conquérir<br />

l’Italie, s’enrôlèrent sous les drapeaux <strong>de</strong> l’usurpateur. Appuyés sur <strong>la</strong> coalition<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux paganismes, le romain <strong>et</strong> le barbare, Arbogast <strong>et</strong> Eugène étaient<br />

presque sûrs du triomphe, <strong>et</strong> en réalité ils mirent Théodose à <strong>de</strong>ux doigts <strong>de</strong> sa<br />

perte. Mais <strong>la</strong> prodigieuse victoire d’Aquilée, remportée par l’empereur chrétien,<br />

ruina totalement les espérances <strong><strong>de</strong>s</strong> rebelles. Il fallut fuir, <strong>et</strong> Arbogast, réfugié<br />

sur les somm<strong>et</strong>s <strong><strong>de</strong>s</strong> Alpes, préféra, comme Magnence, le suici<strong>de</strong> au supplice3.<br />

Théodose ne survécut pas à sa victoire. Le 15 janvier 395, ce grand homme<br />

expirait, âgé <strong>de</strong> cinquante ans à peine, <strong>et</strong> <strong>la</strong>issant son trône à <strong>de</strong>ux enfants<br />

mineurs. Tout semb<strong>la</strong>it perdu dès lors, quand un homme parvint à conjurer<br />

encore pour quelques années l’explosion <strong>de</strong> <strong>la</strong> catastrophe. Ce sauveur <strong>de</strong><br />

l’Empire, c’était <strong>de</strong> nouveau un barbare. Descendant le Rhin à cheval <strong>et</strong> sans<br />

escorte pendant l’année 396, Stilicon vit partout accourir au-<strong>de</strong>vant <strong>de</strong> lui les<br />

chefs <strong><strong>de</strong>s</strong> peuples barbares, qui, au dire <strong>de</strong> son panégyriste, baissaient<br />

humblement <strong>la</strong> tête <strong>de</strong>vant le général romain désarmé4. Il est probable que ces<br />

succès furent dus principalement à son habile diplomatie, appuyée <strong>de</strong> raisons<br />

d’ordre purement matériel auxquelles les barbares n’étaient jamais insensibles.<br />

C’est l’or romain, sans contredit, qui l’aida à faire renverser chez eux les rois<br />

partisans <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre, <strong>et</strong> à leur en substituer qui étaient favorables à l’alliance<br />

avec Rome5. Il n’en fallut pas moins une rare habil<strong>et</strong>é pour obtenir <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs<br />

l’extradition <strong>de</strong> leur roi Marcomir. Ce prince, qui mérite une p<strong>la</strong>ce dans l’histoire<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> origines franques, al<strong>la</strong> terminer son orageuse carrière dans l’Étrurie, où il fut<br />

1 Sulpice Alexandre, dans Grégoire <strong>de</strong> Tours, II, 9.<br />

2 Sulpice Alexandre, l. c.<br />

3 Sur Arbogast : C<strong>la</strong>udien, De III <strong>et</strong> IV consu<strong>la</strong>tu Honorii ; Zozime, IV, 53 ; Sulpice<br />

Alexandre, dans Grégoire <strong>de</strong> Tours, l. c. ; Paul Orose, VII, 35 ; le comte Marcellin, a. 392<br />

; Idacius, même année ; Eunape, XVIII, p. 111 ; Socrate, V, 25 ; Sozomène, VII, 24 ;<br />

Théodor<strong>et</strong>, V, 24 ; Philostorge, II, 1 ; Suidas, s. v. Άρβογάστης.<br />

4 C<strong>la</strong>udien, De <strong>la</strong>udibus Stilichonis, I, 202 <strong>et</strong> suiv.<br />

5 Pétigny, Étu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>et</strong>c., I, p. 381.

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