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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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néanmoins jouer un certain rôle dans l’histoire <strong>de</strong> ce baptême, comme ce<strong>la</strong><br />

résulte, à son sens, <strong>de</strong> <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> saint Nizier <strong>de</strong> Trèves. Mais quel est ce rôle ?<br />

S’appuyant sur le Continuatio Prosperi Havniensis, M. Levison adm<strong>et</strong> une guerre<br />

franco-visigothique dont certains épiso<strong><strong>de</strong>s</strong> sont p<strong>la</strong>cés par l’annaliste en 496 <strong>et</strong><br />

en 498. Or, selon Grégoire, le baptême <strong>de</strong> Clovis est <strong>de</strong> 496-497, <strong>et</strong>, selon saint<br />

Nizier, il a été à Tours peu avant son baptême. D’après ce<strong>la</strong>, on pourrait<br />

supposer qu’au cours <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te première guerre avec les Visigoths, Clovis se sera<br />

trouvé, en 496, maître <strong>de</strong> Tours. Or, continue M. Levison, il se trouve<br />

précisément qu’une <strong>de</strong> nos sources établit un rapport entre le baptême <strong>de</strong> Clovis<br />

<strong>et</strong> une guerre visigothique qui ne peut être que celle-ci. Il s’agit <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> saint<br />

Solein <strong>de</strong> Chartres, écrite au neuvième siècle, qui raconte que, passant à<br />

Chartres au cours d’une expédition contre les Visigoths, Clovis promit à saint<br />

Solein <strong>de</strong> se faire baptiser avec son peuple, s’il remportait <strong>la</strong> victoire. Revenu<br />

victorieux, il tint sa promesse, <strong>et</strong> avec 364 principaux <strong>de</strong> son peuple, il reçut le<br />

baptême <strong><strong>de</strong>s</strong> mains <strong>de</strong> saint Solein <strong>et</strong> <strong>de</strong> saint Remi <strong>de</strong> Reims. Quels que soient,<br />

ajoute notre critique, les embellissements <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te légen<strong>de</strong>, il semble qu’on<br />

puisse affirmer ceci : c’est au cours d’une expédition contre les Visigoths que<br />

Clovis prom<strong>et</strong> <strong>de</strong> se convertir s’il remporte <strong>la</strong> victoire. A son r<strong>et</strong>our, il vient faire<br />

ses dévotions à Tours pour remercier Dieu <strong>et</strong> va ensuite se faire baptiser à Reims<br />

: ainsi se trouvent conciliés le Vita Solemnis, le Continuatio Prosperi, <strong>et</strong> <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre<br />

<strong>de</strong> saint Nizier, ainsi, surtout, se trouve écarté le récit <strong>de</strong> Grégoire <strong>de</strong> Tours !<br />

Il y a dans le travail <strong>de</strong> M. Levison une part <strong>de</strong> progrès : il a rendu vraisemb<strong>la</strong>ble<br />

une opinion déjà précé<strong>de</strong>mment émise par moi-même (Histoire poétique <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Mérovingiens, p. 291), <strong>et</strong> le lecteur aura pu voir qu’à mon tour j’ai profité <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

curieux développements donnés par M. Levison à c<strong>et</strong>te hypothèse. Mais, si nous<br />

adm<strong>et</strong>tons <strong>la</strong> possibilité <strong><strong>de</strong>s</strong> combats entre Francs <strong>et</strong> Visigoths avant <strong>la</strong> guerre <strong>de</strong><br />

506, en quoi aurons-nous infirmé le récit <strong>de</strong> Grégoire <strong>de</strong> Tours sur les causes <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> conversion <strong>de</strong> Clovis ? Croit-on sérieusement pouvoir écarter un témoignage<br />

presque contemporain <strong><strong>de</strong>s</strong> faits par celui d’un hagiographe du neuvième siècle,<br />

<strong>et</strong> par quel hagiographe ! N’est-ce pas, comme le disait quelque part M. Krusch<br />

dans une circonstance analogue, nous ramener au temps où l’on faisait d’Aimoin<br />

le père <strong>de</strong> l’histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs ? Qu’il y ait dans le Vita Solemnis au moins un<br />

noyau historique, nous pouvons à <strong>la</strong> rigueur l’adm<strong>et</strong>tre, bien que ce<strong>la</strong> ne soit pas<br />

prouvé ; mais où faut-il chercher ce noyau ? Est-ce dans <strong>la</strong> partie du récit qui est<br />

formellement contredite par le récit <strong>de</strong> Grégoire, ou bien dans celle qui se <strong>la</strong>isse<br />

concilier avec lui ? La réponse n’est pas douteuse. S’il y a quelque chose qu’on<br />

puisse r<strong>et</strong>enir du Vita Solemnis, c’est que ce saint a été en re<strong>la</strong>tions avec Clovis<br />

au moment où ce roi partait pour <strong>la</strong> guerre contre les Visigoths : voilà tout, <strong>et</strong> ce<br />

que l’hagiographe ajoute n’est qu’imagination pure, pour embellir <strong>et</strong> augmenter<br />

le rôle <strong>de</strong> son saint selon le procédé ordinaire <strong><strong>de</strong>s</strong> hagiographes <strong>de</strong> basse<br />

époque.<br />

Il ne subsiste donc rien <strong>de</strong> tous les systèmes qu’on a imaginé d’opposer à<br />

Grégoire <strong>de</strong> Tours, <strong>et</strong> celui-ci reste <strong>la</strong> seule source par <strong>la</strong>quelle nous connaissons<br />

l’histoire du baptême <strong>de</strong> Clovis. Il se peut qu’il en ait embelli le détail, <strong>et</strong> il est<br />

très probable qu’il en a omis plus d’un épiso<strong>de</strong> caractéristique, étant donnée sa<br />

brièv<strong>et</strong>é, mais nul n’est fondé à le récuser. C’est l’opinion qu’ém<strong>et</strong>tait récemment<br />

M. Walther Schultze, un <strong><strong>de</strong>s</strong> connaisseurs les plus sérieux du mon<strong>de</strong><br />

mérovingien. (Das Merovingische Frankenreich, p. 69 dans <strong>la</strong> Bibliothek Deutscher<br />

Geschichte, <strong>de</strong> Zwiedineck-Sü<strong>de</strong>nhorst.) C’est celle aussi qu’a excellemment fait<br />

valoir M. Funk dans un court <strong>et</strong> substantiel article <strong>de</strong> <strong>la</strong> Theologische<br />

Quartalschrift, (tome LXXVII, année 1895, pp. 351-352). On peut adm<strong>et</strong>tre, écrit-il,

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