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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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Est-il un roi absolu ? C<strong>et</strong>te question ne se posait pas. Aucune théorie n’affirmait<br />

ni ne contestait son absolutisme. Eli fait, l’Église, p<strong>la</strong>cée en face <strong>de</strong> lui avec sa<br />

puissante organisation <strong>et</strong> avec son immense prestige, créait à son arbitraire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

bornes qu’il <strong>de</strong>vait respecter. L’aristocratie, qui <strong>de</strong>vait entrer en scène bientôt<br />

après, offrait un autre obstacle à l’extension <strong>de</strong> son autorité. Le roi, malgré qu’il<br />

en eût, <strong>de</strong>vait compter avec ces <strong>de</strong>ux forces. Il ne se résignait pas toujours à,<br />

observer les limites dans lesquelles elles le renfermaient, parce que l’orgueil,<br />

l’ambition, le tempérament le poussaient à n’en respecter aucune. Mais chaque<br />

fois qu’il les avait franchies, il y était ramené bientôt. Ses abus étaient <strong><strong>de</strong>s</strong> accès<br />

temporaires <strong>de</strong> violence, <strong>et</strong> nullement un exercice légitime <strong>de</strong> son pouvoir.<br />

La dynastie n’était ni germanique ni romaine ; c’était <strong>la</strong> dynastie nationale du<br />

peuple franc. Sans doute, elle gardait avec fierté ses traditions <strong>de</strong> famille, <strong>et</strong><br />

comme elle était d’origine barbare, ces traditions étaient barbares aussi. Les<br />

armes, le costume, <strong>la</strong> chevelure royale, l’entourage, tout rappe<strong>la</strong>it l’époque <strong>de</strong><br />

Clodion. Les rois p<strong>et</strong>its-fils <strong>de</strong> Clovis, par<strong>la</strong>ient encore <strong>la</strong> vieille <strong>la</strong>ngue d’Outre-<br />

Rhin, <strong>et</strong> leur cour aussi1. Mais dans tout ce<strong>la</strong> il n’y avait pas l’ombre d’une<br />

réaction contre <strong>la</strong> romanité <strong><strong>de</strong>s</strong> milieux où ils vivaient. S’ils restaient fidèles à<br />

tous les vieux usages, c’est parce que c’étaient ceux <strong>de</strong> leur famille, <strong>et</strong> non parce<br />

qu’ils étaient germains. Jamais on ne remarque ni chez eux, ni chez leurs<br />

familiers, le moindre esprit <strong>de</strong> race. Le titre <strong>de</strong> Francs qu’ils portent ne désigne<br />

pas un groupe particulier <strong>de</strong> leurs suj<strong>et</strong>s, il leur appartient à tous sans exception.<br />

Eux-mêmes, d’ailleurs, ils n’avaient pas craint, plus hardis <strong>et</strong> plus heureux<br />

qu’Antée, <strong>de</strong> quitter le sol paternel, les p<strong>la</strong>ines <strong>de</strong> <strong>la</strong> F<strong>la</strong>ndre <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Campine,<br />

pour venir s’établir au milieu <strong><strong>de</strong>s</strong> Romains. Ils ne reparaîtront plus sur <strong>la</strong> terre<br />

salienne, ils n’auront plus un regard pour leur berceau. Dispargum, <strong>la</strong> ville <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

souvenirs épiques, est abandonnée pour toujours, ainsi que Tongres <strong>et</strong> même<br />

Tournai. Leurs rési<strong>de</strong>nces seront désormais les villes romaines : Soissons, Paris,<br />

Reims, Orléans. Et ces Francs <strong>de</strong> <strong>la</strong> première heure qui les ont aidés à conquérir<br />

<strong>la</strong> Gaule, ces barbares <strong><strong>de</strong>s</strong> bords <strong>de</strong> l’Escaut rentreront dans <strong>la</strong> pénombre pour<br />

longtemps. Sans culte <strong>et</strong> mime sans culture, ils atten<strong>de</strong>nt les civilisateurs qui<br />

leur apporteront du fond <strong>de</strong> l’Aquitaine, au septième siècle, les lumières <strong>de</strong><br />

l’Évangile <strong>et</strong> les biens <strong>de</strong> <strong>la</strong> civilisation. Le centre <strong>de</strong> gravité du peuple franc sera<br />

pendant toute <strong>la</strong> durée <strong>de</strong> <strong>la</strong> dynastie mérovingienne en terre française.<br />

Le gouvernement du nouveau royaume aura le même cach<strong>et</strong> d’originalité. C<strong>et</strong>te<br />

originalité sera plus réelle qu’apparente, <strong>et</strong> ceux qui le disent germanique ou<br />

romain trouveront sans peine, dans ses institutions <strong>et</strong> surtout dans le nom <strong>de</strong><br />

1 On se rappelle les vers <strong>de</strong> Fortunat, Carm., VI, 2, 7, 97 sur Charibert :<br />

Hinc cui barbaries, illinc Romania p<strong>la</strong>udit,<br />

Diversis linguis <strong>la</strong>us sonat una vri.<br />

Cum sis progenitus clera <strong>de</strong> gente Sicamber.<br />

Flor<strong>et</strong> in eloquio lingua <strong>la</strong>tina tuo.<br />

Qualis es in propria docto sermone loquel<strong>la</strong>.<br />

Qui nos Romanos vincis in eloquio.<br />

Sur Chilpéric, Carm., IX, I, 91 :<br />

Quid quodcumque <strong>et</strong>iam regni dicione gubernas<br />

Doctior ingenio vincis <strong>et</strong> ore loquax<br />

Discernens varias sub nullo interpr<strong>et</strong>e voces.<br />

Et generum linguas unica lingua refert.<br />

Sur le duc Lupus, Carm., VII, 8, 63, 69 :<br />

Romanusque lyra, p<strong>la</strong>udat tibi barbarus harpa...<br />

Nos tibi versiculos, <strong>de</strong>nt barbara carmina leudos.

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