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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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Tout fait supposer cependant qu’après <strong>la</strong> mort d’Ægidius <strong>et</strong> <strong>de</strong> Paul, Childéric,<br />

entouré <strong>de</strong> l’éc<strong>la</strong>t <strong>de</strong> <strong>la</strong> victoire <strong>et</strong> disposant d’une armée éprouvée, garda assez<br />

longtemps dans <strong>la</strong> Gaule romaine une situation prépondérante. Y exerça-t-il les<br />

importantes fonctions <strong>de</strong> maître <strong><strong>de</strong>s</strong> milices1, qui m<strong>et</strong>taient dans <strong>la</strong> main <strong>de</strong> leur<br />

titu<strong>la</strong>ire toute <strong>la</strong> force publique, ou tenait-il simplement <strong>de</strong> son épée une autorité<br />

<strong>de</strong> fait, reconnue à l’égal d’une mission officielle ? Il n’est pas facile <strong>de</strong> le dire.<br />

Mais, si le doute est possible quant à <strong>la</strong> modalité <strong>de</strong> son pouvoir, on ne peut pas<br />

en contester l’existence. Non seulement les vraisemb<strong>la</strong>nces historiques <strong>la</strong><br />

supposent, mais les témoignages <strong>de</strong> l’historiographie civile <strong>et</strong> religieuse<br />

l’affirment. Nous voyons le roi Euric traiter avec ce barbare du Wahal comme<br />

avec le vrai monarque <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule septentrionale2, <strong>et</strong> un hagiographe,<br />

confirmant ces données d’un contemporain, nous le montre commandant en<br />

souverain dans <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Paris3.<br />

Ce barbare savait faire accepter par les popu<strong>la</strong>tions l’autorité qu’il exerçait sur<br />

elles. Ce n’était pas l’autorité d’un usurpateur : c’était celle d’un protecteur plutôt<br />

que d’un maître, <strong>et</strong>, à tout prendre, elle était bienfaisante. Païen, il se montrait<br />

plein <strong>de</strong> déférence pour l’Église catholique. Il n’est pas prouvé qu’il lui ait accordé<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> immunités pour ses sanctuaires <strong>et</strong> pour son clergé4 ; mais on voit que celuici<br />

a gardé un bon souvenir du père <strong>de</strong> Clovis5, <strong>et</strong> <strong>la</strong> seule fois qu’il soit<br />

mentionné dans l’hagiographie, c’est en termes respectueux. Souvent, nous<br />

apprend-on, sainte Geneviève lui arracha <strong>la</strong> grâce <strong><strong>de</strong>s</strong> condamnés à mort. Un<br />

jour, pour se dérober aux instances <strong>de</strong> <strong>la</strong> sainte fille, il était rentré à Paris en<br />

faisant fermer <strong>de</strong>rrière lui les portes <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité. Mais Geneviève s’étant mise en<br />

prière, les portes s’ouvrirent d’elles-mêmes, <strong>et</strong>, rejoint malgré lui par l’infatigable<br />

invasion d’A<strong>la</strong>ins en Italie à <strong>la</strong> date <strong>de</strong> 464 (Cf. Marcellin, Cassiodore, Jordanès, c. 45). Il<br />

est certain que <strong>la</strong> confusion <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux noms A<strong>la</strong>manni <strong>et</strong> A<strong>la</strong>ni est un fait ordinaire dans<br />

l’historiographie <strong>de</strong> l’époque.<br />

1 Comme le croient Dubos, II, p. 494, <strong>et</strong> après lui Pétigny, II, pp. 239 <strong>et</strong> suiv.,<br />

s’appuyant principalement sur le texte corrompu <strong>de</strong> <strong>la</strong> première l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> saint Remi à<br />

Clovis, où il est écrit : Rumor ad nos pervenit administrationem vos secundum rei bellicæ<br />

suscepisse. Mais le texte rectifié <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te l<strong>et</strong>tre (voir l’Appendice) enlève toute base à<br />

c<strong>et</strong>te supposition, qui avait d’ailleurs été réfutée déjà par Montesquieu, Esprit <strong><strong>de</strong>s</strong> lois, l.<br />

XXX, ch. XXIV.<br />

2 Sidoine Apollinaire, écrivant à Léon <strong>de</strong> Narbonne, dit : Sepone pauxillulum<br />

conc<strong>la</strong>matissimas <strong>de</strong>c<strong>la</strong>mationes, quas oris regii vice conficis, quibus ipse rex inclitus<br />

modo corda terrificat gentium transmarinarum, modo <strong>de</strong> superiore cum barbaris ad<br />

Vachalin trementibus fœdus victor innodat, modo per promotæ limitem sortis ut populos<br />

sub armis, sic frenat arma sub legibus. Epist., VIII, 3.<br />

3 Vita sanctæ Genovefæ, VI, 25 (Kohler).<br />

4 Pour qu’il fût visé dans l’édit du roi Clotaire, disant, c. 11 : Ecclesiæ vel clericis nul<strong>la</strong>m<br />

requirant agentes publici functionom, qui avi vel gen<strong>et</strong>oris [aut germani] nostri<br />

immunitatem meruerunt (Bor<strong>et</strong>ius, Capitul., I, p. 19). Il faudrait que ce Clotaire fût<br />

Clotaire Ier <strong>et</strong> non Clotaire II. La question serait tranchée si les mots aut germani étaient<br />

authentiques, car alors il ne pourrait s’agir que <strong>de</strong> Clotaire Ier ; malheureusement, le<br />

<strong>de</strong>rnier éditeur, Bor<strong>et</strong>ius, les tient pour apocryphes, ne les rencontrant pas dans le<br />

meilleur manuscrit. Il ne reste donc plus que <strong><strong>de</strong>s</strong> arguments internes à invoquer ; aussi<br />

le débat n’est-il pas clos.<br />

5 C’est à lui principalement que saint Remi pensait lorsqu’il écrivait à Clovis, à l’occasion<br />

<strong>de</strong> son avènement : Non est novum ut cœperis esse quod parentes tui semper fuerunt.<br />

M. G. H., Epistolæ Merovingici <strong>et</strong> Karolini ævi, p. 113.

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