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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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il mit une garnison gothique1. L’autre corps d’armée, dont Ibbas s’était réservé<br />

le comman<strong>de</strong>ment, pil<strong>la</strong> le <strong>pays</strong> <strong>de</strong> Sisteron, d’Apt <strong>et</strong> <strong>de</strong> Cavaillon, <strong>et</strong> vint ensuite<br />

faire sa jonction avec Mammo pour aller ensemble débloquer Arles.<br />

La situation était excellente pour les généraux <strong>de</strong> Théodoric. Maîtres du littoral,<br />

où ils pouvaient compter sur <strong>la</strong> fidélité <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion, maîtres <strong>de</strong> <strong>la</strong> vallée <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Durance, <strong>la</strong>issant <strong>de</strong>rrière eux le <strong>pays</strong> burgon<strong>de</strong> épuisé ils étaient précédés <strong>et</strong><br />

suivis par <strong>la</strong> terreur <strong>de</strong> leurs armes lorsqu’ils arrivèrent sous les murs <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

capitale <strong>de</strong> <strong>la</strong> Provence. La situation <strong><strong>de</strong>s</strong> assiégeants, au contraire, était <strong><strong>de</strong>s</strong> plus<br />

périlleuses. Obligés, pour faire un blocus en règle, <strong>de</strong> se disperser sur les <strong>de</strong>ux<br />

rives du fleuve, ils se voyaient, sur <strong>la</strong> rive gauche, pris entre <strong>la</strong> ville <strong>et</strong> l’armée<br />

ostrogothique, <strong>et</strong> transformés presque en assiégés. Il leur fallut renoncer au<br />

blocus, ramener en hâte toutes leurs forces sur <strong>la</strong> rive droite, <strong>et</strong> se préparer à<br />

soutenir l’assaut réuni <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>et</strong> <strong>de</strong> ses libérateurs. Une bataille dont nous ne<br />

connaissons que le résultat eut lieu <strong>de</strong> ce côté du Rhône. Ce fut un éc<strong>la</strong>tant<br />

triomphe pour les Goths ; à en croire leur chroniqueur Jordanès, qui parle ici<br />

avec une exagération manifeste, trente mille Francs <strong>et</strong> Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong> seraient restés<br />

sur le carreau2.<br />

Les Goths rentrèrent victorieux dans <strong>la</strong> ville enfin délivrée, traînant à leur suite<br />

une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> prisonniers dont ils emplirent tous les bâtiments publics, les<br />

églises <strong>et</strong> <strong>la</strong> maison <strong>de</strong> l’évêque. Ces pauvres gens, affamés, à peu près nus,<br />

étaient en proie à <strong>la</strong> plus extrême détresse. Saint Césaire vint à leur secours<br />

avec une infatigable charité. Sans faire <strong>de</strong> distinction entre les Francs <strong>et</strong> les<br />

Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong>, entre les ariens <strong>et</strong> les catholiques, il commença par leur distribuer<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> habits <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> aliments, puis il se mit à les rach<strong>et</strong>er <strong>de</strong> <strong>la</strong> captivité. Il dépensa<br />

dans ce but tout ce que son prédécesseur Eonius avait légué à <strong>la</strong> mense <strong>de</strong> son<br />

église. Mais les besoins étaient plus grands que les ressources. Alors l’évêque se<br />

souvint que lorsqu’il s’agissait du rachat <strong><strong>de</strong>s</strong> captifs, les conciles autorisaient<br />

jusqu’à l’aliénation <strong><strong>de</strong>s</strong> biens ecclésiastiques, jusqu’à <strong>la</strong> vente <strong><strong>de</strong>s</strong> vases sacrés.<br />

Et le trésor <strong>de</strong> son église y passa : les encensoirs, les calices, les patènes, tout<br />

fut mis en pièces <strong>et</strong> vendu au poids <strong>de</strong> l’or. Les revêtements d’argent qui<br />

ornaient le pié<strong><strong>de</strong>s</strong>tal <strong><strong>de</strong>s</strong> colonnes <strong>et</strong> les grilles du chœur, détachés à coups <strong>de</strong><br />

hache, passèrent également aux mains <strong><strong>de</strong>s</strong> brocanteurs, <strong>et</strong>, longtemps après, on<br />

montrait encore dans <strong>la</strong> cathédrale d’Arles les traces <strong>de</strong> ce vandalisme héroïque<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> charité3.<br />

C’est ainsi que <strong>la</strong> Provence avait traversé, sans presque subir aucun dommage,<br />

les jours critiques du changement <strong>de</strong> domination. La conquête <strong>de</strong> ce <strong>pays</strong> par<br />

l’Italie était achevée. Théodoric <strong>la</strong> traita d’une manière aussi généreuse<br />

qu’habile. Il accorda immédiatement aux Arlésiens <strong>la</strong> remise <strong><strong>de</strong>s</strong> impôts pour<br />

l’année 510-5114 ; il les comb<strong>la</strong> d’éloges pour <strong>la</strong> bravoure avec <strong>la</strong>quelle ils<br />

avaient enduré les privations <strong>et</strong> les dangers du siège5 ; il leur donna <strong>de</strong> l’argent<br />

pour réparer leurs murailles, qui avaient beaucoup souffert, <strong>et</strong> promit <strong>de</strong> leur<br />

envoyer <strong><strong>de</strong>s</strong> vivres dès que <strong>la</strong> navigation aurait recommencé6. Aux Marseil<strong>la</strong>is il<br />

fit ses compliments sur <strong>la</strong> fidélité qu’ils lui avaient témoignée, leur confirma<br />

1 Cassiodore, Variarum, III, 38.<br />

2 Jordanès, c. 58.<br />

3 Vita sancti Cæsarii, I, 17, dans Mabillon, o. c., t. I, p. 641.<br />

4 Cassiodore, Variarum, III, 32.<br />

5 Id., ibid., l. c.<br />

6 Id., ibid., III, 44.

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