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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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j<strong>et</strong>er lui-même au-<strong>de</strong>vant <strong><strong>de</strong>s</strong> morsures, pour en finir plus vite1. Leur courage<br />

désespéré excite un instant, sinon <strong>la</strong> pitié, du moins l’admiration du panégyriste<br />

; mais c’est pour mieux louer leur bourreau : Il y a quelque gloire, dit-il, à<br />

vaincre <strong>de</strong> pareilles gens2.<br />

Au moins, en avait-on fini, c<strong>et</strong>te fois, avec l’opiniâtre barbarie franque ? Les<br />

orateurs officiels se le persuadèrent, <strong>et</strong> l’un d’eux crut pouvoir affirmer à<br />

Constantin que le nom <strong>de</strong> Franc ne serait plus prononcé désormais3. L’histoire<br />

n’a pas confirmé c<strong>et</strong>te prophétie ; elle s’est bornée à oublier le nom du prophète.<br />

Constantin, lui, fut d’un autre avis que ses f<strong>la</strong>tteurs. En quittant pour toujours<br />

ces rives septentrionales où il <strong>la</strong>issait chez les ennemis <strong>de</strong> l’Empire un nom si<br />

redouté, il crut <strong>de</strong>voir les p<strong>la</strong>cer sous <strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nce <strong>de</strong> son propre fils (317). La<br />

précaution n’était pas superflue, car dès que les barbares ne se sentirent plus<br />

sous le feu du regard <strong>de</strong> Constantin4, ils reprirent les armes, <strong>et</strong> le jeune Crispus<br />

eut à recommencer les combats <strong>de</strong> son père. L’intrépi<strong>de</strong> optimisme <strong><strong>de</strong>s</strong> rhéteurs<br />

ne se démentit pas ; si les Francs repoussaient si vite après avoir été<br />

exterminés, c’était, à leur sens, pour fournir au prince impérial l’occasion <strong>de</strong><br />

commencer sa carrière par <strong><strong>de</strong>s</strong> victoires5.<br />

La campagne <strong>de</strong> Crispus se p<strong>la</strong>ce aux environs <strong>de</strong> l’année 320 ; <strong>de</strong>puis c<strong>et</strong>te<br />

date, il s’écoulé une vingtaine d’années sur lesquelles nous manquons <strong>de</strong> toute<br />

espèce <strong>de</strong> renseignements. Il est possible que les Francs soient restés en repos<br />

pendant tout ce temps. Ils avaient eu tour à tour en face d’eux trois fils <strong>de</strong><br />

Constantin. Crispus, qui périt en 326, avait été remp<strong>la</strong>cé par Constantin II ;<br />

lorsqu’en 332 celui-ci fut rappelé pour aller combattre les Goths, il eut pour<br />

successeur son frère Constant, qui n’était âgé que <strong>de</strong> quinze ans, mais qui sans<br />

doute avait été p<strong>la</strong>cé sous <strong>la</strong> direction <strong>de</strong> quelque général expérimenté.<br />

Apparemment on ne se serait pas avisé <strong>de</strong> ces mutations dans le haut personnel,<br />

si le <strong>pays</strong> n’avait joui au moins d’une tranquillité re<strong>la</strong>tive.<br />

Mais <strong>la</strong> situation al<strong>la</strong>it bientôt changer, <strong>et</strong> les guerres intestines <strong><strong>de</strong>s</strong> fils <strong>de</strong><br />

Constantin permirent aux Francs <strong>de</strong> faire reperdre à l’Empire tous ses avantages<br />

antérieurs. Constantin II, à qui était échue <strong>la</strong> Gaule avec l’Espagne <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

Br<strong>et</strong>agne, étant allé se faire tuer en Italie dans une guerre contre son frère<br />

Constant (340), <strong>la</strong> Gaule dut rester quelque temps sans maître, car on ne peut<br />

supposer qu’elle se soit j<strong>et</strong>ée d’emblée dans les bras du vainqueur <strong>de</strong> son<br />

souverain. Les Francs profitèrent <strong>de</strong> ce moment <strong>de</strong> crise pour reprendre les<br />

armes, <strong>et</strong> dès l’année suivante, les chroniqueurs nous signalent les combats que<br />

Constant eut à leur livrer. Ils remplissent les années 341 à 345, si <strong>la</strong> chronologie<br />

<strong>de</strong> nos annalistes est exacte, <strong>et</strong> il ne parait pas que <strong>la</strong> victoire ait souri aux<br />

armes impériales. On parle bien <strong>de</strong> succès remportés sur les Francs <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix<br />

qui leur aurait été imposée par l’empereur6 ; mais ce sont là, chez les écrivains<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> déca<strong>de</strong>nce, <strong><strong>de</strong>s</strong> formules presque officielles, sous lesquelles il n’est pas<br />

1 Panegyr. <strong>la</strong>t., IX, 23.<br />

2 Ex quo ipso appar<strong>et</strong> quam magnum sit vicisse tam prodigos sui. Panegyr. <strong>la</strong>t., IX, 23.<br />

3 Tantamque c<strong>la</strong><strong>de</strong>m vastitatemque perjuræ genti intulisti ut post vix ullum nomem<br />

habitura sit. Panegyr. <strong>la</strong>t., IX, 22.<br />

4 Hic imperatorius ardor oculorum. Panegyr. <strong>la</strong>t., VI, 9.<br />

5 Fecunda malis suis natio ita raptim adolevit robusteque recreata est ut fortissimo<br />

Cæsari primitias ingentis victoriæ dar<strong>et</strong>. Panegyr <strong>la</strong>t., X, 17.<br />

6 Saint Jérôme, Chronic., ann. 344 <strong>et</strong> 345 ; Idatius, ann. 341 <strong>et</strong> 342 ; Cassiodore,<br />

Chronic., ann. 344 ; Socrate, Hist. ecclés., II, 10 ; Sozomène, Hist. ecclés., III, 6 ;<br />

Libanius, Orat., III, pages 138-139, éd. <strong>de</strong> Paris.

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