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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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gran<strong>de</strong> ville d’Augsbourg, <strong>et</strong> occupèrent toute <strong>la</strong> région comprise entre le Lech <strong>et</strong><br />

le cou<strong>de</strong> que fait le Rhin à partir <strong>de</strong> Bâle. De là ils pouvaient à leur gré <strong><strong>de</strong>s</strong>cendre<br />

dans <strong>la</strong> haute Italie ; dès 392, on les vit apparaître sous les murs <strong>de</strong> Mi<strong>la</strong>n1, <strong>et</strong><br />

plus d’une fois <strong>de</strong>puis lors, séduits par un charme toujours nouveau, ils reprirent<br />

le chemin <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre ensoleillée. D’autre part, franchissant <strong>la</strong> ligne du Rhin<br />

abandonné, ils se déversèrent en masses torrentueuses sur les provinces<br />

orientales <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule, si longtemps l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> leurs ar<strong>de</strong>ntes convoitises.<br />

L’Alsace tombait en leur pouvoir avec ses p<strong>la</strong>ines fécon<strong><strong>de</strong>s</strong> ; ils fou<strong>la</strong>ient en<br />

vainqueurs ces champs qu’au siècle précè<strong>de</strong>nt ils avaient engraissés <strong><strong>de</strong>s</strong> flots <strong>de</strong><br />

leur sang, <strong>et</strong> <strong>la</strong> vieille Argentoratum, témoin <strong>de</strong> leur premier désastre,<br />

empruntait maintenant à leur <strong>la</strong>ngue son nom nouveau <strong>de</strong> Strasbourg. Après <strong>la</strong><br />

mort d’Aétius, le <strong>de</strong>rnier défenseur <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule, <strong>la</strong> première Belgique fut<br />

également à leur merci. Toul <strong>et</strong> M<strong>et</strong>z leur ouvrirent leurs portes, Langres <strong>et</strong><br />

Besançon <strong>de</strong>vinrent <strong><strong>de</strong>s</strong> villes alémaniques, Reims tremb<strong>la</strong> plus d’une fois <strong>de</strong>vant<br />

eux.<br />

En même temps qu’ils se di<strong>la</strong>taient ainsi, menaçant à <strong>la</strong> fois l’Italie, <strong>la</strong> Gaule<br />

centrale <strong>et</strong> <strong>la</strong> Pannonie, les A<strong>la</strong>mans resserraient <strong>de</strong> plus en plus le lien politique<br />

qui unissait leurs diverses peup<strong>la</strong><strong><strong>de</strong>s</strong> entre elles. De simple confédération <strong>de</strong><br />

barbares qu’ils avaient été dans l’origine, ils <strong>de</strong>venaient une gran<strong>de</strong> nation. Vers<br />

le milieu du cinquième siècle, nous voyons un <strong>de</strong> leurs rois, du nom <strong>de</strong> Gibuldus<br />

ou Gebavultus, m<strong>et</strong>tre en liberté <strong><strong>de</strong>s</strong> prisonniers gaulois à <strong>la</strong> prière <strong>de</strong> saint Loup<br />

<strong>de</strong> Troyes, <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> captifs du Norique à <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> saint Séverin2. Voilà,<br />

régnant à <strong>la</strong> fois sur les A<strong>la</strong>mans du Danube <strong>et</strong> sur ceux <strong>de</strong> l’Alsace, le<br />

successeur unique <strong><strong>de</strong>s</strong> neuf rois vaincus par Probus, <strong><strong>de</strong>s</strong> sept rois qui ont<br />

combattu contre Julien à Strasbourg.<br />

Mais le jour vint où les A<strong>la</strong>mans eurent à compter avec d’autres peuples <strong>de</strong> leur<br />

race, qui leur disputèrent avec succès les terres impériales vacantes. L’Empire<br />

agonisant avait imaginé, conformément aux traditions artificieuses <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

diplomatie romaine, <strong>de</strong> les m<strong>et</strong>tre aux prises avec leurs voisins les Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong>,<br />

les plus romains <strong><strong>de</strong>s</strong> barbares. Ceux-ci étaient d’abord venus s’établir entre les<br />

A<strong>la</strong>mans <strong>et</strong> les Francs, sur <strong>la</strong> rive gauche du Rhin. Plus tard, l’Empire les avait<br />

rapprochés <strong>de</strong> lui en les établissant dans <strong>la</strong> Sapaudie, le long du Rhône <strong>et</strong> au<br />

pied <strong><strong>de</strong>s</strong> Alpes. Là, ils servirent <strong>de</strong> boulevard à l’Italie menacée, <strong>et</strong> ils ne<br />

<strong>la</strong>issèrent pas <strong>de</strong> gêner singulièrement leurs remuants voisins, à qui ils<br />

parvinrent même à enlever plusieurs cités3.<br />

Du côté du sud, ce fut <strong>la</strong> monarchie ostrogothique <strong>de</strong> Théodoric le Grand qui<br />

<strong>de</strong>vint <strong>la</strong> barrière. Lorsque le vainqueur d’Odoacre eut pris pied dans les belles<br />

p<strong>la</strong>ines <strong>de</strong> <strong>la</strong> haute Italie, les A<strong>la</strong>mans comprirent que leur rôle était fini <strong>de</strong> ce<br />

côté. Adieu les <strong><strong>de</strong>s</strong>centes foudroyantes dans ces grasses contrées, <strong>et</strong> les<br />

tournées triomphales d’où l’on revenait, couronné <strong>de</strong> gloire <strong>et</strong> chargé <strong>de</strong> butin !<br />

Il fallut refluer vers le nord. Mais, là aussi, <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce était prise. Les Francs<br />

s’étaient répandus le long du Rhin <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Moselle : ils n’entendaient pas se<br />

<strong>la</strong>isser dépossé<strong>de</strong>r <strong>de</strong> foyers qu’ils avaient ach<strong>et</strong>és au prix <strong>de</strong> leur sang. La lutte<br />

fut vive <strong>et</strong> acharnée, <strong>et</strong> si l’histoire en a oublié le souvenir, on peut dire que le<br />

sol en a gardé les traces. Partout, sur les hauteurs <strong>de</strong> l’Eifel, dans <strong>la</strong> vallée <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

1 S. Ambroise, De Obitu Valentiniani, 4 <strong>et</strong> 22.<br />

2 Eugippius, Vita S. Severini, c. 19 ; Vita S. Lupi, Act. Sanct., t. VII, 19 juill<strong>et</strong>, p. 70 ; cf.<br />

von Schubert, Die Unterwerfung <strong>de</strong>r A<strong>la</strong>mannen unter die Franken, p. 19.<br />

3 Binding, Das Burgundisch-Romanische Königreich, pp. 103-108.

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