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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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V. — LA CONVERSION DE CLOVIS.<br />

L’extension prodigieuse qu’avait prise en quelques années le p<strong>et</strong>it royaume <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Saliens l’avait mis en contact avec tous les peuples qui se partageaient <strong>la</strong> Gaule.<br />

Grâce à <strong>la</strong> conquête <strong>de</strong> Verdun <strong>et</strong> d’une partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> Belgique première, il était<br />

<strong>de</strong>venu le voisin <strong><strong>de</strong>s</strong> A<strong>la</strong>mans, <strong>et</strong> une lutte avec c<strong>et</strong>te nation belliqueuse était<br />

imminente. Elle éc<strong>la</strong>ta en 496.<br />

Les A<strong>la</strong>mans1 avaient été <strong>de</strong>puis le troisième siècle, avec les Francs, les plus<br />

redoutables adversaires <strong>de</strong> l’Empire, <strong>et</strong> c’étaient leurs assauts combinés qui<br />

avaient brisé sa force <strong>de</strong> résistance. C’était à qui <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux peuples porterait<br />

les plus ru<strong><strong>de</strong>s</strong> coups à l’ennemi commun. Les A<strong>la</strong>mans y m<strong>et</strong>taient une fougue <strong>et</strong><br />

un acharnement incomparables. Comme <strong><strong>de</strong>s</strong> essaims furieux, ils passaient le<br />

Rhin tous les ans, <strong>et</strong> venaient désoler les provinces <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule. Pendant tout le<br />

quatrième siècle, les empereurs eurent sur les bras <strong>la</strong> lutte contre leurs tribus<br />

toujours renaissantes, <strong>et</strong> <strong>la</strong> guerre alémanique se dérou<strong>la</strong> parallèlement à <strong>la</strong><br />

guerre franque, avec les mêmes péripéties <strong>et</strong> les mêmes épuisements. Plus à<br />

portée du regard <strong><strong>de</strong>s</strong> historiens romains, les envahisseurs a<strong>la</strong>mans ont même<br />

pris, dans les annales <strong>de</strong> l’Empire, une p<strong>la</strong>ce particulièrement en vue. Les écrits<br />

du temps sont pleins <strong><strong>de</strong>s</strong> noms <strong>de</strong> leurs chefs, qui portaient l’épouvante jusqu’au<br />

fond <strong><strong>de</strong>s</strong> provinces. L’histoire doit une mention spéciale à ce vail<strong>la</strong>nt Chnodomar,<br />

le monarque aux bras musculeux <strong>et</strong> à <strong>la</strong> taille gigantesque, qui apparaissait à <strong>la</strong><br />

tête <strong><strong>de</strong>s</strong> siens, monté sur un cheval écumant, <strong>et</strong> agitant sur sa tète un panache<br />

couleur <strong>de</strong> f<strong>la</strong>mme, pendant que <strong>de</strong>ux cents guerriers <strong>de</strong> choix, qui composaient<br />

sa gar<strong>de</strong> du corps, combattaient autour <strong>de</strong> lui, prêts à le suivre dans <strong>la</strong> victoire,<br />

dans <strong>la</strong> prison ou dans <strong>la</strong> mort2. Des flots <strong>de</strong> sang alémanique inondèrent les<br />

provinces envahies ; <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers d’A<strong>la</strong>mans succombèrent tous les ans sur le sol<br />

gaulois dans <strong><strong>de</strong>s</strong> batailles meurtrières. Dans celle <strong>de</strong> Strasbourg, en 354, ils<br />

combattirent au nombre <strong>de</strong> trente-cinq mille, sous <strong>la</strong> conduite <strong>de</strong> sept rois <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

dix princes royaux, <strong>et</strong> ils <strong>la</strong>issèrent cinq mille <strong><strong>de</strong>s</strong> leurs sur le carreau3. A<br />

Châlons-sur-Marne, en 367, le brave Jovin leur infligea un désastre non moins<br />

cuisant4. Enfin, à Colmar, en 374, leur armée, qui comptait quarante mille<br />

<strong>hommes</strong> selon les uns, soixante-dix mille selon les autres, fut entièrement<br />

exterminée, <strong>et</strong> tout au plus cinq mille trouvèrent leur salut dans <strong>la</strong> fuite5. Mais,<br />

chaque fois, <strong>la</strong> nation, qui semb<strong>la</strong>it anéantie, revenait à <strong>la</strong> charge, nombreuse<br />

comme si elle était restée intacte pendant <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles, ar<strong>de</strong>nte comme si elle<br />

n’avait jamais connu <strong>la</strong> défaite6. Devenus les maîtres, après une lutte acharnée,<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> trouée <strong>de</strong> l’Entre-Rhin-<strong>et</strong>-Danube, que ne protégeait plus le Limes tombé<br />

en ruines, les A<strong>la</strong>mans se répandirent dans <strong>la</strong> belle <strong>et</strong> riante contrée que les<br />

Romains appe<strong>la</strong>ient les Champs Décumates, ils entrèrent victorieux dans <strong>la</strong><br />

1 Sur les A<strong>la</strong>mans il faut lire : Zeuss, Die Deutschen und die Nachbarstämme, Munich,<br />

1837 ; Geschichte <strong>de</strong>r A<strong>la</strong>mannen und Franken bis zur Gründung <strong>de</strong>r fränkischen<br />

Monarchie durch König Chlodwig, Sulzbach, 1840 ; Merkel, De republica A<strong>la</strong>mannorum,<br />

1849 ; von Schubert, Die Unterwerfung <strong>de</strong>r A<strong>la</strong>mannen unter die Franken, Strasbourg,<br />

1884.<br />

2 Ammien Marcellin, XVI, 12.<br />

3 Id., l. c.<br />

4 Id., XXVII, 2.<br />

5 Id., XXXI, 10.<br />

6 Id., XXVIII, 5, 9.

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