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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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C’est là, dans le voisinage d’une église Saint Pierre mentionnée par d’anciens<br />

textes, que le roi <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs passa les <strong>de</strong>rniers jours <strong>de</strong> son catéchuménat1.<br />

Bien que déchue alors <strong>de</strong> <strong>la</strong> splen<strong>de</strong>ur qui l’entourait à l’époque romaine, <strong>la</strong><br />

métropole <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième Belgique restait une <strong><strong>de</strong>s</strong> plus belles villes du royaume<br />

franc. Le vaste ovale <strong>de</strong> son enceinte muraillée, qui datait du troisième siècle<br />

finissant, englobait le centre <strong>et</strong> <strong>la</strong> partie <strong>la</strong> plus considérable <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité primitive,<br />

Elle était percée <strong>de</strong> quatre portes correspondant à <strong>de</strong>ux gran<strong><strong>de</strong>s</strong> rues qui se<br />

coupaient à angles droits, <strong>et</strong> ornée, à ses extrémités méridionale <strong>et</strong><br />

septentrionale, <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux arcs <strong>de</strong> triomphe dont le <strong>de</strong>rnier est encore <strong>de</strong>bout<br />

aujourd’hui. Son amphithéâtre, ses thermes opulents, fondés par Constantin le<br />

Grand, les riantes vil<strong>la</strong>s disséminées dans ses environs, en un mot, tout ce que<br />

ne protégeait pas l’enceinte rétrécie élevée sous Dioclétien avait souffert<br />

cruellement pendant les désordres <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>rniers siècles2. Toutefois, une<br />

florissante série <strong>de</strong> basiliques chrétiennes, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

ville, <strong>la</strong> conso<strong>la</strong>it <strong>de</strong> ses revers <strong>et</strong> était pour elle le gage <strong>de</strong> jours meilleurs.<br />

Depuis que <strong>la</strong> paix avait été rendue à l’Église, les tombeaux <strong><strong>de</strong>s</strong> saints <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

martyrs <strong>de</strong> Reims, alignés le long <strong>de</strong> <strong>la</strong> voie Césarée, qui, sortait <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville par <strong>la</strong><br />

porte du sud3, s’étaient transformés en opulents sanctuaires où les fidèles se<br />

comp<strong>la</strong>isaient à multiplier les témoignages <strong>de</strong> leur piété. Là se dressait Saint-<br />

Sixte, <strong>la</strong> plus ancienne cathédrale <strong>de</strong> Reims, élevée sur le tombeau <strong>de</strong> son<br />

premier pasteur. Voisine <strong>de</strong> Saint-Sixte, l’église dédiée aux martyrs Timothée <strong>et</strong><br />

Apollinaire gardait <strong><strong>de</strong>s</strong> souvenirs chers à <strong>la</strong> dévotion <strong>et</strong> au patriotisme <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Rémois. Saint-Martin, non loin <strong>de</strong> là, surgissait entouré d’hypogées chrétiens<br />

remplis <strong>de</strong> peintures murales symboliques, dans le style <strong>de</strong> celles qu’on r<strong>et</strong>rouve<br />

dans les catacombes <strong>de</strong> Rome4. De l’autre côté <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaussée, <strong>et</strong> presque en<br />

face <strong>de</strong> ce groupe, l’œil était attiré d’abord par Saint-Agricole, bâti au quatrième<br />

siècle par l’illustre préf<strong>et</strong> Jovin ; là se trouvait le beau sarcophage en marbre<br />

b<strong>la</strong>nc <strong>de</strong> ce grand homme <strong>de</strong> guerre, <strong>et</strong> aussi celui <strong>de</strong> saint Nicaise, l’évêque<br />

martyr du cinquième siècle, substitué plus tard à saint Agricole dans le patronage<br />

<strong>de</strong> ce sanctuaire. A côté <strong>de</strong> Saint-Agricole était Saint-Jean, qui avait été<br />

probablement le baptistère <strong>de</strong> Reims à l’époque où Saint-Sixte en était <strong>la</strong><br />

cathédrale, <strong>et</strong> Saint-Celsin, p<strong>la</strong>cé plus tard sous l’invocation <strong>de</strong> sainte Balsamie.<br />

Enfin, en arrière du premier groupe <strong>et</strong> en s’éloignant <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaussée, on voyait<br />

encore, au milieu <strong><strong>de</strong>s</strong> tombeaux, un mo<strong><strong>de</strong>s</strong>te oratoire dédié à saint Christophe,<br />

auquel était réservé l’honneur d’abriter les cendres <strong>de</strong> saint Remi. Ce grandiose<br />

ensemble d’édifices religieux avait poussé, comme <strong><strong>de</strong>s</strong> fleurs suaves, sur les<br />

tombes <strong><strong>de</strong>s</strong> martyrs <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> confesseurs ; les fidèles étaient venus grouper leurs<br />

habitations à l’ombre <strong>de</strong> leurs murailles vénérées, <strong>et</strong> une secon<strong>de</strong> Reims,<br />

entièrement chrétienne, avait surgi en <strong>de</strong>hors <strong>et</strong> à côté <strong>de</strong> <strong>la</strong> vieille cité romaine.<br />

Au surplus, l’intérieur <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville s’était lui-même enrichi, <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> fin <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

persécutions, <strong>de</strong> plusieurs nobles monuments, qui racontaient les triomphes <strong>de</strong><br />

l’Église <strong>et</strong> <strong>la</strong> foi <strong><strong>de</strong>s</strong> fidèles. Dès 314, l’évêque Bétause y avait bâti l’église <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Saints-Apôtres, qui s’appe<strong>la</strong> plus tard Saint-Symphorien, <strong>et</strong>, dans les premières<br />

1 Jubaru, l. c., p. 331. Malgré l’érudition <strong>et</strong> <strong>la</strong> sagacité déployées par M. Louis Demaison<br />

dans <strong>la</strong> dissertation dont il a bien voulu enrichir <strong>la</strong> première édition <strong>de</strong> ce volume, pour<br />

établir que Clovis a habité le pa<strong>la</strong>is archiépiscopal situé près <strong>de</strong> <strong>la</strong> cathédrale, je n’ai pu<br />

résister à <strong>la</strong> force <strong>de</strong> l’argumentation du P. Jubaru.<br />

2 L. Demaison, les Thermes <strong>de</strong> Reims (Travaux <strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong> Reims, t. LXXV, année<br />

1883).<br />

3 C’est aujourd’hui <strong>la</strong> rue du Barbâtre.<br />

4 Leb<strong>la</strong>nt, Inscriptions chrétiennes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule, t. I, p. 448.

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