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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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<strong><strong>de</strong>s</strong> frontières dont Arras, Famars, Tongres, An<strong>de</strong>rnach, marquaient les <strong>de</strong>rniers<br />

postes fortifiés du côté du Nord. Cologne était perdue, <strong>et</strong>, maîtres <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux rives<br />

du Rhin, les Francs se tendaient <strong>la</strong> main <strong>de</strong>puis les côtes <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer jusqu’à <strong>la</strong><br />

forêt Hercynienne. Eux seuls avaient profité <strong>de</strong> l’invasion : elle Ies avait<br />

violemment secoués, mais elle avait brisé les liens qui les attachaient à l’Empire,<br />

<strong>et</strong> elle avait mis à leur disposition les provinces sans maîtres abandonnées par<br />

les aigles romaines.<br />

Mais il est dans les <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées <strong><strong>de</strong>s</strong> peuples naissants <strong>de</strong> s’avancer vers l’avenir à<br />

tâtons, dans les ténèbres qui couvrent leur crépuscule matinal. A peine<br />

débarrassés du joug, <strong>et</strong> loin d’apprécier l’avenir qui s’ouvraient <strong>de</strong>vant eux, les<br />

Francs s’attachèrent immédiatement aux premiers aventuriers qui vou<strong>la</strong>ient<br />

prendre le titre impérial, comme si le mon<strong>de</strong> barbare, pas plus que le romain, ne<br />

pouvait se passer d’empereur. Ils accueillirent d’abord un soldat <strong>de</strong> fortune dont<br />

le principal mérite était <strong>de</strong> porter le grand nom <strong>de</strong> Constantin, <strong>et</strong> qui, après<br />

s’être fait proc<strong>la</strong>mer en Gran<strong>de</strong>-Br<strong>et</strong>agne, passa sur le continent en 407. Il rallia<br />

autour <strong>de</strong> lui ce qui restait <strong>de</strong> garnisons romaines <strong>et</strong> d’auxiliaires barbares ; il<br />

renouve<strong>la</strong>, parait-il, les traités avec les Francs, <strong>et</strong> il choisit parmi eux <strong>de</strong>ux <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

plus hauts dignitaires <strong>de</strong> son armée, Nebiogast <strong>et</strong> Edobinc1. Mais <strong>la</strong> carrière <strong>de</strong><br />

Constantin fut aussi rapi<strong>de</strong> qu’agitée. Trahi par Gerontius, son lieutenant,<br />

assiégé dans Arles par le général romain Constance, il fit un suprême appel aux<br />

Francs, <strong>et</strong> Edobinc partit pour aller lever <strong>de</strong> nouveaux contingents parmi ses<br />

compatriotes. Le lieutenant <strong>de</strong> l’usurpateur fut assailli <strong>et</strong> mis en déroute par<br />

Constance avant d’avoir pu opérer sa jonction avec son chef, <strong>et</strong> il périt dans <strong>la</strong><br />

fuite. Constantin, abandonné <strong>de</strong> tout le mon<strong>de</strong>, tomba aux mains d’Honorius, qui<br />

le fit m<strong>et</strong>tre à mort (411). Un autre aventurier, du nom <strong>de</strong> Jovin, se fit alors<br />

proc<strong>la</strong>mer à Mayence, <strong>et</strong> chercha lui aussi son point d’appui chez les Francs <strong>et</strong> les<br />

autres barbares. Mais Jovin ne put tenir que jusqu’en 413, <strong>et</strong> périt à son tour<br />

sous les coups <strong><strong>de</strong>s</strong> Visigoths, qui envoyèrent sa tète <strong>et</strong> celle <strong>de</strong> son frère<br />

Sébastien à Honorius. L’autorité <strong>de</strong> l’empereur <strong>de</strong> Ravenne fut ainsi rétablie dans<br />

le sud <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule, grâce à une coûteuse alliance avec le peuple qui avait pillé<br />

Rome ; mais elle n’arriva plus même jusqu’à <strong>la</strong> Loire. Pendant plusieurs années,<br />

les villes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule centrale n’obéirent plus à personne, <strong>et</strong> tâchèrent <strong>de</strong> se<br />

gouverner <strong>et</strong> <strong>de</strong> se défendre elles-mêmes ; c’est seulement en 416 que les<br />

efforts d’Exsuperantius les ramenèrent pour quelque temps encore sous l’autorité<br />

romaine2.<br />

On dirait que les Francs avaient voulu attendre les résultats <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière<br />

tentative faite pour conserver en Gaule un gouvernement romain. Lorsqu’il fut<br />

avéré que les empereurs improvisés dans le Nord étaient au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sous <strong>de</strong> leur<br />

tâche, alors seulement ils commencèrent à reconnaître que c’en était fait <strong>de</strong><br />

l’Empire, <strong>et</strong> à s’adjuger ses dépouilles. Trèves, une première fois éprouvée par<br />

l’invasion <strong>de</strong> 406, tomba entre leurs mains en 4133. Un chroniqueur du septième<br />

siècle raconte qu’elle leur fut livrée par un grand seigneur nommé Lucius, qui<br />

vou<strong>la</strong>it venger l’honneur <strong>de</strong> sa femme indignement outragée par l’empereur<br />

1 Zosime, VI, 2.<br />

2 Zosime, VI, 5. C’est sur ce passage principalement que l’abbé Dubos a échafaudé sa<br />

fameuse thèse d’une confédération armoricaine.<br />

3 Treverorum civitas a Francis direpta incensaque est secunda inruptione. Renatus<br />

Profuturus Frigeridus, dans Grégoire <strong>de</strong> Tours, II, 9.

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