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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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ma<strong>la</strong>isé <strong>de</strong> discerner <strong><strong>de</strong>s</strong> réalités beaucoup moins f<strong>la</strong>tteuses. La sécheresse<br />

même <strong><strong>de</strong>s</strong> notices <strong>et</strong> l’absence <strong>de</strong> toute mention un peu précise attestent<br />

l’embarras <strong><strong>de</strong>s</strong> historiographes, <strong>et</strong> une ligne <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chronique <strong>de</strong> saint Jérôme1,<br />

disant qu’on a combattu contre les Francs avec <strong><strong>de</strong>s</strong> succès divers, montre ce qu’il<br />

faut penser <strong><strong>de</strong>s</strong> uniformes bull<strong>et</strong>ins <strong>de</strong> victoire enregistrés par <strong><strong>de</strong>s</strong> contemporains<br />

moins sincères. Quand ceux-ci nous disent qu’on a fait <strong>la</strong> paix avec les Francs, il<br />

faut entendre par là qu’on a traité avec un ennemi qu’on n’a pas vaincu,<br />

nullement qu’on lui a dicté ses conditions ; personne ne s’y trompera pour peu<br />

qu’il soit habitué au <strong>la</strong>ngage conventionnel <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te époque, Concluons que<br />

l’Empire a dû <strong>la</strong>isser les Francs en possession <strong><strong>de</strong>s</strong> terres qu’ils avaient envahies,<br />

<strong>et</strong> que tout son triomphe sur eux consista à leur faire prom<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> lui fournir <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

soldats2. Les barbares, on l’a vu, ne refusaient jamais un pareil engagement.<br />

Quant au territoire qui dut leur être abandonné, il n’y a pas <strong>de</strong> doute que ce fut<br />

<strong>la</strong> Toxandrie : c’est là, en eff<strong>et</strong>, que nous les trouvons installés à <strong>la</strong> date <strong>de</strong> 358,<br />

<strong>et</strong> l’historien qui mentionne leur établissement dans c<strong>et</strong>te contrée nous apprend<br />

qu’ils y sont déjà <strong>de</strong>puis quelque temps3.<br />

Ce qui confirme singulièrement c<strong>et</strong>te conjecture, c’est qu’au dire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

archéologues, <strong>la</strong> plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> trésors romains enfouis en <strong>pays</strong> f<strong>la</strong>mand datent <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

années qui suivirent le ‘règne <strong>de</strong> Constantin le Grand4. Il en faudrait conclure<br />

que dès c<strong>et</strong>te époque les Francs débordèrent sur toute <strong>la</strong> Belgique<br />

septentrionale, <strong>et</strong> qu’ils se répandirent <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> Campine jusque vers les côtes<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> mer du Nord. Ils durent trouver dans ces régions, à côté <strong><strong>de</strong>s</strong> Saxons qui<br />

occupaient les rivages, ceux <strong>de</strong> leurs compatriotes qui étaient venus s’établir en<br />

Ménapie du temps <strong>de</strong> Carausius, <strong>et</strong> que ni Maximien ni les autres empereurs <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> maison f<strong>la</strong>vienne n’avaient totalement délogés <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te province.<br />

C<strong>et</strong>te secon<strong>de</strong> immigration <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs dans <strong>la</strong> Gaule, qui eut pour conséquence<br />

<strong>la</strong> germanisation définitive <strong>de</strong> <strong>la</strong> Belgique septentrionale, a passé, comme <strong>la</strong><br />

première, à peu près inaperçue <strong><strong>de</strong>s</strong> contemporains, parce qu’ils ne pouvaient pas<br />

en apprécier <strong>la</strong> portée lointaine. Qui leur eût dit que c’était le premier acte d’une<br />

prise <strong>de</strong> possession irrévocable du territoire romain par les héritiers <strong>de</strong> l’Empire ?<br />

Sans doute ils éprouvèrent une certaine humiliation à voir <strong>la</strong> frontière violée<br />

impunément par dés tribus rebelles ; mais l’Empire lui-même, <strong>de</strong>puis plusieurs<br />

générations, n’avait-il pas multiplié les colonies barbares sur sen sol ? C’étaient,<br />

il est vrai, <strong><strong>de</strong>s</strong> vaincus qu’il y avait installés ; mais si les nouveaux venus<br />

acceptèrent,’ comme on peut le croire, l’obligation <strong>de</strong> se soum<strong>et</strong>tre au : service<br />

militaire, on n’aura pas vu une différence essentielle entre l’indépendance <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

1 Saint Jérôme, Chron., l. l. : Vario eventu adversum Francos a Constante pugnatur.<br />

2 Cf. Amédée Thierry, Histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule sous <strong>la</strong> domination romaine, II, p. 211, suivi<br />

par V. Duruy, Hist. <strong><strong>de</strong>s</strong> Romains, VI, p. 223, <strong>et</strong> Richter, Annalen <strong><strong>de</strong>s</strong> Frünkischen Reichs,<br />

I, p. 10. Fauriel, I, pp. 166 <strong>et</strong> suiv., induit en erreur par une fausse citation d’Idatius,<br />

adm<strong>et</strong> l’année 331, mais il ne se trompe que <strong>de</strong> quelques années, <strong>et</strong> rapporte aussi<br />

l’entrée <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs en Gaule au règne <strong>de</strong> Constant, qu’il appelle à tort Constance. V.<br />

encore De<strong>de</strong>rich, Der Frankenbund, p. 113 <strong>et</strong> Lu<strong>de</strong>n, II, p. 165, cité par De<strong>de</strong>rich.<br />

3 Par<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> l’expédition <strong>de</strong> Julien contre les Francs Saliens en 358, Ammien Marcellin<br />

écrit : P<strong>et</strong>it primos omnium Francos, eos vi<strong>de</strong>lic<strong>et</strong> quos consu<strong>et</strong>udo Salios appel<strong>la</strong>vit,<br />

ausos olim in Romano solo apud Toxiandriam locum habitacu<strong>la</strong> sibi figere prælicenter.<br />

XVIII, 8, 3.<br />

4 Aussi les autres médailles romaines qu’on a déterrées jusqu’à présent en F<strong>la</strong>ndre<br />

finissent <strong>la</strong> plupart à Constantin le Grand. De Bast, Recueil d’antiquités, <strong>et</strong>c. (1808), p.<br />

100. — Cf. Heylen, De antiquis Romanorum monumentis in Austriaco Belgio superstitibus<br />

(Mém. <strong>de</strong> l’Acad. <strong>de</strong> Bruxelles, t. IV, 1783), passim.

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