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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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IV. — LA GUERRE DE PROVENCE.<br />

La conquête <strong>de</strong> l’Aquitaine était achevée. Une série d’engagements victorieux<br />

avait fait entrer l’armée coalisée <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong> dans toutes les<br />

capitales <strong><strong>de</strong>s</strong> Visigoths : à Toulouse, à Bor<strong>de</strong>aux <strong>et</strong> à Narbonne. Ils venaient <strong>de</strong><br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>cendre dans <strong>la</strong> vallée du Rhône, <strong>et</strong> d’arrêter leur p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> campagne pour <strong>la</strong><br />

fin <strong>de</strong> l’année 508. Il s’agissait <strong>de</strong> couronner l’expédition par <strong>la</strong> conquête <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Provence, part <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée vraisemb<strong>la</strong>blement aux Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong>, qui avaient<br />

vail<strong>la</strong>mment combattu <strong>et</strong> qui restaient les mains vi<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />

C<strong>et</strong>te part al<strong>la</strong>it être belle, moins par l’étendue territoriale que par <strong>la</strong> valeur<br />

exceptionnelle du site <strong>et</strong> du sol. Dans toute <strong>la</strong> Gaule méridionale, il n’y avait pas<br />

<strong>de</strong> province plus riche <strong>et</strong> plus prospère que l’étroite mais opulente région<br />

comprise entre le Rhône, <strong>la</strong> Durance, les Alpes <strong>et</strong> <strong>la</strong> mer. C’était, sans contredit,<br />

le plus beau fleuron <strong>de</strong> <strong>la</strong> couronne <strong><strong>de</strong>s</strong> Visigoths, qui avaient mis un<br />

acharnement sans bornes à <strong>la</strong> conquérir. Les Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong> se réjouissaient<br />

d’avance à <strong>la</strong> pensée qu’une proie si opulente <strong>et</strong> si longtemps convoitée al<strong>la</strong>it<br />

enfin tomber dans leurs mains. La Provence <strong>de</strong>vait leur ouvrir <strong>la</strong> mer, les m<strong>et</strong>tre<br />

en communication avec toutes les p<strong>la</strong>ges <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Méditerranée</strong>, verser sur leurs<br />

marchés, par le port <strong>de</strong> Marseille, les richesses du mon<strong>de</strong> oriental. C’était un<br />

nouvel avenir qui commençait pour ce peuple, jusque-là resserré dans ses<br />

frontières entre <strong><strong>de</strong>s</strong> voisins jaloux, <strong>et</strong> comme refoulé dans les montagnes <strong>de</strong><br />

l’Helvétie <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Savoie :<br />

A <strong>la</strong> vérité, il y avait encore, sur <strong>la</strong> rive droite du Rhône, quelques villes qui<br />

n’avaient pas ouvert leurs portes aux vainqueurs. De ce nombre était Nîmes, qui<br />

avait fortifié son amphithéâtre <strong>et</strong> qui se préparait à faire une vigoureuse<br />

résistance1, <strong>et</strong> Carcassonne, qui, si l’on en peut croire Procope, abritait <strong>de</strong>rrière<br />

ses hautes murailles les restes du trésor d’A<strong>la</strong>ric2. Le castrum d’Ugernum,<br />

aujourd’hui Beaucaire sur le Rhône, était également occupé par une garnison<br />

visigothique restée en communication, au moyen du fleuve, avec <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> ville<br />

d’Arles, qui était comme le soli<strong>de</strong> verrou mis à <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> <strong>la</strong> Provence menacée3.<br />

On pouvait masquer Nîmes <strong>et</strong> Carcassonne, qui <strong>de</strong>vaient suivre <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée du<br />

reste du <strong>pays</strong> ; mais, pour <strong>de</strong>venir les maîtres <strong>de</strong> <strong>la</strong> belle région qui s’étendait<br />

sur <strong>la</strong> rive gauche, il était indispensable <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre <strong>la</strong> main sur sa métropole.<br />

Somme toute, <strong>la</strong> conquête <strong>de</strong> <strong>la</strong> Provence était une entreprise plus difficile qu’on<br />

ne l’eût pu croire à première vue. Les popu<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> ce <strong>pays</strong> n’avaient pas pour<br />

les Francs l’engouement que manifestaient pour eux les habitants <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux<br />

Aquitaines ; elles n’étaient nullement disposées à les accueillir comme <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

libérateurs, <strong>et</strong> elles ne remuèrent pas à leur approche. Contrée foncièrement<br />

romaine, <strong>la</strong> Provence confondait dans le même mépris tous les barbares ; les<br />

Francs <strong>et</strong> les Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong> lui répugnaient autant que ses maîtres visigoths. Elle<br />

sentait son repos <strong>et</strong> sa félicité troublés par <strong><strong>de</strong>s</strong> guerres dont elle était l’enjeu, <strong>et</strong><br />

elle en vou<strong>la</strong>it aux conquérants qui lui apportaient tant <strong>de</strong> maux. Les Visigoths,<br />

au moins, étaient acclimatés, <strong>et</strong> leurs tracasseries confessionnelles semb<strong>la</strong>ient<br />

1 Ménard, Histoire civile, ecclésiastique <strong>et</strong> littéraire <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Nîmes, Paris, 1744, t. I,<br />

p. 75.<br />

2 Procope, De Bello gothico, I, 12.<br />

3 Vita sancti Cæsarii, I, 15, dans Mabillon, Acta Sanctorum, I, p. 641.

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