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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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ien qu’ils soient les premiers qui l’aient fait redire par l’histoire. Le combat n’eut<br />

pas d’ailleurs les proportions d’une bataille ; ce fut l’engagement d’une seule<br />

légion contre un ennemi <strong>de</strong> forces probablement égales, <strong>et</strong> il ne resta que trois<br />

cents barbares sur le carreau. L’importance <strong>de</strong> <strong>la</strong> victoire a donc été grossie par<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> vainqueurs qui, en fait <strong>de</strong> succès militaires, commençaient à ne plus se<br />

montrer fort exigeants. Du reste, ce ne fut pas <strong>la</strong> seule rencontre <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

campagne : l’historien nous dit en termes formels que les Francs s’étaient<br />

répandus sur toute <strong>la</strong> Gaule. Et quelque exagération qu’il puisse y avoir dans ce<br />

<strong>la</strong>ngage, il faut bien qu’Aurélien ait remporté sur eux d’autres succès encore,<br />

puisque le titre <strong>de</strong> pacificateur <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule lui fut officiellement décerné par<br />

l’empereur Valérien, dans sa l<strong>et</strong>tre au préf<strong>et</strong> <strong>de</strong> Rome1.<br />

On a beaucoup discuté pour savoir quel sens précis attachaient à leur nom<br />

collectif les premiers peuples qui se firent appeler les Francs. La question n’en<br />

est pas une, si nous nous en tenons aux témoignages rendus à une époque où il<br />

était encore possible <strong>de</strong> le savoir. Le mot ne veut pas dire homme libre, comme<br />

on l’a souvent soutenu par erreur ; Franc était une épithète exprimant bien <strong>la</strong><br />

valeur insolente que le barbare considérait comme <strong>la</strong> première qualité <strong>de</strong><br />

l’homme, <strong>et</strong> que nous traduirions le plus exactement en français par le double<br />

adjectif fier <strong>et</strong> hardi. En d’autres termes, les Francs étaient le peuple <strong><strong>de</strong>s</strong> braves2<br />

! Par ce qualificatif qu’ils se donnaient à eux-mêmes, les Istévons semblent avoir<br />

voulu marquer c<strong>et</strong>te exubérance <strong>de</strong> vitalité guerrière qui fermentait dans le sein<br />

<strong>de</strong> leur race, <strong>et</strong> qui al<strong>la</strong>it les m<strong>et</strong>tre pour plusieurs siècles aux prises avec les<br />

maîtres du mon<strong>de</strong>.<br />

Les circonstances qui ont amené l’apparition du nouveau nom <strong><strong>de</strong>s</strong> Istévons ontelles<br />

eu aussi pour résultat <strong>de</strong> resserrer les liens qui les unissaient entre eux ? En<br />

d’autres termes, <strong>la</strong> confédération dont nous n’avons pas trouvé <strong>de</strong> trace chez les<br />

Istévons a-t-elle existé chez les Francs, <strong>et</strong> peut-on considérer l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

peuples groupés sous ce nom comme ayant formé une ligue offensive ou<br />

défensive contre l’autorité romaine ? On l’a tour à tour soutenu <strong>et</strong> contesté,<br />

mais, en l’absence <strong>de</strong> tout témoignage positif, <strong>la</strong> question reste indécise. D’un<br />

côté, nous voyons que <strong><strong>de</strong>s</strong> peuples compris à l’origine dans le groupe <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs<br />

ont plus tard cessé <strong>de</strong> lui appartenir, comme les Bructères <strong>et</strong> les Chauques, que<br />

nous r<strong>et</strong>rouverons parmi les Saxons. De l’autre, les peup<strong>la</strong><strong><strong>de</strong>s</strong> franques, chaque<br />

fois qu’elles sont en lutte avec les Romains, nous donnent le spectacle d’alliances<br />

au moins partielles3. Il faut bien d’ailleurs qu’un puissant principe d’unification<br />

les ait travaillées dès l’origine, puisque, d’une génération à l’autre, nous voyons<br />

que leurs différences nationales vont s’effaçant, <strong>et</strong> que leurs noms distinctifs se<br />

per<strong>de</strong>nt l’un après l’autre dans celui <strong>de</strong> Francs, comme pour attester <strong>la</strong> fusion <strong>de</strong><br />

tous ces p<strong>et</strong>its groupes nationaux en une seule nationalité plus <strong>la</strong>rge <strong>et</strong> plus<br />

compréhensive. A <strong>la</strong> fin du cinquième siècle, il ne restera plus que trois<br />

royaumes francs ; au commencement du sixième, ils se seront fondus en un<br />

seul. Ce grand mouvement <strong>de</strong> concentration ne s’accuse pas moins dans<br />

l’apparition d’un nouveau nom géographique, celui <strong>de</strong> Francia, que <strong>la</strong> carte<br />

routière <strong>de</strong> l’Empire écrit au travers <strong>de</strong> tous les territoires occupés par <strong><strong>de</strong>s</strong> tribus<br />

<strong>de</strong> race franque. Il y a désormais un <strong>pays</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs, comme il y a un peuple<br />

1 Vopiscus, Aurelianus, c. 9.<br />

2 G. Kurth, <strong>la</strong> France <strong>et</strong> les Francs dans <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue politique du moyen âge (Revue <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

questions historiques, t. LVII, pp. 357 <strong>et</strong> suiv.)<br />

3 G. Kurth, <strong>la</strong> France <strong>et</strong> les Francs dans <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue politique du moyen âge, recueil cité,<br />

pp. 359 <strong>et</strong> suiv.

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