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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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avait attaché une l<strong>et</strong>tre. Celle-ci portait qu’ils pouvaient appliquer leurs échelles,<br />

<strong>la</strong> nuit, à l’endroit <strong>de</strong> <strong>la</strong> muraille occupée par le poste juif, <strong>et</strong> s’emparer ainsi <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> ville, à condition que les Israélites échapperaient au pil<strong>la</strong>ge <strong>et</strong> à <strong>la</strong> captivité.<br />

Par malheur pour le traître, il se trouva que l’ennemi recu<strong>la</strong> ses avant-postes<br />

pendant <strong>la</strong> nuit, si bien que, le len<strong>de</strong>main matin, <strong><strong>de</strong>s</strong> Arlésiens qui s’étaient<br />

aventurés au <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’enceinte découvrirent <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre, <strong>et</strong> vinrent en grand émoi<br />

<strong>la</strong> lire au peuple assemblé sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce publique. C<strong>et</strong>te fois, <strong>la</strong> fureur popu<strong>la</strong>ire se<br />

déchargea sur les juifs. Non seulement le coupable paya cher son essai <strong>de</strong>’<br />

trahison ; mais, du coup, toute <strong>la</strong> tribu <strong>de</strong>vint suspecte. Quant à l’accusation<br />

formulée contre saint Césaire, elle tomba, apparemment parce que les juifs en<br />

étaient les plus ar<strong>de</strong>nts fauteurs, <strong>et</strong> que leur trahison présumée <strong>de</strong>venait un<br />

argument en faveur <strong>de</strong> leur victime1.<br />

Cependant le siège traînait en longueur, <strong>et</strong> les souffrances <strong>de</strong> <strong>la</strong> faim<br />

commençaient à se faire sentir dans <strong>la</strong> nombreuse popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, ce qui<br />

montre que l’investissement du côté <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer était aussi étroit que du côté du<br />

fleuve. Enfin, on apprit que du secours arrivait, <strong>et</strong> que les troupes <strong>de</strong> Théodoric<br />

étaient en marche. Un édit <strong>de</strong> ce prince, dont <strong>la</strong> teneur nous est conservée2, les<br />

avait convoquées pour le 22 juin, <strong>et</strong> il est probable que ce fut dans les <strong>de</strong>rnières<br />

journées <strong>de</strong> ce mois, ou dans les premières <strong>de</strong> juill<strong>et</strong>, qu’elles apparurent sous<br />

les remparts <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville affamée.<br />

Pourquoi Théodoric le Grand n’était-il pas intervenu plus tôt ? Après <strong>la</strong> fastueuse<br />

démonstration qu’il avait imaginée pour empêcher l’explosion <strong><strong>de</strong>s</strong> hostilités,<br />

après les menaces peu déguisées qu’il avait fait entendre à Clovis pour le cas où<br />

il s’aviserait d’entrer en campagne, comment avait-il pu <strong>la</strong>isser écraser son<br />

gendre, <strong>et</strong> détruire un royaume qui était pour l’Italie une garantie <strong>de</strong> sécurité ? Il<br />

serait injuste, sans doute, d’expliquer son inaction par un <strong>de</strong> ces calculs<br />

machiavéliques comme celui que Procope lui attribue dans <strong>la</strong> guerre <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong>, <strong>et</strong> dont <strong>la</strong> rumeur popu<strong>la</strong>ire <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs, toujours portés à croire <strong>et</strong> à<br />

dire du mal <strong>de</strong> l’ennemi, ne manqua pas <strong>de</strong> l’accuser c<strong>et</strong>te fois encore3.<br />

Théodoric n’avait pas le moindre intérêt à m<strong>et</strong>tre aux prises A<strong>la</strong>ric <strong>et</strong> Clovis. Sa<br />

politique d’équilibre européen, s’il est permis d’employer c<strong>et</strong>te expression, avait<br />

essentiellement pour but <strong>de</strong> contreba<strong>la</strong>ncer ses royaux confrères les uns par les<br />

autres, pour arriver à maintenir son hégémonie sur tous. Prétendre qu’il fut<br />

séduit par l’idée <strong>de</strong> se faire, presque sans coup férir, sa part <strong><strong>de</strong>s</strong> dépouilles<br />

d’A<strong>la</strong>ric, ce<strong>la</strong> revient toujours à supposer que ce profond politique aurait été<br />

assez mal inspiré pour attirer sur l’Italie, en substituant le voisinage <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs à<br />

celui <strong><strong>de</strong>s</strong> Visigoths, le plus terrible <strong>de</strong> tous les dangers. On ne soutiendra pas<br />

davantage qu’il ait poussé l’amour <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix <strong>et</strong> <strong>la</strong> prédilection pour les solutions<br />

pacifiques jusqu’au point <strong>de</strong> ne pas même bouger après <strong>la</strong> fatale journée <strong>de</strong><br />

Vouillé, car c’était créer une situation contre <strong>la</strong>quelle il ne serait plus possible <strong>de</strong><br />

réagir autrement que par les armes. Pourquoi donc, encore une fois, a-t-il <strong>la</strong>issé<br />

les alliés franchir le Rhône <strong>et</strong> menacer l’Italie elle-même, <strong>et</strong> ne se mit-il en<br />

campagne qu’un an après l’explosion <strong>de</strong> <strong>la</strong> lutte, à un moment où tout pouvait<br />

déjà être perdu ?<br />

La solution du problème doit être cherchée à Byzance, dans les combinaisons <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong>te diplomatie savante qui était restée <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière ressource <strong>de</strong> l’Empire<br />

1 Vita sancti Cæsarii, I, 16, dans Mabillon, I, p. 641.<br />

2 Cassiodore, Variarum, I, 24.<br />

3 Frédégaire, II, 58.

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