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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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l’heure, à quoi se bornent nos informations1. Seulement, comme au bout <strong>de</strong> c<strong>et</strong><br />

intervalle nous trouvons le roi <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs en possession <strong>de</strong> toute <strong>la</strong> Gaule jusqu’à<br />

<strong>la</strong> Loire, nous <strong>de</strong>vons supposer qu’il en aura consacré au moins une partie à faire<br />

<strong>la</strong> conquête <strong>de</strong> ces riches <strong>et</strong> belles provinces.<br />

Deux épiso<strong><strong>de</strong>s</strong> historiques pleins d’intérêt nous ai<strong>de</strong>raient à combler c<strong>et</strong>te vaste<br />

<strong>et</strong> regr<strong>et</strong>table <strong>la</strong>cune, si l’on pouvait écarter tous les scrupules qu’ils éveillent<br />

chez l’historien consciencieux, <strong>et</strong> leur assigner avec quelque certitu<strong>de</strong> <strong>la</strong> date<br />

approximative que nous sommes obligé <strong>de</strong> leur donner dans ce récit. Ces<br />

épiso<strong><strong>de</strong>s</strong> montrent, s’ils sont vrais, que l’entrée du roi franc n’eut pas lieu partout<br />

sans difficulté, <strong>et</strong> que, s’il y eut <strong><strong>de</strong>s</strong> villes qui lui ouvrirent pacifiquement leurs<br />

portes, d’autres lui opposèrent une vive résistance.<br />

De ce nombre fut Paris. C<strong>et</strong>te belle ville, née dans une île <strong>de</strong> <strong>la</strong> Seine, s’était<br />

bientôt sentie à l’étroit dans son berceau, <strong>et</strong> s’était répandue sur les <strong>de</strong>ux rives<br />

en opulentes constructions publiques <strong>et</strong> privées. Mais lorsque les barbares<br />

apparurent, elle se renferma dans l’enceinte <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité, abandonnant à <strong>la</strong><br />

brutalité <strong>de</strong> l’armée ennemie les vil<strong>la</strong>s <strong>et</strong> les sanctuaires <strong>de</strong> ses faubourgs.<br />

Pendant cinq ans, s’il en faut croire un hagiographe2, Clovis se fatigua <strong>de</strong>vant les<br />

murs <strong>de</strong> sa future capitale : Paris ne vou<strong>la</strong>it pas se rendre. Au bout <strong>de</strong> quelque<br />

temps, <strong>la</strong> dis<strong>et</strong>te éc<strong>la</strong>ta, <strong>et</strong> plusieurs habitants moururent <strong>de</strong> faim. Alors sainte<br />

Geneviève, <strong>la</strong> voyante qui avait déjà rassuré ses concitoyens lors <strong>de</strong> l’invasion<br />

d’Atti<strong>la</strong>, se fit pour <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> fois le bon génie <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville menacée. Malgré un<br />

investissement rigoureux, elle parvint à s’échapper en barque sur <strong>la</strong> Seine,<br />

gagna Troyes <strong>et</strong> Arcis-sur-Aube, où elle équipa une flottille <strong>de</strong> ravitaillement, <strong>et</strong><br />

après avoir manqué <strong>de</strong> périr au cours <strong>de</strong> sa navigation, elle rentra en triomphe à<br />

Paris, rapportant d’abondantes provisions qu’elle distribua aux affamés3. Nous ne<br />

savons <strong>de</strong> quelle manière se termina ce siège, mais nous avons le droit <strong>de</strong><br />

supposer que l’influence pacifiante <strong>de</strong> <strong>la</strong> sainte n’est pas restée étrangère au<br />

pacte qui l’aura enfin cédée à Clovis. L’immense popu<strong>la</strong>rité dont elle ne cessa <strong>de</strong><br />

jouir, à partir <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te époque, en est un indice assez éloquent. Paris resta<br />

reconnaissant à <strong>la</strong> mémoire <strong>de</strong> Geneviève, il en a fait sa patronne <strong>et</strong> a oublié<br />

pour elle le sophiste couronné <strong>de</strong> Lutèce : c’est dans ses mauvais jours<br />

seulement qu’il se détourne <strong>de</strong> <strong>la</strong> vierge <strong>de</strong> Nanterre pour reprendre les<br />

traditions <strong>de</strong> Julien l’Apostat.<br />

Pendant que, protégée par les <strong>de</strong>ux bras <strong>de</strong> son beau fleuve <strong>et</strong> par sa vieille<br />

enceinte romaine, <strong>la</strong> capitale <strong>de</strong> <strong>la</strong> France inaugurait <strong>la</strong> série <strong><strong>de</strong>s</strong> sièges<br />

mémorables qu’elle a soutenus, les Francs achevaient <strong>la</strong> conquête <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule<br />

située au nord <strong>de</strong> <strong>la</strong> Seine. Du côté <strong>de</strong> l’est, ils s’étendaient jusqu’à <strong>la</strong> première<br />

Belgique, où Verdun, sur <strong>la</strong> Meuse, tombait dans leurs mains après une longue<br />

résistance. Il est intéressant <strong>de</strong> constater que l’évêque <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te ville était<br />

mourant lorsque les Francs arrivèrent, <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te lutte inutile trouve peut-être son<br />

explication dans l’absence <strong>de</strong> ce négociateur autorisé. Au dire d’un vieil<br />

hagiographe, l’armée franque aurait déployé à c<strong>et</strong>te occasion toutes les<br />

ressources <strong>de</strong> <strong>la</strong> poliorcétique <strong>la</strong> plus savante. Du haut <strong><strong>de</strong>s</strong> murs, les assiégés<br />

virent l’investissement <strong>de</strong> leur ville progresser tous les jours, jusqu’à ce que les<br />

1 Multa bel<strong>la</strong> victuriasque fecit. Grégoire <strong>de</strong> Tours, II, 27.<br />

2 Vita sanctæ Genovefæ, VII, 33 (Kohler) : Tempore igitur quo obsidionem Parisius<br />

quinos per annos ut aiunt perpessa est a Francis. Quelques manuscrits portent per bis<br />

quinos annos ; mais un siège <strong>de</strong> cinq ans est déjà bien difficile à adm<strong>et</strong>tre. V. Kohler, pp.<br />

85 <strong>et</strong> ss.<br />

3 Vita sanctæ Genovefæ, II, 7 (Kohler).

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