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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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<strong>de</strong> son embouchure1. Ils écumaient <strong>la</strong> mer, ils ravageaient <strong>la</strong> terre ; ils étaient<br />

dès lors, pour <strong>la</strong> civilisation expirante, le fléau que furent les Normands pour <strong>la</strong><br />

jeune société du neuvième siècle. Ce fut sans doute à l’instigation <strong>de</strong> Ricimer<br />

qu’ils vinrent se j<strong>et</strong>er dans les f<strong>la</strong>ncs d’Ægidius, <strong>et</strong> menacer, avec leur chef<br />

Odoacre, l’importante position d’Angers (463). Ægidius voulut parer le coup. Par<strong><strong>de</strong>s</strong>sus<br />

<strong>la</strong> tête <strong>de</strong> Ricimer, il ouvrit <strong><strong>de</strong>s</strong> négociations avec Genséric, à qui sa<br />

situation exceptionnelle donnait dans tous les débats européens le rôle d’un<br />

arbitre tout-puissant. Il dut en coûter à l’ancien fidèle <strong>de</strong> Majorien <strong>de</strong> tendre <strong>la</strong><br />

main à ces mêmes ennemis qui avaient brisé le cœur <strong>de</strong> son maître avant qu’il<br />

succombât sous le poignard d’un assassin. Mais <strong>la</strong> politique a ses lois<br />

impérieuses, qui ne tiennent pas compte <strong><strong>de</strong>s</strong> sentiments. La mort, d’ailleurs,<br />

dispensa Ægidius d’aller jusqu’au bout <strong>de</strong> son sacrifice <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir l’ami <strong>de</strong><br />

Genséric. Une ma<strong>la</strong>die contagieuse, qui se déc<strong>la</strong>ra au milieu <strong>de</strong> ces contrées<br />

empestées par les champs <strong>de</strong> bataille, l’emporta au mois d’octobre <strong>de</strong> l’année<br />

464, <strong>et</strong> quand ses ambassa<strong>de</strong>urs revinrent d’Afrique avec <strong>la</strong> réponse du roi <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Vandales, ils ne le trouvèrent plus2. Les siens le pleurèrent : ils vantaient, avec<br />

ses talents militaires, sa piété <strong>et</strong> les bonnes œuvres qui le rendaient agréable à<br />

Dieu3, <strong>et</strong> ils se souvenaient que saint Martin lui-même, invoqué par lui, était<br />

venu un jour m<strong>et</strong>tre en fuite les ennemis qui l’assiégeaient4.<br />

On connaîtrait mal le rôle d’Ægidius <strong>et</strong> on se ferait une idée bien insuffisante <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> situation, si on se le figurait comme le défenseur <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule ralliée tout<br />

entière autour <strong>de</strong> lui. Il y avait longtemps que <strong>la</strong> Gaule était désabusée du rêve<br />

impérial. Tout le mon<strong>de</strong> avait le sentiment qu’il ne fal<strong>la</strong>it plus attendre <strong>de</strong><br />

l’Empire le salut <strong>de</strong> ce <strong>pays</strong>. On revenait d’instinct au gouvernement local, à<br />

l’organisation spontanée <strong>de</strong> <strong>la</strong> défense <strong><strong>de</strong>s</strong> intérêts par les intéressés. Partout<br />

s’ébauchaient <strong><strong>de</strong>s</strong> états municipaux visant à l’indépendance, <strong>et</strong> qui semb<strong>la</strong>ient<br />

<strong>de</strong>voir aboutir à une espèce <strong>de</strong> fédération défensive <strong><strong>de</strong>s</strong> provinces gauloises. Le<br />

mouvement séparatiste <strong>de</strong> 409, apaisé en 416, avait repris <strong>de</strong> plus belle en 435,<br />

à <strong>la</strong> voix d’un agitateur nommé Tibaton, qui avait ressuscité les jacqueries du<br />

troisième siècle5. Ce mouvement fut réprimé par <strong>la</strong> défaite <strong>et</strong> <strong>la</strong> mort <strong>de</strong><br />

l’agitateur ; mais, peu après, les cités du nord <strong>de</strong> <strong>la</strong> Loire recommencèrent à se<br />

remuer.<br />

Aétius, dans son désespoir <strong>de</strong> porter remè<strong>de</strong> à ces troubles toujours renaissants,<br />

ne trouva rien <strong>de</strong> mieux que <strong>de</strong> confier <strong>la</strong> répression <strong><strong>de</strong>s</strong> rebelles aux A<strong>la</strong>ins,<br />

peup<strong>la</strong><strong>de</strong> féroce qu’il établit dans <strong>la</strong> vallée <strong>de</strong> <strong>la</strong> Loire, sur les confins <strong>de</strong> l’Anjou.<br />

On vit alors, à <strong>la</strong> voix du généralissime <strong><strong>de</strong>s</strong> Gaules, ces hor<strong><strong>de</strong>s</strong> barbares<br />

1 Sur l’emp<strong>la</strong>cement <strong>de</strong> ces îles, voir Pétigny, Etu<strong><strong>de</strong>s</strong>, II, p. 237 ; Longnon, Géographie<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule au VIe siècle, p. 173 ; Monod, p. 15, note 1 <strong>de</strong> sa traduction <strong>de</strong> Junghans. Ce<br />

<strong>de</strong>rnier hésite ; quant à Lœbell, Gregor von Tours, p. 548, il pense aux îles situées au<br />

sud <strong>de</strong> <strong>la</strong> Br<strong>et</strong>agne.<br />

2 Magna tunc lues populum <strong>de</strong>vastavit. Mortuus est autem Ægidius. Grégoire <strong>de</strong> Tours,<br />

II, 18. — Ægidius moritur, alii dicunt insidiis, alii veneno <strong>de</strong>ceptus. Idacius, 228<br />

(Mommsen). Il faut remarquer que Grégoire <strong>de</strong> Tours, qui probablement a reproduit ici<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Annales d’Angers, est beaucoup mieux renseigné qu’Idacius. Ce <strong>de</strong>rnier écrit à<br />

distance <strong>et</strong> d’après <strong>la</strong> rumeur popu<strong>la</strong>ire ; l’alternative même qu’il formule montre le<br />

vague <strong>de</strong> ses renseignements.<br />

3 Idacius, Chronic., 218 : virum <strong>et</strong> fama commendatum <strong>et</strong> Deo bonis operibus<br />

comp<strong>la</strong>centem.<br />

4 S. Paulin <strong>de</strong> Nole, Vita S. Martini, VI, 114, <strong>et</strong> d’après lui Grégoire <strong>de</strong> Tours, Virt. Mart.,<br />

I, 2.<br />

5 Prosper.

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