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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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LIVRE DEUXIÈME.<br />

I. — L’ÉGLISE DES GAULES.<br />

Lorsque, après plusieurs siècles <strong>de</strong> combats opiniâtres, les barbares pénétrèrent<br />

enfin dans ce mon<strong>de</strong> civilisé dont ils battaient <strong>de</strong>puis si longtemps les portes, ils<br />

eurent à soutenir <strong>de</strong> nouvelles luttes pour lesquelles ils n’étaient pas armés.<br />

Victorieux <strong><strong>de</strong>s</strong> vivants, ils <strong>de</strong>vaient être vaincus par les morts. Rome, se faisant<br />

le spectre <strong>de</strong> ses propres ruines, venait épouvanter <strong>et</strong> égarer les malheureux<br />

envahisseurs. Avec c<strong>et</strong> ascendant prodigieux qu’elle gardait sur toutes les<br />

imaginations, elle troub<strong>la</strong>it <strong>la</strong> tête <strong><strong>de</strong>s</strong> maîtres nouveaux, les entraînait dans <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

chemins perdus, leur suggérait <strong>de</strong> construire sur <strong><strong>de</strong>s</strong> fon<strong>de</strong>ments crou<strong>la</strong>nts, ou<br />

au milieu <strong><strong>de</strong>s</strong> atmosphères les plus malsaines. Bientôt ils disparaissaient,<br />

empestés par les miasmes ou écrasés sous <strong>la</strong> chute <strong><strong>de</strong>s</strong> fragiles édifices qu’ils<br />

avaient élevés. Ces scènes tragiques ont été pour les <strong>hommes</strong> <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te époque<br />

un spectacle familier. Il semb<strong>la</strong>it que ce fût <strong>la</strong> vengeance <strong>de</strong> l’Empire, sortant <strong>de</strong><br />

sa tombe pour y entraîner à sa suite tous les peuples qui avaient mené ses<br />

funérailles. L’un après l’autre, ils ne mirent les pieds dans l’enceinte sinistre que<br />

pour y être immolés aux mânes <strong><strong>de</strong>s</strong> Césars.<br />

Les Francs toutefois échappèrent à c<strong>et</strong>te <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée. Au seuil du mon<strong>de</strong> romain<br />

détruit, ils rencontrèrent un génie bienveil<strong>la</strong>nt qui les prit par <strong>la</strong> main, <strong>et</strong> qui les<br />

guida à travers les ruines <strong><strong>de</strong>s</strong> cités. Il prononça les paroles magiques qui les<br />

protégeaient contre le r<strong>et</strong>our <strong><strong>de</strong>s</strong> spectres irrités ; il les écarta <strong><strong>de</strong>s</strong> endroits<br />

empestés où achevaient <strong>de</strong> se corrompre les cadavres ; il leur apprit à ne<br />

considérer les monuments qui crou<strong>la</strong>ient autour d’eux que comme <strong><strong>de</strong>s</strong> matériaux<br />

pour construire <strong><strong>de</strong>s</strong> édifices plus durables. En leur montrant le parti qu’ils<br />

pouvaient tirer <strong>de</strong> ce qui restait <strong>de</strong> <strong>la</strong> civilisation romaine, il leur enseigna l’art <strong>de</strong><br />

s’en passer. Ce génie, c’était l’Église catholique. Elle seule, au milieu <strong>de</strong><br />

l’affolement universel <strong><strong>de</strong>s</strong> civilisés <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’erreur grossière <strong><strong>de</strong>s</strong> barbares, elle<br />

gardait une c<strong>la</strong>ire conscience d’elle-même, se rendait compte <strong><strong>de</strong>s</strong> misères du<br />

passé <strong>et</strong> entrevoyait les formes naissantes <strong>de</strong> l’avenir. Il est donc essentiel <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

connaître telle qu’elle était, au moment où al<strong>la</strong>it avoir lieu sa rencontre<br />

provi<strong>de</strong>ntielle avec le peuple <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs.<br />

Le nord <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule a tout reçu <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule méridionale : le christianisme comme<br />

le reste. On peut dire que pendant <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles, <strong>la</strong> vie sociale <strong>de</strong> <strong>la</strong> Belgique <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>de</strong>ux Germanies a été <strong>la</strong> copie affaiblie <strong>de</strong> celle qui florissait dans <strong>la</strong> Narbonnaise<br />

<strong>et</strong> dans <strong>la</strong> Viennoise. De même quo dans le midi, les villes étaient plus<br />

nombreuses <strong>et</strong> plus gran<strong><strong>de</strong>s</strong>, l’opulence plus répandue, <strong>la</strong> vie publique plus<br />

animée, <strong>la</strong> splen<strong>de</strong>ur <strong><strong>de</strong>s</strong> l<strong>et</strong>tres <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> arts plus éc<strong>la</strong>tante, <strong>de</strong> même, dans le<br />

nord, l’Église était moins, organisée, ses diocèses plus étendus, ses fidèles plus<br />

éparpillés, ses institutions moins achevées, son influence moins ancienne <strong>et</strong><br />

moins fécon<strong>de</strong>. Pour <strong>la</strong> civilisation chrétienne comme pour <strong>la</strong> civilisation païenne,<br />

les prototypes étaient dans le midi, <strong>et</strong> c’est du midi que rayonnait toute culture<br />

sur les marécages <strong>de</strong> <strong>la</strong> Batavie <strong>et</strong> sur les vastes solitu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> l’Ar<strong>de</strong>nne.<br />

De Lyon, où il avait fait comme une première étape, le christianisme s’était<br />

répandu vers le nord, à <strong>la</strong> fois dans <strong>la</strong> direction <strong>de</strong> l’ouest <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’est,<br />

s’affermissant le long <strong><strong>de</strong>s</strong> chaussées dans les villes. On ne peut pas marquer<br />

exactement <strong>la</strong> date <strong>de</strong> son introduction, <strong>et</strong> l’histoire ne nous a gardé aucun

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