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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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aptiser à <strong>la</strong> cour même <strong>de</strong> Clovis. Ce fut l’occasion d’une propagan<strong>de</strong> religieuse<br />

dont une autre sœur <strong>de</strong> Clovis, Lanthil<strong>de</strong>, fut <strong>la</strong> première conquête1. Certes, un<br />

pareil résultat était bien fait pour encourager le clergé arien dans ses efforts<br />

auprès <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs païens, <strong>et</strong> notamment auprès <strong>de</strong> leur roi2. L’arianisme était,<br />

en quelque sorte, le credo national <strong><strong>de</strong>s</strong> Germains. Le catholicisme, professé par<br />

les provinciaux, semb<strong>la</strong>it n’être qu’une religion <strong>de</strong> vaincus. Ne fal<strong>la</strong>it-il pas<br />

craindre que Clovis à son tour, si jamais il reconnaissait <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> se faire<br />

chrétien, n’acceptât que l’Évangile mutilé auquel adhéraient jusqu’alors tous les<br />

peuples barbares, <strong>et</strong> qui était celui <strong>de</strong> son beau-frère Théodoric ?<br />

D’autre part cependant, le cercle <strong><strong>de</strong>s</strong> influences qui <strong>de</strong>vaient enfin pousser Clovis<br />

dans les bras <strong>de</strong> <strong>la</strong> vraie Église se resserrait <strong>de</strong> plus en plus. L’exemple <strong><strong>de</strong>s</strong> rois<br />

barbares, d’ailleurs ses rivaux ou ses adversaires, <strong>et</strong> dans tous les cas éloignés<br />

<strong>de</strong> lui, n’avait pas une force <strong>de</strong> persuasion suffisante pour neutraliser l’action<br />

quotidienne <strong>de</strong> son milieu. Il trouvait les missionnaires catholiques partout : à<br />

son foyer, sous les traits d’une femme aimée ; au <strong>de</strong>hors, dans ses re<strong>la</strong>tions<br />

avec les plus éminents personnages <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule romaine. Il était en partie le<br />

protégé, en partie le, protecteur <strong><strong>de</strong>s</strong> évêques ; il avait sans doute <strong><strong>de</strong>s</strong> re<strong>la</strong>tions<br />

d’amitié avec plus d’un. Parmi les fidèles d’origine gallo-romaine dont il était<br />

entouré, il ne rencontrait que <strong><strong>de</strong>s</strong> catholiques. Et déjà surgissait à côté <strong>de</strong> lui le<br />

grand homme qui <strong>de</strong>vait être, avec Clotil<strong>de</strong>, le principal instrument <strong>de</strong> sa<br />

conversion.<br />

Il est permis <strong>de</strong> croire que saint Remi, archevêque <strong>de</strong> Reims, était dès lors le<br />

confi<strong>de</strong>nt <strong><strong>de</strong>s</strong> espérances <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> préoccupations <strong>de</strong> <strong>la</strong> reine <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs. Depuis <strong>la</strong><br />

mort <strong>de</strong> saint Loup <strong>de</strong> Troyes, qui avait été pendant un <strong>de</strong>mi-siècle le patriarche<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule, ce <strong>pays</strong> n’avait pas, à c<strong>et</strong>te date, un personnage plus éminent, ni le<br />

clergé un dignitaire qui lui fît plus d’honneur que le métropolitain <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième<br />

Belgique. Fils d’une famille noble du <strong>pays</strong> <strong>de</strong> Laon, qui parait avoir été une <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

maisons mitrées <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule septentrionale, Remi avait sans doute fait ses<br />

étu<strong><strong>de</strong>s</strong> littéraires à l’école <strong>de</strong> Reims, qui jouissait d’une vieille célébrité. Les<br />

contemporains vantaient sa science <strong>et</strong> son éloquence : c’était, disaient-ils, un<br />

orateur accompli, possédant toutes les ressources <strong>de</strong> son art, <strong>et</strong> il n’y avait<br />

personne qui l’égalât3. La collection <strong>de</strong> ses discours, rapportée à Clermont par un<br />

amateur qui l’avait ach<strong>et</strong>ée chez un libraire <strong>de</strong> Reims, y excita l’admiration <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

plus fins l<strong>et</strong>trés4, <strong>et</strong> valut à saint Remi une épître dès plus f<strong>la</strong>tteuses <strong>de</strong> Sidoine<br />

Apollinaire. Dans ce curieux document, où s’épanche le style prétentieux <strong>et</strong><br />

maniéré <strong>de</strong> l’époque, Sidoine relève avec une précision pédantesque les<br />

principaux mérites <strong>de</strong> <strong>la</strong> rhétorique <strong>de</strong> déca<strong>de</strong>nce, dont il fait honneur à son<br />

vénérable correspondant5. Mais Remi dépasse <strong>de</strong> toute <strong>la</strong> tête les chétifs l<strong>et</strong>trés<br />

1 Selon von Schubert, o. c., p. 37, Lanthil<strong>de</strong> aurait accompagné sa sœur lors <strong>de</strong> son<br />

mariage en Italie, <strong>et</strong> en serait revenue arienne.<br />

2 Saint Avitus semble faire allusion à c<strong>et</strong>te propagan<strong>de</strong> quand il écrit à Clovis : Vestræ<br />

subtilitatis acrimoniam quorumcumque schismatum sectatores sententiis suis variis<br />

opinione, diversis multitudine, vacuis veritate Christiani nominis visi sunt obumbratione<br />

ve<strong>la</strong>re. S. Avitus, Epistolæ, 36 (41).<br />

3 Non extat ad præsens vivi hominis ratio, quam peritia tua non sine <strong>la</strong>bore transgredi<br />

queat ac superva<strong>de</strong>re. Sidoine Apollinaire, Epistolæ, IX, 7. Erat autem sanctus Remigius<br />

episcopus egregiæ scientiæ <strong>et</strong> r<strong>et</strong>horicis ad primum imbutus studiis. (Grégoire <strong>de</strong> Tours,<br />

II, 31.)<br />

4 Omnium assensu pronuntiatum pauca nunc posse similia dictari. (Sidoine Apollinaire, l.<br />

c.)<br />

5 Id., ibid.

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