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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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monogramme du Christ1. Combien d’autres, dont <strong>la</strong> tombe n’a pas livré le secr<strong>et</strong>,<br />

mais qui, sous <strong>la</strong> tunique du légionnaire, ont confessé le Dieu <strong>de</strong> Mallosus <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

Victor, apportant à l’Évangile, bien <strong><strong>de</strong>s</strong> générations avant Clovis, les prémices <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> nation franque. A vrai dire, tous les barbares qui vendirent leur sang à<br />

l’Empire n’étaient pas chrétiens ; sous les souverains les plus zélés pour<br />

l’Évangile, les armées comptèrent dans leurs rangs, <strong>et</strong> jusque dans les gra<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

supérieurs, un grand nombre d’adorateurs <strong>de</strong> Wodan, qui s’enorgueillissaient <strong>de</strong><br />

ne pas fléchir le genou <strong>de</strong>vant le Dieu <strong>de</strong> César2. Mais ceux-là mêmes<br />

subissaient à leur insu le charme mystérieux que l’Église, par l’intermédiaire <strong>de</strong><br />

ses grands <strong>hommes</strong>, exerçait alors sur les âmes les plus rebelles ; ils se<br />

vantaient d’être les amis <strong><strong>de</strong>s</strong> évêques, <strong>et</strong>, au loin, leurs compatriotes d’outre-<br />

Rhin se persuadaient que c<strong>et</strong>te amitié leur portait bonheur.<br />

On voudrait pénétrer plus avant dans <strong>la</strong> vie cachée <strong>de</strong> ces chrétientés primitives,<br />

dont à peine nous venons <strong>de</strong> signaler les éléments matériels ; on voudrait<br />

s’asseoir à ces foyers domestiques p<strong>la</strong>cés sous <strong>la</strong> protection du Christ, respirer,<br />

en quelque sorte, l’atmosphère <strong>de</strong> ces fidèles, être le témoin <strong>de</strong> leur existence<br />

quotidienne, voir comment l’Évangile était pratiqué par les âmes qui se<br />

réc<strong>la</strong>maient <strong>de</strong> lui. Mais l’histoire est mu<strong>et</strong>te, <strong>et</strong> les tombeaux seuls élèvent leur<br />

voix <strong>de</strong> pierre pour trahir, par les éloges qu’elles décernent aux défunts, <strong>de</strong><br />

quelle manière elles enten<strong>de</strong>nt les <strong>de</strong>voirs <strong><strong>de</strong>s</strong> vivants. Peu importe que ces<br />

éloges soient mérités, ou qu’ils ne soient que <strong><strong>de</strong>s</strong> formules banales ; ce qu’ils<br />

nous apprennent, c’est <strong>la</strong> conception que c<strong>et</strong>te société se faisait <strong>de</strong> l’humanité<br />

régénérée, c’est l’idéal qu’elle assignait à <strong>la</strong> vie, <strong>et</strong> pour lequel il lui semb<strong>la</strong>it<br />

doux <strong>de</strong> mourir.<br />

C<strong>et</strong> idéal, c’était <strong>la</strong> réalisation <strong><strong>de</strong>s</strong> conseils évangéliques. Ils étaient suivis par<br />

l’élite <strong><strong>de</strong>s</strong> âmes chrétiennes bien longtemps avant qu’il existât <strong><strong>de</strong>s</strong> institutions<br />

pour grouper en familles religieuses les amants <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie parfaite. Les marbres <strong>de</strong><br />

Trèves nous ont gardé <strong>la</strong> mémoire d’une jeune religieuse du nom <strong>de</strong> Léa, enlevée<br />

à l’âge <strong>de</strong> vingt-<strong>de</strong>ux ans3, <strong>et</strong> d’une autre, nommée Hi<strong>la</strong>ritas, morte à cinquante<br />

après avoir servi le Seigneur tous les jours <strong>de</strong> sa vie, <strong>et</strong> observé <strong>de</strong> toutes ses<br />

forces les préceptes du Ré<strong>de</strong>mpteur4. Ces servantes du Christ ajoutaient-elles<br />

déjà <strong>la</strong> r<strong>et</strong>raite <strong>et</strong> <strong>la</strong> réclusion à l’existence religieuse qu’elles avaient choisie ?<br />

Nous ne le savons pas, mais il est certain que, dès le quatrième siècle, <strong>la</strong> solitu<strong>de</strong><br />

était pratiquée à Trèves même <strong>et</strong> sous les yeux <strong>de</strong> <strong>la</strong> cour impériale. Saint<br />

Athanase, exilé <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te ville, y avait j<strong>et</strong>é <strong>la</strong> semence <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie monastique, <strong>et</strong> il<br />

y avait <strong>la</strong>issé sa Vie <strong>de</strong> saint Antoine, ce livre dont le charme étrange a gagné<br />

tant d’âmes aux austères joies du sacrifice <strong>et</strong> du renoncement absolu. On y lisait<br />

comment ce saint, à l’aurore d’une vie riche <strong>de</strong> promesses <strong>et</strong> d’espérances, étant<br />

entré un jour dans une église d’Alexandrie, avait entendu lire le texte<br />

évangélique où il est dit : Si vous voulez être parfait, allez, ven<strong>de</strong>z tous vos<br />

biens, distribuez-en le produit aux pauvres, puis venez <strong>et</strong> suivez-moi. C<strong>et</strong>te<br />

parole était <strong><strong>de</strong>s</strong>cendue sur son cœur comme un oracle d’en haut : il s’y était<br />

conformé à <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre <strong>et</strong> sans tar<strong>de</strong>r. Après s’être débarrassé du far<strong>de</strong>au <strong>de</strong> ses<br />

biens temporels qui avaient été sa richesse <strong>et</strong> qui n’étaient plus que sa chaîne, il<br />

était parti pour <strong>la</strong> solitu<strong>de</strong>, <strong>et</strong> là, pendant le reste d’une vie qui dura au <strong>de</strong>là<br />

d’une siècle, seul en présence du ciel dans l’immensité du désert, il mena c<strong>et</strong>te<br />

1 Leb<strong>la</strong>nt, n° 359, t. I, p, 485.<br />

2 Par exemple, au quatrième siècle, le célèbre Arbogast.<br />

3 Leb<strong>la</strong>nt, Inscriptions chrétiennes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule, t. I, numéros 258-259, p. 366.<br />

4 Leb<strong>la</strong>nt, Inscriptions chrétiennes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule, t. I, p. 336.

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